M. Dumont : « Mine de rien, vu mon rôle, je ne regarde pas vraiment le match en soi »

A nouveau, voici un morceau de l’interview donnée lundi à « Girondins Analyse » par Margot Dumont, journaliste de BeIN Sports, qui est spécialisée dans les interviews et les commentaires bord-terrain, et qui nous raconte comment elle vit l’évènement, à chaud, pendant les matches où elle officie.

« Des refus de joueurs ? Oui, bien sûr, ça arrive de temps en temps, venant même de joueurs avec qui je m’entends très bien, et qui peuvent être des amis, mais qui me refusent car ils ont mal joué, qu’ils viennent de rater un truc important ou, tout simplement, qu’ils n’ont pas envie de parler. De toute façon, j’ai été joueuse donc je les comprends et ne leur en tiens pas rigueur. Il y a 22 joueurs sur le terrain, ce n’est pas grave, j’en trouve forcément un pour me répondre.

Si je les laisse parler ? J’ai un très bon exemple pour répondre : Viorel Moldovan, ancien entraîneur d’Auxerre. Il y avait eu toute une histoire derrière car Auxerre l’a viré après cette interview. Je le lance, pour savoir s’il se sent menacé, car Auxerre a perdu et qu’ils sont très mal classés ; une question à peu près normale ; et là il me sort des propos assez durs, rares, sans langue de bois, sans filtre (des critiques vis-à-vis de sa direction, notamment, NDLR). J’ai commencé à halluciner, je me suis demandé : ‘Qu’est-ce qu’il est en train de raconter ?!’… Ce qu’il disait était assez grave, assez fort, c’était de plus en plus incroyable, mais dans ces cas-là je ne coupe pas, au contraire, il faut laisser parler, laisser le sac se vider. Après, je pouvais relancer pour équilibrer l’interview, mais autant laisser parler. (…) Je sais, à la longue, que certains entraîneurs n’aiment pas parler à chaud ou en direct, que d’autres sont plus ouverts, mais je n’ai jamais eu trop de soucis,  même si tous ne fonctionnent pas de la même manière. De toute façon, ils me connaissent tous maintenant, donc ça se passe très bien. Les médias font partie de leur métier.

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(…) Si j’ai des consignes en direct dans l’oreillette ? Non. Ou plutôt, oui, mais c’est extrêmement rare et c’est surtout des consignes qui sont criées. ‘Pas de relance’, ‘Fais court’, ‘Rends (l’antenne)’, mais c’est pour gérer les durées, surtout quand il y a de la pub derrière et qu’il faut faire vite. C’est parfois un peu perturbant quand on est pleine interview et qu’il faut écouter pour éventuellement rebondir ensuite, mais c’est une part de notre métier donc on est habitué. En tout cas, je n’ai pas quelqu’un qui me dit de poser telle ou telle question.

(…) Le rôle de la personne en bord de terrain, surtout dans les cas un peu particuliers, c’est de recueillir un maximum d’impressions, de faire ressentir à ceux qui sont devant la télé ce qu’ils ne sentent pas : comment sont les mecs, décrire les visages, décrocher un mot… Quand je suis au bord du terrain, j’essaye vraiment de vous faire ressentir plein de choses, et ça peut tout être : un rythme que vous ne voyez peut-être pas à la télé, un contact qui peut se passer devant moi et être bruyant mais dont on ne se rendrait pas bien compte avec les images ou même une odeur, une ambiance… Tout ce qui est important et peut changer la vision d’un match. Mine de rien, vu mon rôle, je ne regarde pas vraiment le match en soi. C’est comme si mes yeux étaient une caméra et que je faisais une cam’ isolée braquée sur les entraîneurs, les adjoints, les bancs, ou sur un latéral devant moi, un attaquant qui ne décroche pas beaucoup, que je vais observer pendant plusieurs minutes en me désintéressant du ballon. J’essaye vraiment d’apporter un ressenti nouveau, sans trop suivre le ballon, pour amener des éclairages différents. Je laisse les commentateurs vous parler du jeu, et moi je m’occupe de tout ce qu’il y a autour. »