Jocelyn Gourvennec : « En DH ou en L1, il faut réussir à fédérer, à convaincre, à partager une vision »

Toujours dans son grand entretien livré à Ouest-France, Jocelyn Gourvennec, qui revient à Nantes dans quelques heures, mais comme adversaire, est remonté à la source de ses envies d’entraîner et de sa méthode, qui marche à Bordeaux, comme à Guingamp avant cela.

« Très jeune, je voulais devenir joueur de foot professionnel. Après avoir été joueur, je voulais entraîner. Mes parents étaient enseignants. Mon père était prof de français et ma mère prof d’allemand en lycée, je les voyais investis dans leur métier. C’était une vocation. Je voyais ce côté transmission, pédagogie. Je baignais là-dedans. J’ai fait des études en STAPS, mais je ne voulais pas enseigner. Je voulais me servir de ces études pour avoir un bagage, de meilleures connaissances, des diplômes. J’ai toujours eu ça dans un coin de ma tête. Entraîner, c’était une évidence. Un bon entraîneur, c’est celui qui se trompe le moins. On prend tellement de décisions, tout le temps, et on fait tellement de choix que c’est difficile de ne pas faire d’erreur.

Notre rôle, c’est d’accompagner les joueurs, de mener un projet pour un club. C’est la mission confiée par le président, par l’actionnaire. Il faut faire progresser le club. Avec l’équipe, il faut mettre en place ses idées. Avoir un jeu et des idées clairs. C’est aussi l’accompagnement du joueur pour qu’il se réalise, qu’il progresse, quel que soit son âge. On voit des joueurs de plus de 30 ans qui continuent encore à progresser. Il faut aussi, si possible, donner une bonne image à l’environnement autour, et puis à nos partenaires qui investissent pour cela.

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(…) Je mets la même exigence dans la préparation de mes séances à Bordeaux aujourd’hui qu’à La Roche-sur-Yon à l’époque. C’est le même métier. Il faut bien présenter les choses. On s’adapte au club dans lequel on est, au groupe de joueurs dont on dispose. À La Roche, j’avais des joueurs qui travaillaient, des étudiants, voire certains qui recherchaient un emploi. Leurs attentes sont différentes. Le foot, c’est en fin de journée, après le travail, et en plus de la vie de famille. Si tu ne les intéresses pas, il ne se passe rien. C’est toujours la même histoire, qu’on soit coach en Ligue1 ou en DH. Après, il y a une histoire de niveau. Des joueurs comme Toulalan, Carrasso ou Malcom, chez les plus jeunes, sont des joueurs de très haut niveau que je n’ai jamais eus, ni à la Roche, ni à Guingamp. Ce qui a changé, à Bordeaux, c’est qu’il y a là des joueurs avec une carrière internationale, un statut, du vécu. Leurs attentes sont un peu différentes de ce que j’ai pu connaître à Guingamp. Mais au fond, c’est le même métier. Il faut réussir à fédérer, à convaincre les joueurs que vous êtes bien sur le bon chemin, à partager une vision du foot. C’est toujours la même histoire, et ça qu’on soit coach en Ligue 1 ou en DH.

(…) J’ai passé 6 ans à Guingamp, je suis très fier du travail qu’on a accompli là-bas, mais c’est fini. Je n’ai pas le loisir d’être dans le manque (sourire). Ce fut mon pied à l’étrier chez les pros, par étapes. On a revisité l’histoire de Guingamp en 6 ans, et ça a été magique. Il faut être en phase avec la direction du club. C’est fondamental sinon, on n’avance pas. On peut parfois faire des coups, de temps en temps, mais ça ne peut pas marcher dans la durée. Je l’avais déjà remarqué quand j’étais joueur. Quand c’est raccord, c’est toujours source de succès. »