Florian Brunet : « Il y a des gens de très grande envergure aux ultras »

Tandis que, en cette période de crise sanitaire du Covid-19, les Ultras (de Bordeaux et d’ailleurs en France et à l’étranger) se mobilisent pour aider les soignants comme ils le peuvent, on repense à ce que le porte-parole des Ultramarines Bordeaux 87, Florian Brunet, nous expliquait, dans ‘GA’, en janvier, sur pourquoi ceux qu’il représente dans ses discours et ses actions sont si chers à ses yeux :

« C’est toujours moi qui suis mis en lumière, mais au sein des Ultramarines et du directoire il y a vraiment des gens de très, très grande valeur, de toutes les générations, des travailleurs de l’ombre qui font des tifos sans rien attendre en retour, qui sacrifient beaucoup pour les Girondins, par passion, et bénévolement. Nous, ont fait des réunions de plusieurs heures pour réfléchir à comment être le plus utile pour l’avenir du club, pour que ça aille dans le bon sens ; car l’heure est grave. Mais on est là tous les weekends, à domicile comme à l’extérieur, malgré les critiques, les attaques et les insultes sur les réseaux sociaux. Mais moi, vu qui je représente, je suis incarné quand je parle du Virage Sud, c’est à dire que je sens le poids de l’histoire sur mes épaules, cette responsabilité de représenter tous ces gens extraordinaires du Virage Sud et des Ultramarines, de porter leur parole. Cette cause est bien plus importante que ma personne.

Donc les insultes envers moi, je m’en fous, car mes deux seules causes ce sont mon club et ma tribune, pour lesquels je me donne corps et âme depuis que j’ai 14-15 ans et que je suis arrivé dans le groupe, dans les années 90. Même enfant, à 6 ans, quand je venais au stade avec mon père, je regardais le terrain et la tribune. Et je savais bien que je serai dans ce Virage ensuite, dès que possible. Au niveau professionnel et personnel, je sais que dois beaucoup à la tribune, mais je n’ai jamais rien attendu en retour de mon investissement. La tribune m’a permis de me développer, et j’essaye de lui rendre ça, alors je sens un énorme poids, une énorme responsabilité par rapport à tout ça. (…) Aujourd’hui, en France, de toute façon, et pas qu’à Bordeaux, il y a une culture ultra et les Ultras sont là. Donc les clubs ne peuvent pas être dirigés ; à Nantes, à Marseille, à Sainté, à Lyon, à Paris ou à Bordeaux ; sans tenir compte de nous. Il faut composer avec nous. Le mouvement ultra français, il est là depuis 40 ans… On est là depuis des dizaines d’années, pour nous c’est nos tripes, c’est nos vies, mais pour les dirigeants dépassés que l’on a parfois dans nos clubs et qui n’y connaissent rien, c’est quoi ? Rien, ils s’en foutent et ne seront même plus là dans quelques mois ou années…

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Après, oui, les ultras ce sont des gens particuliers. Mais moi, je vais vous dire une chose… Dans ma vie personnelle et professionnelle (Florian est chef d’entreprise ; NDLR), j’ai rencontré des gens de plein de milieux différents, y compris des gens qui brassaient des millions voire des milliards dans des milieux d’affaires, mais les gens les plus humains, charismatiques et extraordinaires que j’ai vus dans ma vie ils sont du milieu ultra. Partout, il y a des gens de très grande envergure dans le milieu ultra, qui font des spectacles extraordinaires et qui promeuvent bénévolement la Ligue 1, en ayant des valeurs communes : car on mène tous le même combat. Celui pour le respect de l’histoire et des valeurs de notre club, pour que le club qu’on soutient soit loyal, honorable et respectueux de ses tribunes populaires en maintenant des prix attractifs, même pour les étudiants ou les chômeurs. On se bat pour le foot populaire, tout simplement !

Puis on a une utilité sociale indiscutable aussi, pour insérer des jeunes de 15-20 ans qui viennent nous aider au local – ils sont mieux avec nous que dans la rue à faire des bêtises ; vous ne croyez pas ? -. Ces jeunes, on leur apprend des valeurs qui leur servent ensuite : organisation, collectif, etc. Et derrière, ça devient des gens intégrés, qui réussissent ! En tout cas, les tifos, ils ne se font pas par l’opération du saint-esprit… On participe également, mais sans en faire trop de pub car on ne cherche pas la gloire ni à se placer, à des actions sociales de charité, des maraudes, des collectes, des distributions. On aide des associations, on aide les enfants malades, les sans-abri. On est des gens humbles, mais des passionnés, des convaincus, et il faut composer avec nous dans le football français ! Le foot français doit vraiment faire très attention à certaines choses : à qui investit dans le foot, à quels gens on met à la tête des clubs – des gens de plus en plus sans culture de club ni culture foot, donc il faut arrêter ça – et à comment on travaille avec les supporters et les ultras. Vouloir faire du développement commercial dans un club et parler de marque en se mettant le public à dos, ce n’est pas possible ! On ne peut rien construire… »

Retranscriptions du podcast de ‘Girondins Analyse faites par nos soins