Blanc : « Lamine Sané a des qualités techniques et défensives au-dessus de la moyenne »

C’est un entretien fort intéressant sur le jeu, la tactique et l’évolution du poste de défenseur central que Laurent Blanc, ancien grand spécialiste du poste s’il en est, a accordé au site footligue1.com. L’actuel entraîneur du Paris Saint-Germain et ex sélectionneur des Bleus, qui a débuté comme coach sur le banc au FCGB en 2007, cite notamment Lamine Sané, qu’il a lancé en pro en 2009, comme un défenseur « intéressant » de notre championnat.

« L’évolution du défenseur central ou de son rôle, est parallèle à l’évolution du football moderne. Il y a quarante, cinquante ans, le défenseur central était un défenseur qui était décroché et qui jouait vingt mètres derrière ses défenseurs. On parlait plus à cette époque de « libéro » plutôt que défenseur central. Depuis une vingtaine d’années, on joue avec une défense à plat, on joue avec deux défenseurs centraux sur la même ligne. Avant, le défenseur central ne montait quasiment jamais ou ne participait jamais au jeu. L’évolution est énorme. Actuellement, selon la philosophie de jeu des entraîneurs, on repart de derrière. Le gardien devient un joueur, les défenseurs centraux sont à la base de la construction de l’action. Le rôle du défenseur central aujourd’hui est bien sûr défensif avant tout, priorité à la défense, mais dans le football que j’aime et que je prône, je pense que le défenseur central a aussi un rôle offensif à jouer.

(…) Un bon défenseur central c’est d’abord quelqu’un qui assume son rôle principal qui est de défendre. En ce moment, le football moderne est tellement tourné vers l’offensive qu’on est en train de former des latéraux qui sont meilleurs contre-attaquants que défenseurs. C’est une erreur de notre part je trouve, à nous les entraîneurs, formateurs ou éducateurs. Un bon défenseur central doit être très bon défensivement, et assumer son efficacité défensive. C’est ce qu’il faut retenir avant tout ! Après, si le joueur est capable techniquement d’avoir aussi une intelligence tactique qui lui permet de bien se placer, dans toutes les phases de jeu, voilà ce que représente un bon défenseur central pour moi. Intraitable défensivement, très bon dans les duels, rapide, et techniquement assez bon pour pouvoir participer à la construction du jeu de son équipe. Cela fait beaucoup de choses !

(…) Je dis qu’une défense centrale doit être complémentaire au niveau du prototype des joueurs. Je pense que maintenant dans le football moderne, les deux défenseurs centraux doivent aller assez vite. Le jeu va de plus en plus vite tout comme les attaquants. Après, il peut y en avoir un qui se sent plus défenseur dans l’âme, et l’autre plus relanceur. Mais quoiqu’il en soit, il faut que celui qui se sent le plus défenseur, des deux soit capable de relancer correctement et celui qui se dit plus relanceur, soit lui capable de bien défendre. Voilà la vraie complémentarité. Par exemple, Ricardo et Alain Roche étaient deux excellents défenseurs avant tout. Ils relançaient très bien également. Il y en avait un qui était meilleur que l’autre, mais c’étaient de très bons relanceurs ! Intrinsèquement, ils possédaient des qualités similaires, même si il y en avait un qui préférait relancer. Il faut bien prendre conscience que des défenseurs centraux restent avant tout des défenseurs.

(…) Au cours de ma carrière, j’ai connu de très, très bons défenseurs. J’ai connu des défenseurs qui n’étaient bons que dans un domaine : défensivement. A ce moment là, la charnière était complémentaire. J’ai aimé évoluer avec ce type de défenseurs car ils connaissaient bien leurs qualités mais aussi leurs défauts. Ils ne prenaient pas de risque. J’ai joué des garçons moins à l’aise dans toute la relance mais excellents défensivement, comme Cyril Domoraud. Excellent défenseur. Sa qualité première c’était de bien défendre, un roc. Je me suis éclaté à ses côtés. Il me laissait la responsabilité pour relancer. Je vais vous citer Julio Cesar, qui jouait avec moi à Montpellier. Un garçon capable d’être un très bon défenseur et relanceur. N’oublions pas Marcel Desailly. Marcel, qui était un très grand défenseur. Il faisait d’abord parler sa puissance, nous avons vraiment été très efficaces et complémentaires. Au sein d’une charnière centrale, il faut aussi une certaine connivence. Je n’ai jamais joué en défense centrale avec un joueur avec lequel je n’avais pas d’affinité.

(…) En L1, Nicolas Nkoulou de Marseille me plait. Il possède cette qualité défensive quand il est bien concentré et en bonne condition physique, qui lui permet d’être efficace. Et il a cette intelligence, qualité technique, qui lui permettent de participer au jeu. J’apprécie également Loïc Perrin à l’AS Saint-Étienne qui a parfaitement réussi sa reconversion de milieu défensif à défenseur central. C’est souvent le cas, des bons milieux défensifs deviennent de bons défenseurs centraux en règle générale. Chez les Verts, la charnière Sall – Perrin est très complémentaire. A Bordeaux, Lamine Sané est intéressant avec des qualités techniques et défensives au-dessus de la moyenne. On a de bons défenseurs en L1. »