Gernot Rohr se remémore les remontées européennes qu’il a vécues avec les Girondins

Entraîneur des Girondins lors du fameux Bordeaux/Milan de 96, l’ancien joueur des Marine et Blanc, Gernot Rohr, aujourd’hui conseiller technique du Nigeria, a donné son opinion sur le match de Ligue des Champions de ce soir entre Barcelone et Paris. Le PSG l’a emporté 4 à 0 lors du huitième de finale aller, mais Rohr n’enterre pas les Catalans pour autant, et il l’explique à Sud Ouest.

« Vous savez qu’il ne faut jamais perdre espoir. En 96, avant le retour contre le Milan AC, j’avais d’abord essayé de dédramatiser, sortir de la pression. J’avais amené les joueurs sur le Bassin d’Arcachon, courir sous les pins, sur la plage. Les mots d’ordre, c‘était concentration et confiance. On s’était mis dans la tête de marquer le premier but vite. Si on était à 1–0 à la mi-temps, avec le soutien du public, je savais qu’on allait monter crescendo. La consigne était de rester au maximum à un de plus derrière et que les autres montent systématiquement pour apporter de la pression, exploiter les coups de pied arrêtés et jouer sur nos atouts : des joueurs d’exception comme Zidane, Dugarry, Lizarazu, notre capitaine.

Ce sera difficile pour Barcelone, mais je fais partie de ceux qui pensent que ce n’est pas impossible. Renverser un 4–0 arrivera un jour, c’est obligé. Ce que Paris a réussi à l’aller, le Barça peut le faire aussi. Ils vont puiser de la révolte dans l’humiliation subie à l’aller. Sur un match, ces joueurs-là sont capables de très vite retrouver leur jeu, et leur mouvement. Paris a de l’expérience, et peut se permettre de prendre un but sans trop paniquer, mais s’il y a 2–0 à la mi-temps, alors là, ce sera chaud. Paris ne doit surtout pas subir, mais rentrer sur le terrain pour jouer. Et s’ils marquent, alors là, ce sera mission impossible pour Barcelone.

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(…) Quand je jouais à Bordeaux, dans les années 80, on avait des garçons de caractère avec Marius (Trésor) derrière, (Alain) Giresse au milieu, (Bernard) Lacombe devant. On avait parfois perdu dans les pays de l’Est, là où ce n’était jamais facile d’aller jouer, entre le voyage, la réception pas toujours très bonne, le terrain… Mais on avait eu la chance de jouer le retour à Lescure et on y croyait dur comme fer. Une fois, nous étions revenus de Split très déçus mais aussi en colère, car il y avait eu un ou deux buts contestables, des erreurs individuelles. Nous avions perdus 4 à 1, on s’en voulait. Et nous avons su transformer cela en motivation et en agressivité. Sans agressivité, il n’y a pas de renversement possible. Aimé Jacquet avait décidé d’aligner quasiment la même équipe (deux changements, NDLR) pour bien s’appuyer sur ce sentiment. Je me rappelle de ses mots : “Je n’ai pas envie de vous enlever la possibilité de vous racheter”. C’était bien joué. Quand vous perdez 4-0 ou 4-1 à l’aller, il n’y a pas 50 solutions : il faut aller de l’avant. On avait parlé que de ça, pas de ne pas prendre de but. On avait aussi déjà la confiance du renversement fait contre Iena et on avait, ces saisons-là, une attaque new look : Aimé alignait deux vrais avants-centres, en 4-4-2. C’était inédit à l’époque, et avec Giresse derrière eux on était forts offensivement. Ce jour-là, face à Split, même les défenseurs avaient marqué : j’avais ouvert le score, Thouvenel avait inscrit le troisième. À la mi-temps, il y avait 2-0, et on avait la dynamique pour nous. L’adversaire avait été trop sûr de lui, avait pensé qu’il suffirait de rester derrière. »