« Si on avait des défenseurs qui prenaient plus de responsabilités à la relance… »

Déjà intervenu sur GOLD FM, il y a un mois, pour décrypter la tentative de 4/1/4/1 faite par Bordeaux à Paris, Florent Toniutti (ChroniquesTactiques.fr), a, cette fois, tenté d’analyser le 4/4/2 en losange utilisé par les Girondins de Gourvennec face à Lorient ce weekend.

« Je n’ai pas l’impression que le 4/4/2 en losange ait changé grand-chose dans le jeu bordelais.  A la base, je comprends pourquoi ; enfin j’ai une petit idée sur la question ; Jocelyn Gourvennec a fait ce changement, c’était d’ailleurs plus un test que la véritable installation d’un système je pense. Depuis le début de la saison, Bordeaux a quand même eu beaucoup de problèmes pour remonter le ballon à partir des défenseurs,  et ce pour différentes raisons. D’abord, les défenseurs centraux rechignent à porter la balle et à avancer alors qu’ils ont le champ libre devant eux, ensuite Toulalan est décevant au milieu de terrain jusqu’a présent et personne ne réussit à s’imposer sur la durée derrière lui, Vada s’est blessé, Plasil a plus un rôle de deuxième milieu que de premier relanceur, Sertic est revenu au milieu pour essayer de trouver des solutions en bricolant un peu. Mais voilà, on avait un problème pour ressortir le ballon, aussi à cause d’un énorme espace entre les lignes, avec ceux qui relancent et les attaquants. On l’avait vu très nettement à Rennes, par exemple, où il y avait 30 mètres, ou au moins une vingtaine si j’exagère, entre les lignes quand on essayait de construire. En tout cas, c’est très problématique car on a une équipe, et surtout des attaquants, pour jouer au sol, donc passer en losange au milieu offre tout simplement un milieu plus garni et plus de solutions pour ressortir le ballon par du jeu court et remonter le terrain plus facilement. Le souci, pour en revenir au match contre Lorient, c’est que les deux jolis buts ne viennent pas forcément du système, d’autant que l’animation défensive ne m’a pas vraiment rassuré, par rapport au danger assez faible que représentait Lorient. Ils se sont retrouvés souvent en bonne position, mais n’avaient pas assez de talent pour le faire fructifier. Au final, par rapport au milieu à plat utilisé jusqu’à présent, c’est très dur de dire, sur un match, s’il faut garder le losange, car je ne pense pas que ce soit le changement de système qui ait permis la victoire.

(…) On a fait reculer un élément du milieu de terrain (Toulalan) avec l’idée de mieux avancer dans le jeu par ailleurs, mais si on avait des défenseurs qui prenaient plus de responsabilités à la relance, exemple avec Sertic quand il est en charnière centrale, pour porter le ballon dans le camp adverse, ce qu’il fait d’ailleurs au début de l’action du premier but bordelais, ce serait plus utile. On ne le voit pas assez à Bordeaux, où les deux centraux ne prennent pas vraiment l’initiative de la relance, s’effaçant derrière les milieux ou préférant même balancer devant. S’ils le faisaient, on n’aurait pas besoin d’avoir un troisième milieu décroché, ni de jouer en losange pour essayer de combler ce manque. Pour le poste de N°10 dans ce losange, le problème c’est que les ballons arrivaient souvent alors qu’il était dos au but avec des espaces resserrés, et je ne crois pas que ce soit la meilleure solution pour un joueur comme Vada, qui est largement meilleur quand il est face au jeu, voire quand il part de très bas. Il a une certaine science du placement et du déplacement, mais je ne l’imagine pas N°10. Là, c’est Malcom qui a joué en haut du losange, ce qui n’était pas une mauvaise idée même s’il est meilleur en tant qu’attaquant ou en milieu excentré, comme il joue d’habitude, par contre un joueur comme Adam Ounas pourrait faire assez mal dans ce rôle je pense. La comparaison est un peu un cliché, mais ce serait la même logique que Fékir à Lyon quand il était au top de sa forme. Aujourd’hui, un N°10 ne doit plus vraiment être un passeur, mais un dynamiteur, quelqu’un qui fait mal aux défenses, qui est capable d’être vivace, de se retourner et d’enchaîner. Comme je le disais, un N°10 reçoit de plus en plus les ballons dos au jeu donc c’est dur d’être décisif par une passe, en une touche, il faut des qualités techniques différentes. Et Ounas est l’un des rares joueurs de l’effectif à avoir ce profil selon moi. »