Entre « rationnel » et « feeling », Jocelyn Gourvennec explique comment il fait ses choix sportifs

Lors de son entretien d’une heure, sur GOLD FM, Jocelyn Gourvennec a plusieurs fois parlé de son management sportif et aussi humain, qu’il tente d’adapter partiellement en fonction du déroulé des choses. Nouvelle ‘leçon’ avec cet extrait.

« Aujourd’hui, à part si on se contente d’avoir des résultats aléatoires, je ne vois pas comment on peut viser le haut niveau sans avoir une exigence extrême. Comme déjà dit, j’attends donc cela de mes joueurs, et on a beaucoup progressé dans tout ce domaine, notamment les jeunes, pour avoir désormais un meilleur collectif. (…) Quand je fais mes choix, il y a beaucoup de paramètres qui rentrent en ligne de compte. Il y a la stratégie, l’adversaire, la semaine de travail, puis la vie personnelle du joueur qui peut être impactée par différents éléments… C’est pour ça que c’est si important de bien échanger et de bien connaitre ses joueurs. Il y a plein d’éléments qui font qu’on fait tel ou tel choix à un moment donné. Je n’avais ainsi, à priori, par exemple, aucune raison valable de laisser Gaëtan Laborde sur le banc contre Montpellier, et pourtant c’est ce que je sentais par rapport à lui, à son état d’esprit du moment, par rapport à sa prolongation, et par rapport à la semaine de travail de Diego Rolan. Et après, Diego met un doublé, comme Gaëtan a aussi su faire la différence à d’autres moments. Chacun a répondu présent.

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Vous savez, dans l’ensemble, il y a une grande part de rationnel dans le travail de l’entraineur, dans sa capacité à décider, faire des choix. On en fait tous, tout au long de la semaine, et encore plus le weekend. Ces choix, je ne les explique pas toujours, mais j’échange avec tous les joueurs. Je ne suis pas là à expliquer, avant chaque match, à untel pourquoi il joue, et à untel autre pourquoi il ne joue pas. Il m’arrive de ne pas l’expliquer pendant quelques matches et de faire un point avec les joueurs ensuite. Mais j’ai toujours un lien direct avec tous les joueurs, à intervalles plus ou moins réguliers selon les besoins de compréhension et d’explication, y compris chez ceux qui ne jouent pas. Ce que je veux surtout dire c’est qu’il y a plein d’éléments où on fait des choix en étant rationnel, mais il y a aussi une grande part d’instinctif, de ressenti. Tous les coaches le diront… Parfois on fait un choix en cours de match, parce que c’est un ressenti, parce qu’on pense que c’est ce choix-là qu’il faut faire. Ce sont des choix parfois payants et on a du mal à expliquer, après, pourquoi on a fait rentrer lui, et pas lui, car c’est une grande part de feeling, de ressenti, c’est le jeu dans ce métier-là, et ce sont des choses qui ne s’explique pas forcément. En tout cas, mieux vaut avoir des bons que des mauvais feelings !

(…) De l’extérieur, c’est plus facile de mettre un jeune sur le banc qu’un joueur assez expérimenté, oui. Mais après…  S’il y a une règle que j’ai apprise très vite, dès le début de ma carrière d’entraîneur, chez les amateurs, c’est que, fondamentalement, on doit appliquer les choix qu’on pense les meilleurs pour l’équipe. Mais il faut les assumer derrière, ne pas reculer quand c’est embêtant, expliquer les choses. Et, en général, il n’y a jamais de décision qui tombe d’un coup et qui déroute les joueurs. C’est donc tout un cheminement, le fruit d’un échange régulier de ma part dans la progression de mes joueurs, que j’accompagne quand je la constate, et que je tente de relancer très régulièrement quand je ne la vois pas. Et si je n’en vois toujours pas, et bien je fais des choix et je les assume ensuite face aux joueurs concernés. Cette gestion-là n’est pas si compliquée, même avec des joueurs d’expérience, il faut simplement se parler entre 4 yeux, se dire les choses franchement, mais toujours en y mettant les formes, car on ne parle pas n’importe comment à un joueur, jeune ou moins jeune. Et en agissant ainsi, on gagne du temps en amont, forcément. »