Christophe Dugarry se souvient avoir chambré le Chaudron… mais pense que Nabil Fekir n’aurait pas dû

« Autant le football, je ne suis pas toujours très bien placé pour en parler, car je n’ai fait que 16 ans de carrière ; donc je n’y connais rien… Mais pour parler des sifflets et des insultes, là, je m’y connais (rire), puisque j’en ai subis durant toute ma carrière. Donc sur ça, je vais pouvoir donner mon avis car je m’y connais hyper bien ! ». C’est par ce trait d’humour bien senti que Christophe Dugarry a commencé son argumentaire, en plusieurs temps, sur la (pseudo ?) « polémique » du weekend de foot français : Nabil Fekir qui célèbre le but final de Saint-Étienne – Lyon (0-5) en enlevant son maillot et en le tenant à bout de bras, son nom visible, devant le virage des supporters stéphanois.

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L’avis de l’ex attaquant des Girondins de Bordeaux, de Marseille ou encore du Milan AC et de Birmingham, exprimé sur l’antenne d’RMC :

« Pour moi, Fekir aurait dû s’abstenir. Mais, bien sûr, cela n’explique pas, ni n’excuse, l’attitude des supporters qui envahissent la pelouse – et il faudra se poser les bonnes questions sur ça… Si les supporters veulent jouer, et venir sur le terrain, qu’on leur laisse le ballon, et je crois qu’on ne verra pas beaucoup de buts vu que la plupart ont les pieds carrés – ! En tout cas, sur Fekir… Moi, si je me réfère à ma carrière, j’étais un chambreur professionnel, j’étais sans cesse dans la provoc’ ; avec les adversaires, le public, les arbitres, avec tout le monde ; et je le faisais très souvent. Mais quand j’entends, à la fin, Fekir nous dire qu’il ne va pas s’excuser – ça d’accord, pas de souci, je ne lui demande pas ça – et qu’il n’est pas dans la provoc’… Mais qu’il arrête, car ce n’est pas vrai, qu’il ne nous fasse pas croire qu’il n’était pas dans la provoc’.


Je l’ai fait moi aussi, et même dans ce stade de Saint-Étienne, avec Bordeaux. On avait gagné 1 ou 2-0 (2-1 en réalité, en 2000, vidéo en fin de brève), j’avais marqué et j’avais dit ; ‘Rentrez à la mine, allez chercher les pioches !’… J’avais chambré, voilà. Ces provocations existent, ont toujours existé et existeront toujours, et surtout chez les plus grands joueurs. Mais il faut assumer, ne pas faire croire qu’on n’a pas voulu chambrer, qu’on ne savait pas. Car si ça dégénère, le joueur il aura une part de responsabilités. Moi, quand je le faisais, je savais que ça pouvait dégénérer, je prenais le risque de la faire, que ça dérape… Ne faisons pas passer les footballeurs pour plus bêtes qu’ils ne sont. Il n’y a pas de ‘Je n’ai pas fait exprès’, comme quand le défenseur met un coup de coude à l’attaquant sur un duel..

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Après, sans être un psychologue ou un spécialiste des tribunes, je constate que ce genre de comportements, aujourd’hui, cela va déclencher, malheureusement, de la violence et de la haine. Donc sachant ça, par rapport à la société, au contexte, et à l’état du monde, je dis : ‘Arrêtons ces provocations !’. Que les joueurs et les présidents calment le jeu, se disent qu’on est dans un moment déjà assez tendu où la moindre provocation peut entraîner des choses… Ceci étant, l’autre problème, je suis désolé, c’est que ces envahissements de terrain et autres incidents avec les supporters ne doivent pas avoir lieu. Donc il faut interdire de stade tous ces gens ! Car ce n’est pas que la faute des joueurs. Mais c’est plus facile de briefer un joueur, avant, qu’une masse de 50 ou 100 abrutis d’une tribune. En France, les tribunes ont pris trop de pouvoir, car quand des chambrages sont faits à l’étranger on n’envahit pas la pelouse… Nos dirigeants de clubs français doivent être capables de gérer ces problèmes.

(…) Aussi, il faut se demander où est la limite du chambrage, après les buts et dans le jeu, avec les dribbles. Car tu peux célébrer, pour un but, mais sans chambrer. Mais si tu chambres, tu assumes, et là Fekir a provoqué ; voilà. Et comme c’était déjà sûr qu’il allait se faire siffler par tout un stade – car tu ne peux pas l’empêcher -, il fallait lui dire, surtout à 5-0, de ne pas provoquer et risquer que ça dégénère. (…) Quand tu es sur le terrain, avant de penser à chambrer, joue au football ! Et je le dis d’autant plus facilement que, je le répète, j’étais un grand chambreur ; et je l’ai fait des dizaines de fois. Mais j’ai appris de mes erreurs. Même si, malgré tous nos débats sur ça, ça ne reste que du football et Nabil Fekir n’a rien fait de mal ou de dramatique ; bien que je pense qu’il n’aurait pas dû faire ça…

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Car à force dire ‘Oui, mais c’est le derby’, on risque la surenchère permanente, et puis que ça dégénère. Il y a un phénomène de mouvement de foule, de passion… Attention à ne pas trop en faire. Encore une fois, des provocations – gentillettes, comme là avec celle de Fekir -, j’en ai faites, mais le foot c’est pas ça : c’est le jeu, les buts, le plaisir. Je suis désolé. Et pourtant, je l’ai fait, souvent ; mon attitude a provoqué les sifflets, j’assume. Et si j’avais pu éviter des débordements je me serais abstenu… Après avoir chambré toute ma carrière, je dis que ce n’est pas bien. Et si mon fils va provoquer après avoir marqué un but au foot ce weekend je rentre sur le terrain pour lui mettre une claque (rire) ! »