Gilles Favard : « Alain (Giresse) est un joueur et un homme extraordinaire »

Intervenu après le journaliste Didier Roustan, dans le Live d’Éric Dagrant ; la voix des Girondins de Bordeaux et de la Fédération Française de Football ; l’inénarrable Gilles Favard, ex conseiller de Claude Bez à la tête du FCGB, a pu raconter la fois où un certain Diego Armando Maradona était venu au Parc Lescure et avait demandé le maillot d’Alain Giresse, la star des Marine et Blanc pour qui il confie une admiration sans bornes.

« J’ai beaucoup croisé Alain à une certaine époque, celle de Claude Bez. Je suis amoureux du jeu comme Alain et j’ai à peu près le même âge que lui. Je l’ai aussi vu marquer son premier but à Lescure, je crois, contre Reims, en 70-71. Et j’ai même vu Maradona vouloir rentrer dans le vestiaire pour prendre absolument une photo avec lui. C’était pour un tournoi en 1983… Demandez à Alain. J’ai vu Maradona, avec tout l’égo qu’il avait, rentrer dans le vestiaire et aller choper Alain pour absolument avoir une photo avec lui. C’était même la principale chose qu’il voulait quand il est arrivé à Lescure : prendre une photo avec Alain Giresse. Pour lui, Alain avait été le meilleur joueur du Mondial 82. Voilà… Et ils ont même pu échanger leurs maillots ensuite comme dit Alain.

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Alain Giresse, c’est la légende des Girondins, le prince de Lescure. Et pour l’anecdote : quand j’allais à Lescure avec mon grand-père, connaissant toute l’histoire des Girondins de A à Z, Bordeaux était une équipe réputée physique à l’époque ; mais quand Alain a débuté en D1… C’était en 70 si je ne dis pas de bêtises. Mon grand-père, d’une mauvaise foi affligeante, m’a dit : ‘Il est trop petit, il ne peut pas jouer au football !’. Puis à la grande époque des Girondins, avant de partir, mon grand-père m’a sorti : ‘Je t’avais dit que ce serait un de nos meilleurs joueurs’ (rire). Donc voilà, Alain Giresse ce sont pour moi des souvenirs émus. Pour Alain Giresse, je n’ai pas de mots en fait, c’est le football à l’état pur. Déjà, j’adore l’homme ; mais je l’ai connu ensuite ; et le joueur que j’ai connu en premier je l’adore aussi. Alain Giresse, c’est le foot à l’état pur, donc je n’ai pas de mots, mais que des images positives : je me souviens notamment d’un but d’anthologie de sa part lors d’un 6-0 contre Lens où il avait dribblé tout le monde puis piqué le ballon du pied gauche, ou du lob sur Bell en finale de la Coupe de France 86 – une œuvre d’art, un tableau de maître ! -. Que dire sur Alain ? Je ne vais pas lui parler du but de Séville en 82 avec la France, car ça s’est mal terminé, mais Alain c’est un joueur et un homme extraordinaire. En plus, il adore le football, donc je peux passer des semaines, des mois à parler foot avec lui. Voilà…

(…) On va dire que je suis un vieux con, mais je pense que les joueurs actuels n’ont pas la culture foot que nous avons. Alain, il se souvient d’avoir vu Pelé et Maradona à Lescure, et ce genre de joueurs on les vénère… Mais tous les joueurs de l’époque d’Alain, plus tous ceux d’avant et un peu d’après, ils sont tous très admiratifs de lui, car lui seul savait faire certaines choses avec un ballon. Moi, avec mes pieds carrés, j’étais un bourrin, donc je n’essayais même pas (rire) ! Donc voilà, Alain avait cette magie du jeu. Et si on revoit les matches – qui sont passés dernièrement – de l’Euro 84 ou du Mondial 82 – une année où il est Ballon d’Argent derrière Paolo Rossi -… Rendez-vous compte ! Aujourd’hui, imaginez le joueur qui est le 2ème du Ballon d’Or 2020 comment on parlerait de lui. Mais en 82 c’était un épiphénomène. C’est dommage… Mais moi, pendant des années, j’ai vu les grands amis Alain Giresse et Bernard Lacombe s’entraîner après les séances d’Aimé Jacquet. Eux ils s’amusaient à taper la barre transversale, et il ne fallait pas parier avec eux car vous étiez sûr de perdre. Même encore maintenant : on a vu que pour un challenge sur les réseaux Alain avait mis un ballon dans une poubelle de loin. Mais sur 5 tentatives il en mettra au moins 3… J’en suis sûr. Les joueurs de maintenant, ils pensent qu’ils savent jouer au foot car ils gagnent des centaines de milliers d’euros par mois, mais ils ne savent pas faire comme lui ; même si Alain ne le dira pas comme moi car c’est un affectif et moi quelqu’un de plus tranchant (sourire). »

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