Les avis de Laurent Perpigna et Nicolas Hourcade sur le rôle des supporters

Dans Sud Ouest, un article a été consacré à la place des supporters dans le football et au ‘pouvoir’ des groupes organisés dans les décisions prises par les directions des clubs. Cet article fait notamment écho aux nombreuses réactions engendrées, chez le public bordelais, par le départ de Grégory Sertic à l’Olympique de Marseille.

Revenant sur ce transfert symbolique, Laurent Perpigna, à la fois porte-parole des Ultramarines et capo majeur du Virage Sud, donne ensuite son opinion sur le rôle des supporters et, surtout, des groupes reconnus :

« Le club n’a jamais été en mesure d’apporter des preuves (concernant les supposées menaces de mort, NDLR), mais on a condamné. Après, cautionner ce départ de Sertic à Marseille, ce serait trahir toutes les valeurs que l’on essaie de promouvoir depuis plus de 30 ans. Cela ne nous plaît pas qu’un joueur formé au club parte chez notre grand rival. C’est une question d’image, d’éthique et d’exemplarité. Le football est pollué par le business, par l’argent, qui a transformé les joueurs en marchandise, voire en mercenaires. Mais sportivement, on ne le pleure pas, il n’en valait pas la peine. (…) Le but des supporters n’est pas de faire ingérence dans la gestion du club. On n’a pas à donner d’avis particulier sur les transferts. On intervient quand on sent que l’éthique et l’image du club sont en péril ou bafouées. »

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Voici également l’éclairage de Nicolas Hourcade, sociologue spécialisé sur l’enjeu des supporters, à propos de cette question : « Un club de foot ce n’est pas une entreprise comme une autre. Elle a une dimension sociale et affective extrêmement forte. Les supporters les plus engagés jouent réellement un rôle, variable selon les clubs et les époques. Les dirigeants ne peuvent pas faire comme s’ils n’existaient pas. Il y a une ambiguïté chez les dirigeants, car ils parlent de l’importance du 12ème homme mais en même temps, ils mettent en avant un dogme, très prégnant dans le milieu du foot : les dirigeants dirigent, les supporters supportent. Les supporters doivent être des acteurs mais en restant à leur place, en n’ayant pas vraiment leur mot à dire. C’est le cas par exemple sur les transferts. (…) Les supporters revendiquent une place plus importante dans la vie du club. Leur argument est de dire que dans un club, tout le monde est instable : les joueurs qui ne font que passer, les dirigeants, etc. Eux assurent donc être les gardiens du temple. Pour eux, être supporter n’est pas qu’un loisir, c’est très important, c’est une passion. Donc ils estiment qu’ils se doivent de faire respecter les valeurs, l’honneur du club. »