Florian Brunet : « Avec Triaud, certaines réunions se terminaient en lancers de chaises dans la figure »

Encore dans « Girondins Analyse » (RIG), ce vendredi, Florian Brunet (Ultramarines Bordeaux 87), a longuement répertorié ses grands souvenirs avec Jean-Louis Triaud, le président des Girondins pendant plus de 20 ans, qui a annoncé son départ il y a quelques jours, remplacé par Stéphane Martin, ancien administrateur du FCGB.

« Honnêtement, à titre purement personnel ; mais je sais qu’il y en a d’autres qui pensent comme moi ; cela m’a mis un gros coup, car ça dépasse le cadre sportif autour des Girondins. C’est donc une véritable tranche de vie qui s’arrête. Pour moi, Triaud, c’est toute ma vie de responsable des Ultramarines, donc son départ c‘est le symbole de la vie qui défile, du temps qui passé. Presque une petite mort par rapport à cette époque. (…) L’hommage ? On cherche le bon ton. C’est très dur. Car on ne veut pas se tromper de cérémonie et lui faire un hommage funéraire, surtout qu’il reste au club en tant que président du conseil d’administration, et qu’il sera encore là. En tout cas, moi, j’aimais vraiment, au-delà du président, le personnage qu’il était : un mec authentique, qui dit ce qu’il veut, sans pincettes. Je me suis tellement battu contre lui, sur énormément de sujets. Je me souviens à quel point il était énervé quand on avait demandé à aller voir Nicolas de Tavernost, mais sans lui. Il m’avait raccroché au nez, il me disait que c’était impossible, mais ça m’a amusé car, au final, même si je le voyais bien qu’il avait trop les boules, il m’a quand même rappelé pour me dire… que c’était bon. Je savais qu’il accepterait. C’était ça Jean-Louis.

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Au début de notre relation, on s’est battu, mais pendant des heures, pour avoir plus de place au Virage Sud et pour pouvoir gérer notre tribune. C’était très rude. Je me souviens même, dans les années 2000, de certaines réunions qui se terminaient en lancers de chaises dans la figure (rire) ! Chacun défendait ses intérêts, en étant dans son rôle, en tenant ses postures ; mais les discussions étaient sans langue de bois, très franches, d’homme à homme. Et cela amène, à la longue, beaucoup d’affection pour la personne, car on connait son fonctionnement et on sait qu’il nous respecte et arrive bien à nous comprendre. Voilà donc pourquoi ça m’a toujours fait rire ceux qui nous disent qu’on copine, qu’on fait de la lèche, ou je ne sais pas quoi, mais ils ne savent pas comment on s’est  battu avec lui, et ça pour quasiment tout, dans un rapport de force perpétuel. Durant ces discussions, il est resté droit, loyal, ouvert au débat, et il a su reconnaître l’importance et la légitimité de notre groupe, des Ultramarines Bordeaux, mais aussi du Virage Sud, et puis des supporters en général. Bien entendu, il ne l’a pas forcément fait en le disant, immédiatement, mais il l’a prouvé par ses actes. J’ai plein d’exemples, mais le dernier que je vais citer, récemment, c’est pour le logo de nos 30 ans sur le maillot des Girondins. Au départ, il répond : ‘Rien à foutre, on ne pourra pas vous aider !‘, mais derrière il a fait ce qu’il fallait.

(…) Vous savez, on le dit avec humilité, mais on le dit quand même, on est un peu les ‘gardiens du temple‘, en tant que supporters, du fait de notre engagement, de notre ancienneté, de notre fidélité. Sans les supporters, et sans les Ultramarines et tout le Virage Sud en particulier, le stade est vide, il n’y a pas de passion forte autour des Girondins. Quand on est 7 000 en Coupe de France un mardi, il n’y a même que nous, tout simplement. Les Ultramarines étaient là  avant Triaud, avant Martin, avant M6, et on sera là après, donc on estime qu’on doit être renseignés de ce qui se passe. Bon, on ne demande pas à être dans le secret des dieux, on ne va pas aller gratter des exclus mercato, mais si on n’est pas au courant des grandes directions que prend le club on le vit mal, à juste tire. »