Frank Lebœuf et Emmanuel Petit se rappellent de l’ascension de Zinédine Zidane sous le maillot bleu

Jour J pour Zinédine Zidane : l’ancien meneur de jeu de Cannes, Bordeaux, de la Juve, du Real et des Bleus, entraîneur du Real Madrid depuis un an et demi, va déjà vivre sa deuxième finale de suite de Ligue des Champions. Ayant remporté la première la saison dernière, il sera cette fois confronté à… Turin, son club précédent en tant que joueur, à la fin des années 90.

Dans « Le Vestiaire » (SFR Sport), ses anciens partenaires en Équipe de France, Frank Lebœuf et Emmanuel Petit, qui ont déjà fait savoir tout le bien qu’ils pensaient du ‘Zizou’ coach, se sont aussi souvenus de l’aura du joueur, surtout pendant la Coupe du Monde 1998, gagnée à domicile par la France d’Aimé Jacquet, le sélectionneur (et ancien bordelais s’il en est…).

FL : « En équipe nationale, on ne vit pas toujours ensemble, mais on se rejoint régulièrement. Donc il y a là une symbolique d’équipe, mais on savait toutes les qualités de Zizou. Par contre, Ziz’ il devait encore prouver à l’époque. J’ai commencé avec lui en 95, puis en 96 il ne fait pas un super Euro, et pendant 2 ans on ne joue pas de match officiel, car on est qualifiés d’office pour la Coupe du Monde 98, en tant que pays hôte. On ne sait pas trop sur quel pied danser, et au début du Mondial, Zizou n’est pas non plus extraordinaire. Le génie n’arrive qu’en finale, et le grand Zizou on le voit dans les années d’après, surtout 2000 et 2006, car en 2002 il est blessé.

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(…) En fait, Zidane, on l’avait senti monter, mais pas vraiment non plus. Il était important du fait de son talent, mais comme tous les autres, car nous étions chacun au haut niveau. En 96, il arrive un peu blessé, car il avait eu un accident de voiture juste avant l’Euro, donc on ne l’a pas vraiment eu sur cette compétition. Et puis en 98, sincèrement, avant sa suspension, ce n’est pas encore le grand Zizou qu’on connait. Il commence à faire un gros travail contre l’Italie, en quart de finale, puis un très gros travail pour le collectif contre la Croatie, en demi, et il parachève son œuvre, bien sûr, avec les deux buts en finale. Le tournant de sa carrière, il est là.

Bien sûr, à ce moment, il est déjà à la Juve, on sent qu’un gros travail a été fait, qu’il a changé… Mais, en tant que coéquipier, tu vois qu’il y a un Zizou avant le carton rouge contre l’Arabie Saoudite et un Zizou après, qui va définir la suite. Pour moi, la bascule est là. Mais j’insiste sur les deux matches contre l’Italie et la Croatie car, même sans marquer, il avait déjà été énorme. Son boulot était intense, jusqu’à vomir sur le terrain contre les Croates. En tant que partenaire, j’ai vu ça comme ça, mais de l’extérieur on va juste dire que ce sont les deux buts de la finale qui l’ont fait passer dans une autre dimension. Sauf que, pour moi, son rôle au sein de l’équipe, et son impact, avait changé avant. »

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EP : « C’est moi qui ai tiré le corner sur le premier but. Je me souviens que je tirais tous les coups de pieds arrêtés, enfin la plupart car Youri (Djorkaeff) les prenait aussi. (…) Je crois qu’il s’est mis énormément de pression pendant le Mondial 98. Ses deux buts en finale, malgré une Coupe du Monde mitigée, pour moi, ont été un grand pas, pour qu’il soit brillantissime à l’Euro 2000. Il avait acquis la sérénité nécessaire pour briller en Bleu, ce que les très grands joueurs de l’histoire du football se doivent absolument de faire, en portant leur équipe nationale. Et, dans cette optique, ces deux buts ont amené l’équilibre dans son bilan final du Mondial 98. Il s’est décomplexé, il a été jusque sur le toit du monde, et il a déroulé après, en étant LE joueur de l’Euro 2000, puis le très grand joueur que tout le monde retient. En tout cas, il a eu énormément de pression en 98. Il s’en est mis beaucoup, déjà, et la presse en a rajouté. Dans le jeu, j’évoluais un cran derrière lui, et j’ai vu une nette amélioration, au niveau de sa personnalité, de sa capacité à prendre le jeu à son compte, à mener l’équipe. Alors qu’en 98 il se cherchait encore, il était timoré, il n’arrivait pas encore à avoir cette crédibilité nécessaire pour s’imposer vraiment en tant que très grand joueur et mettre tout le monde d’accord. »