Romain Manci : « La répression ? C’est devenu récurrent. On veut dialoguer, aucun retour des instances »

Nouvel extrait, que nous vous proposons ici, de l’entretien de Romain Manci (UB 87) avec l’équipe de ‘Girondins Analyse’. Le responsable des Ultramarines, parmi d’autres, nous parle donc du contexte sécuritaire, parfois abusif aux yeux de certains, autour du football et des supporters.

http://www.zupimages.net/up/16/08/s8fy.jpg

« La répression ? C’est un évènement marquant et devenu récurrent de la vie des supporters en France, des groupes de supporters, qui sont le plus souvent organisés en association et qui n’ont malheureusement aucun retour des instances. Moi, j’ai parfois eu l’occasion de monter sur Paris, pour rencontrer des dirigeants de la Ligue et du cabinet du Ministère de la Jeunesse et des Sports. Nous, on a toujours tenté de dialoguer, de se faire entendre, nous qui animons les tribunes et nous investissons tous les jours pour faire vivre notre passion. On va au local, et on organise des animations, des déplacements, on veut aller au stade tous les weekends. On sait que ce sont des choses qui évoluent, donc on veut avancer, mais on trouve toujours porte close… Et tous les 3 ou 4 ans le sujet revient. Là, la mode, c’est d’interdire les déplacements, ou de les autoriser mais avec des restrictions, des places limitées et des encadrements énormes. On a de vraies difficultés à pouvoir aller au stade.

http://www.zupimages.net/up/17/27/7sz9.jpg

On est à des années-lumière de ce qui peut se faire en Italie, en Allemagne ou dans d’autres pays européens, là où il y a un vrai dialogue et une vraie culture de l’organisation des supporters. En Allemagne, c’est structuré, ils ont compris depuis longtemps l’intérêt que les associations travaillent avec les clubs, par un responsable sécurité, donc ils se réunissent souvent pour discuter des conditions d’accueil, des tifos, des déplacements. Tout est facilité, car il y a un échange régulier, et pas par communiqués, par interdictions ou par banderoles interposées… On sait que les interdictions et les restrictions sont prises par les Préfectures, qui légifèrent. Souvent, le Préfet, il reçoit un dossier dans la semaine, il voit ‘déplacement de supporters à tel endroit’, donc il pense ‘bagarre’, ‘alcool’, et il raye d’un coup de crayon, il interdit, sans savoir l’historique, sans penser plus loin. Ceux qui font des déplacements savent comment ça se passe : on se réunit, on monte dans le bus, on fait la route, puis à 50 kilomètres du stade il y a une escorte policière qui nous attend. Quand on nous met une interdiction, sous prétexte qu’on ne peut pas gérer 250 personnes, je réponds qu’il y a 10 ans on allait à 800, à 1 000 ou à 1 500 à Nantes, à Toulouse… Et il n’y avait pas de problèmes. Aujourd’hui, ça pose problème, et on voit des choses rigolotes ; entre guillemets, car c’est malheureux ; comme les Toulousains interdits d’aller à Metz alors qu’ils sont amis avec les supporters de Metz. Des supporters locaux ont même récemment eu l’interdiction de se réunir en centre-ville avant un match. Sous prétexte qu’il y a 4 ou 5 ans des supporters du club adverse étaient aussi venus se poser en centre-ville, comme on le fait en déplacement, quand on en a l’opportunité, en allant s’installer en terrasse, entre copains. C’est assez aberrant… »