Guy Lacombe : « Zidane emmagasine pour ensuite reproduire, c’est sa qualité première d’ailleurs »

Interviewé par So Foot, Guy Lacombe détaille longuement sa vision de l’ascension exceptionnelle de… Zinédine Zidane. L’ancien entraîneur de Sochaux et du Paris Saint-Germain est un témoin privilégié, car il connait ‘Yazid’ (surnom de jeunesse de Zidane) depuis très longtemps. En effet, il a déjà été son formateur en tant que joueur, à l’AS Cannes ; avant qu’il rejoigne Bordeaux et fasse l’immense carrière que l’on sait ; puis son tuteur en tant qu’entraîneur, avant qu’il n’enchaîne les trophées aux commandes du Real Madrid.

« En tant qu’entraîneur national, j’ai pris en charge la formation du BEPF (Brevet d’entraîneur professionnel de football, ndlr) à partir de cette saison 2014/2015 et été nommé responsable de la formation des anciens footballeurs de très haut niveau. Je n’étais, d’ailleurs, pas seulement le tuteur de Yazid, mais de quatre autres de ses camarades de promo : Claude Makelele, Bernard Diomède, Willy Sagnol et Éric Roy. Concrètement, on se retrouvait avec les cinq pendant trois jours par mois pour du théorique et de la pratique, avec en plus des stages, faits tout au long de l’année, en immersion dans différents clubs.

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(…) Yazid était bon élève, bien sûr, élève modèle. Je l’ai retrouvé comme il était déjà du temps de sa formation comme joueur à Cannes : très à l’écoute, avec une forte capacité d’adaptation et d’intégration. Il emmagasine pour ensuite reproduire. C’est sa qualité première d’ailleurs, et celle qui fait l’homme qu’il est : un auditif, quelqu’un qui boit les paroles des autres, qui sait apprendre. Ce n’est pas si courant. Quand il était gamin, c’était déjà le cas. On ne devient pas Zidane sans avoir cette capacité à écouter et à comprendre. J’ai d’ailleurs été surpris dans mes années de formation cannoises, car mes premiers joueurs ont été Yazid, David Bettoni (actuel adjoint de Zidane au Real, ndlr) et Hervé Renard, trois gars au comportement parfait pour un formateur, trois futurs entraîneurs eux-mêmes, alors je me suis mis en tête que c’était toujours comme ça que les gamins étaient. Il s’est avéré ensuite que ce n’est pas toujours le cas (rires) !

(…) Je ne sais pas si c’était son destin de faire ce qu’il a fait avec le Real, mais en tout cas, il s’est trouvé au bon endroit et au bon moment pour lancer sa carrière superbement. Au bon endroit parce qu’il connaît parfaitement ce club. Le Real, c’est sa maison, il en maîtrise tous les recoins… C’est un avantage considérable. Le bon moment, là en revanche, c’était plus dur à prévoir. Les grands joueurs ne font pas forcément de grands entraîneurs, mais à un moment, il faut y aller, montrer ce qu’on vaut. Il avait l’envie d’être entraîneur, ça oui, même si cette envie est arrivée tardivement, bien après sa retraite sportive en 2006. Mais en avait-il la capacité ? C’est comme un gars qui plonge dans une piscine sans savoir s’il y a de l’eau. On se jette et on voit. »