Leenhardt : « Je crois que le constat, même s’il ne fera pas plaisir, c’est qu’il n’y a pas un public de foot à Bordeaux »

Sur l’antenne de la radio GOLD FM, vendredi, la journaliste Lawrence Leenhardt, correspondante à Bordeaux pour L’Equipe, a livré une analyse plutôt très sévère sur… le public bordelais, qui n’a été présent qu’à hauteur de 18 000 personnes ce weekend contre Angers alors qu’il y avait eu plus de 30 000 personnes contre Saint-Étienne (1ère journée de Ligue 1) et environ 25 000 contre Nantes (3ème journée).

« Le constat que l’on fait depuis de trop nombreuses années, ici à Bordeaux, c’est que la désaffection du stade peut être très rapide et importante, mais qu’il n’y avait pas non plus foule quand ça allait très bien. Ça ne me surprend pas mais ce qui me désole un peu c’est que les gens, après avoir été très critiques sur l’équipe, à raison, ne sont plus du tout venus au stade. Il ne faut pas non plus que les spectateurs soient ultra exigeants, car critiquer sans jamais aller au stade, je trouve que c’est un peu léger quand on se dit supporter. Il y a beaucoup de supporters à Bordeaux, si on lit sur internet et on écoute ce qui se dit, alors qu’ils aillent au stade, et pas que sur trois gros matches. Après, s’ils veulent voir uniquement du beau jeu, tout le temps, ou des stars comme au PSG… Il faudrait plus d’équilibre entre les attentes du public, auxquelles le club, SBA, qui gère le nouveau stade, et l’équipe actuelle essayent de répondre, et le soutien de ce public.

(…) C’est vrai que 18000 personnes contre Angers c’est très peu dans un stade de 42000 places. Le public ne suit pas assez son équipe, c’est vrai. On peut dire que c’est à cause de la conjoncture économique, mais vous croyez qu’à Saint-Étienne ou ailleurs il y a plus de moyens qu’à Bordeaux ? En prenant en compte toute la population du bassin aquitain et de la région bordelaise, on peut très bien avoir 25000 ou 30000 personnes qui viennent dans un stade à chaque rencontre. Mais bon, ce n’est comme ça ici. Le constat est là, il ne faut pas chercher plus loin. On a la dent dure quand ça ne va pas, et on fait un peu la moue même quand ça va mieux.

On sait que le public bordelais est très difficile. Il faut d’abord être champion pour que le stade soit plein… Depuis des années, on se plaignait du recrutement, et il a quand même été très intéressant cet été. Les premiers résultats sont intéressants. Mais on n’est pas une ville de foot, point-barre. Je crois que le constat, même s’il ne fera pas plaisir, c’est qu’il n’y a pas un public de foot à Bordeaux. Je vais recevoir plein d’insultes, mais ce sera de la part des mêmes qui ne vont pas au stade… Et je sais qu’il y a aussi des vrais supporters, qui vont régulièrement au stade, et ce quoi qu’il arrive. Évidemment qu’il y en a ! On arrive encore à faire 18 000 personnes au stade quand même… Et il y a 10 000 abonnés. Mais bon, quand on pense que le record c’était « seulement » 15000, l’année d’après titre… On se dit que 10 000 abonnés, pour un club comme Bordeaux, si on regarde les chiffres d’autres clubs moins prestigieux et si on compare par rapport aux bassins de population de ces clubs, ce n’est pas grand-chose. Pourtant, il n’y a que Bordeaux comme club de foot de haut-niveau dans la région. Ça devrait drainer du monde. Alors qu’en Bretagne, par exemple, ils ont plusieurs clubs entre Guingamp, Lorient, Rennes etc… Donc il n’y a pas d’excuses à se chercher, en parlant seulement d’horaire, de pouvoir d’achat, de spectacle, Bordeaux n’a pas un public de foot, point. »