Rohr : « On a été pris dans cette rivalité »

Pour Sud Ouest, l’ancien grand joueur défensif des Girondins de Bordeaux sur la décennie 1980, celle du grand FCGB, Gernot Rohr (61 ans) est revenu sur la rivalité Bordeaux – Marseille, qui connaîtra un nouvel épisode, et pas des plus anodins, demain soir à Lescure.

Le rugueux Franco-Allemand parle surtout du fameux duel de la fin de saison 86/87 où Bordeaux avait gagné 3-0 sur son terrain et pris l’avantage en vue du titre, et même du doublé Coupe de France – Championnat, deux trophées gagnés au nez et à la barbe du rival olympien. Ce match avait été marqué par le traitement très dur réservé, par Gernot lui-même (exclu d’ailleurs), à Alain Giresse, qui avait été transféré à l’OM l’été précédent. « Entrer sur la pelouse avec un autre maillot, c’était déjà très difficile. Je ne concevais de jouer à Lescure qu’avec celui des Girondins » a affirmé, après coup, l’enfant chéri de Bordeaux, du haut de ses presque 600 matches et de ses 180 buts avec son club formateur.

Pour sa part, Rohr, nouveau sélectionneur du Burkina Faso, se rappelle du contexte guerrier autour de match : « Notre président accusait Gigi de ne pas avoir tenu parole, et avec le recul, on se dit qu’on a été pris dans cette rivalité. Mais à l’aller, on avait pris des coups, et 4-0. Ce match retour était très important pour le titre, donc le contexte était très particulier. J’ai pris Gigi au marquage, comme j’aurais pris un autre joueur ». Près de 30 ans après, Bordeaux n’a toujours pas perdu au Parc Lescure face à Marseille depuis le 1er octobre 1977 et s’apprête très probablement à perpétuer, comme rappelé dans l’article de Sud Ouest, la « tradition » des Bordeaux – Marseille plutôt très musclés.

Par ailleurs, LaMarseillaise a aussi interviewé Gernot Rohr, qui livre un point de vue d’avant match forcément très teinté de Marine et Blanc concernant le choc du weekend…

« D’abord, il y a le fait que les Marseillais n’ont plus gagné à Bordeaux depuis 1977. C’est une série qui est très longue et difficile à supporter quand on est dans l’équipe qui la subit. Mais surtout, ce sera la dernière fois que Marseille va jouer à Chaban-Delmas. Il y aura donc un petit air de nostalgie qui flottera dans le stade. Je pense que les Bordelais vont tout faire pour que, symboliquement, l’OM ne termine pas ses visites ici sur une victoire. (…) Bordeaux reste sur une série de bons matches. Il y a eu notamment la victoire sur le PSG qui a redonné de l’ambition au groupe. De plus, Willy Sagnol fait du bon travail depuis qu’il est là sur le banc. Il avait un groupe assez jeune qui a été judicieusement renforcé par deux bons joueurs de qualité en janvier. En revanche, dimanche, l’une de ces recrues va bien manquer, c’est Clément Chantôme. Il s’est rapidement imposé comme un élément important dans le collectif. Quant à Marseille, l’équipe est un peu dans la situation du PSG quand il est venu à Chaban. En ayant été battus par les Parisiens lors de la dernière journée, les Marseillais ont pris un coup, mais je pense que cela ne les a pas abattus. Au contraire, ils vont faire le déplacement avec une envie de revanche. Ils savent qu’une victoire à Bordeaux aura autant de retentissement que celle du PSG au Vélodrome.

(…) Je vois dans ce match celui de la dernière chance. Pour Bordeaux, la dernière chance d’accrocher le wagon européen qui est un objectif réel. Pour l’OM, la dernière chance de rester dans la course au titre. Je sais que ce sera un match engagé, serré. Mais je vois bien Bordeaux accrocher Marseille car il y a toute cette symbolique de conserver l’invincibilité face aux Marseillais. C’est la concentration qui, d’après moi, fera la différence. Maintenant, si le sort veut sourire aux Marseillais, ils ont les atouts pour faire la différence. »