Giresse : « Toute une histoire et toute une vie »

Alain Giresse, LA légende vivante du FC Girondins de Bordeaux, donnera, en toute logique, le coup d’envoi symbolique de Bordeaux – Nantes demain soir. Avant la dernière de l’histoire des Marine et Blanc à Lescure, « Gigi » s’est livré au site du club.

« J’y pense depuis que l’on parle du nouveau stade. Je trouve que la prise de conscience autour de ce dernier match est très agréable. Ce stade est un monument. Il représente quelque chose pour Bordeaux et les Girondins. Il y a une forme de mobilisation. D’ailleurs, les gens disent : « Je vais au dernier match » plutôt que « Je vais voir Bordeaux-Nantes ». L’affiche passe au second plan. (…) Je pense que je serai très ému mais je ne sais pas comment cela va se traduire. Lorsque quelque chose disparait, ce n’est jamais très agréable. Je suis en train de m’imaginer dans le rond central. Rentrer dans cette enceinte est toujours un événement pour moi.

Lescure représente beaucoup de choses pour moi ! Je ne vais pas partir par la fin ni même revenir sur toutes les émotions ressenties en portant le maillot des Girondins. Je repense à toute mon histoire avec le club et la région. J’ai découvert le stade en étant enfant, en passant devant. J’ai franchi toutes les étapes : spectateur, ramasseur de balle et lever de rideau. C’est toute une histoire et toute une vie qui s’est déroulée dans cette enceinte.

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Mon rapport au stade Lescure est très personnel. Ce sera différent pour d’autres personnes. Je repense au moment au cours duquel je suis venu pour la première fois et puis lorsque j’y ai joué pour ma première fois. Enfant, on rêve. On rêve à se dire qu’on aimerait jouer dans ce stade avec les Girondins, l’équipe la plus représentative de ce lieu. Quand cela arrive, c’est le raccourci de beaucoup d’années. C’est la concrétisation d’un rêve devenu réalité. Quand on en a pris l’habitude, on s’y sent à l’aise. J’ai connu des moments forts. Nous y avons disputé des rencontres importantes mais les matches les plus décisifs, dans ma période, n’ont pas eu lieu à domicile. Nous avons remporté nos deux titres à l’extérieur et la Coupe de France a été gagnée au Parc des Princes. Évidemment, il y a eu le match mémorable contre la Juventus Turin, avec son intensité émotionnelle énorme. Mais il y a d’autres matches : la remontée de 1992 ou l’épopée européenne de 1996 avec la finale et le match de Milan. Depuis 1938, il s’en est passé des choses !

(…) C’est un patrimoine de la ville qui prend sa retraite. Heureusement que les rugbymen de l’Union Bordeaux-Bègles vont continuer à l’animer et qu’il va rester debout. C’est une satisfaction, car s’imaginer passant devant ces boulevards et voir des immeubles à cet endroit là avec tout ce qu’a connu ce stade, ça serait vraiment dommageable (…) Il y a aussi ce fameux tunnel… Il y a eu quelques petits tirages d’oreilles dedans, mais c’était bien amical. Je me souviens notamment, avec René Girard, quand il a entendu des paroles du genre « Ces bordelais, ils sont trop vieux », il avait attrapé l’oreille de l’adversaire en lui disant « Oh jeune,  tu vas voir si on est vieux » ».