Rohr : « Ce match risque d’être le plus beau de la compétition »

Aussi interrogé par le site du journal Le Monde, Gernot Rohr, franco-allemand, réaffirme qu’il voit bien le pays où il a fait l’essentiel de sa carrière (surtout comme joueur à Bordeaux) l’emporter sur celui de ses origines lors de la demi-finale de l’Euro qui a lieu ce soir.

« La France n’a plus gagné depuis 1958 contre l’Allemagne, c’est vrai, mais toutes les séries ont une fin. L’Allemagne considérait aussi l’Italie comme sa bête noire, mais a fini par gagner en quarts de finale. Dans les matchs amicaux, la France l’a souvent emporté, mais c’est vrai que quand le résultat compte les Allemands se serrent les coudes. Ils savent rester unis et solidaires dans ce genre de match. Il n’y a aucune revanche à prendre sur 1982 et 1986. Ce n’est plus la même génération, qui vivait dans l’héritage de la guerre entre les deux pays. Et puis, qui parmi les joueurs des deux équipes se souvient des épisodes de 1982 et 1986 ? A mon avis, très peu. La seule constante, c’est la qualité mentale des Allemands. Mais pour le reste, on peut dire que ce sont les deux meilleurs adversaires du monde aujourd’hui. Après les attentats du 13 novembre, les deux équipes ont partagé ce moment ensemble et dans le respect. C’est aussi la preuve qu’il y a une bonne entente entre ces deux nations.

(…) Depuis 1982 ou 1986, le football a beaucoup changé. L’évolution a été énorme. On est passé du marquage individuel au marquage de zone. Les qualités athlétiques sont devenues primordiales, ça joue court, avec beaucoup de combinaisons. C’est un autre football que lors de ces années-là. Et surtout, l’arrogance allemande a disparu. Jürgen Klinsmann puis Joachim Löw, les deux derniers sélectionneurs, ont insufflé une mentalité très différente à leurs équipes. Les Allemands sont confiants, mais pas arrogants, contrairement à il y a une vingtaine d’années. Ça change la donne.

(…) Si je devais faire un pronostic, je dirais que la France a 51 % de chances de l’emporter, compte tenu des absences et de la confiance qu’ils ont emmagasinée contre l’Islande. La France n’est pas outsider contre l’Allemagne, à mon avis. Quand vous jouez le champion du monde et qu’il y a une finale à décrocher à domicile, vous ne pouvez pas être outsider. Ce match risque d’être le plus beau de la compétition, d’autant plus avec l’ambiance qu’il va y avoir au Stade Vélodrome de Marseille. »