Gourvennec : « Il y avait deux choses, le niveau et le timing »

En plus du cas épineux de Frédéric Guilbert, la venue de Jocelyn Gourvennec dans les studios de GOLD FM, a été l’occasion pour le coach bordelais de détailler comment il avait géré la hiérarchie des gardiens de but sur le début de saison.

« Je vais me réexpliquer, car il y a deux choses. Je comprends très bien qu’on puisse dire, par rapport à sa carrière, que Cédric Carrasso, le gardien N°1 des Girondins, est meilleur que Jérôme Prior. Sur la carrière, le vécu et les qualités, sans doute… Simplement, j’ai été très pragmatique sur un timing. Il faut comprendre que quand on a repris la saison, Cédric reprenait à peine l’entrainement collectif. Il a intégré les jeux un peu avant la fin juillet, il a eu le feu vers de son chirurgien dans ces eaux là. On a fait toute la préparation avec Jérôme dans les buts, car Paul Bernardoni était en sélection avec les U19. Début août, Cédric a pu rejouer une première mi-temps contre Lorient en match de préparation. Derrière il y avait un dernier match de préparation et j’ai estimé que c’était prématuré  de redémarrer tout de suite avec Cédric, en ayant très peu de recul sur la manière dont il se comportait en match. C’était donc logique de continuer avec Jérôme, qui avait fait de très bonnes choses en préparation, mais qui avait été aussi en dents de scie sur certains matches. Alors on est parti avec Jérôme. J’ai beaucoup échangé avec lui. J’ai d’abord eu un discours clair, aussi avec Cédric, pour leur expliquer mon choix. J’ai beaucoup parlé avec Jérôme pour le tranquilliser, c’est un garçon qui  peut être parfois un peu nerveux, assez réactif quand les choses ne se passent pas comme il veut sur les entrainements ou lors des matches. Il fallait lui apporter beaucoup d’apaisement pour qu’il démarre bien la saison. Cependant, on a continué à voir sur le premier match et sur le deuxième match des petites choses qu’on avait déjà vues avant. Mais en même temps c’était bien lui qui était le plus prêt pour démarrer le championnat.

Après le match de Toulouse, où il a énormément subi, ou on a retrouvé de manière un peu plus prononcée des choses vues sur le match de Saint-Étienne mais aussi sur quelques matches de préparations, avec des choses négatives qui revenaient, je n’ai pas vu, malgré les échanges que j’ai eus avec lui, d’amélioration…  J’ai vraiment essayé de beaucoup le tranquilliser, et je trouve que ça n’a pas eu trop d’effet. La pression, ça fait partie du métier et il faut l’assumer. Jeune ou pas, gardien ou joueur de champ, vous prenez toujours la place d’un autre… Quand on est compétiteur et qu’on veut jouer, il faut assumer. Et Jérôme a montré de la fébrilité… Mais ça me paraissait complètement logique qu’il démarre la saison parce qu’il avait fait toute la préparation. Ensuite, c’était aussi mon devoir de changer la donne parce que j’ai trouvé beaucoup trop de fébrilité chez Jérôme, et je lui ai expliqué. Le match de Cédric contre Nantes a rassuré tout le monde, car il est revenu avec plus de calme, de clarté dans ses décisions. Ça a été un choix assez logique. Mais il ne faut pas tout mélanger. Il y avait le niveau de Cédric Carrasso en tant que tel et là-dessus il n’y a rien à dire, il fait une grande carrière et c’est un grand gardien, mais il y avait une question de timing sur le début de saison et je pense que c’était irresponsable de ma part de lancer Cédric avec à peine dix jours de jeux ou de match dans les jambes.Cédric a fait ce qu’il fallait contre Nantes, il a rejoué contre Tours ce weekend en amical, donc c’est dans la logique des choses de continuer avec lui, il a rassuré tout le monde et a amené son expérience. A lui de rester ainsi, d’être encore plus prêt et présent. Jérôme, lui, est allé jouer en CFA 2, c’était nécessaire pour qu’il reste dans le rythme du jeu, en plus de s’entraîner.

On a aussi Paul, qui n’a pas pu trouver un challenge et qui reste donc travailler avec nous. Cela ne pose pas de problèmes, car mon travail d’entraîneur il est aussi, en partie, voire beaucoup, d’anticiper les choses. A mon arrivée, j’ai échangé avec les uns et les autres pour que les choses soient claires. Si un joueur vit mal une décision, on en parle, mais c’est sa responsabilité d’accepter les choses. Avec Paul, il était clair, il le savait très bien, qu’on ouvrait la porte pour un prêt, mais il n’a pas trouvé de challenge intéressant pour lui afin qu’on aille dans son sens, pour qu’il joue. Je suis désolé pour lui qui ça n’ait pas pu se faire, mais son traitement reste très bon ici, aux Girondins, avec un très bon contrat, d’une durée de 4 ans encore, donc il ne doit pas avoir état d’âme dans son travail. C’est un jeune joueur en devenir et le danger pour lui, comme pour tout joueur, ce n’est pas le stress, c’est d’avoir des états d’âme.Mon rôle est d’essayer de les éviter, mais quand ils sont présents le joueur doit faire des efforts pour les effacer. »