Deveseleer : « Le public bordelais est difficile »

Ce samedi, L’Équipe consacrait un gros dossier transversal présentant la situation bordelaise au niveau de l’affluence du Parc Lescure – à la baisse pour le football et les Girondins, à la hausse pour le rugby et l’Union Bordeaux-Bègles – et du contexte autour des deux clubs sportifs phares de la « Belle endormie ».

Les avis de Johan Micoud, de Jean-Louis Tiaud et d’Alain Deveseleer y sont présentés. L’ancien meneur de jeu du club au scapulaire estime que Bordeaux doit (re)prendre conscience que l’image véhiculée par le jeu affiché sur le terrain, peu enthousiaste en ce moment, est importante pour attirer du monde.

« Si Bordeaux est une ville de foot, une grosse partie de sa population est très rugby. C’est un peu des deux, en fait. Mais si on regarde les deux dernières années, il est clair que l’engouement se porte davantage sur le rugby que sur le foot, dont le public diminue petit à petit. Les Girondins doivent avoir une vraie remise en question pour ne pas oublier que le sport est au départ un jeu et que c’est par le spectacle qu’on fait venir du monde dans les stades. L’UBB l’a bien compris : ça fait deux ans que cette équipe parvient à remplir Chaban chaque fois qu’elle s’y produit grâce au jeu qu’elle envoie. On a aussi l’impression qu’il se dégage de ce groupe un peu plus de joie de vivre et d’enthousiasme par rapport aux footeux. Ça se traduit sur le terrain, où on voit de super matches, des confrontations dont les rugbymen ne sont pas les favoris, mais dont ils sortent vainqueurs. On peut ressentir la même chose chez les Girondins, mais par bouts de matches. Ils ont la chance de faire ce qu’ils aiment, il faut qu’ils se lâchent un peu plus. »

Pour sa part, le président girondin est un peu plus sec dans son analyse, défendant l’idée que l’engouement pour l’UBB n’est pas forcément durable et reste surtout lié aux résultats de la période actuelle.

« Il y a un mouvement de sympathie et de curiosité autour de l’Union. J’espère que pour eux, ça durera mais il faudra voir si cet élan se poursuit s’ils jouent le maintien dans quelques années »

Enfin, le directeur général du club au scapulaire synthétise les deux précédents avis, appuyant les dires de Triaud sur la versatilité particulièrement forte du public aquitain, mais affirmant que le club doit agir pour ramener une meilleure image en « trouvant les bonnes personnes ». Un nouveau signe que Francis Gillot n’est plus en odeur de sainteté ? 

« La réussite de l’UBB, c’est bon pour tout le monde. J’ai connu une époque ici où on avait rugby, foot, hand, hockey, basket et volley au plus haut niveau. Ça développe une culture locale. Aller voir un spectacle sportif devient naturellement un élément d’animation au week-end. (…) De toute façon, à part quelques périodes précises où on a culminé à 15000 abonnés (11000 aujourd’hui), Chaban n’a jamais été plein à chaque match. Le public bordelais est difficile. A part un noyau dur, c’est un public de spectateurs, pas de supporters, comme les Lensois qui viennent à 25000 en L2 (…) On travaille à la saison prochaine à partir de tous les constats qu’on a faits cette année. Le maitre mot c’est : remettre de la joie, de l’envie, de la hargne dans l’équipe, et trouver les bonnes personnes pour ça. »