Courbet : « Pour repartir de l’avant, il va peut-être falloir passer par une ou deux saisons de disette »

Plus besoin de le rappeler, Julien Courbet, natif d’Eysines, reste très attaché aux Girondins de Bordeaux, dont il est supporter et pour qui il a été speaker du Parc Lescure. Interviewé par So Foot, l’animateur bien connu du paysage audiovisuel français revient sur cette passion et juge le FCGB actuel.

« Je suis bordelais, déjà. Et j’ai un frère, qui a dix ans de plus que moi, qui m’a emmené voir un match pour mon dixième anniversaire. C’était un match amical entre Bordeaux et le Santos de Pelé, au Parc Lescure. Donc voir Giresse d’un côté, et Pelé de l’autre, cela a été une révélation. Depuis, je ne rate quasiment aucun match des Girondins. Quand j’ai commencé à gagner un peu ma vie, je me suis payé un abonnement en virage, puis quand j’ai gagné un peu plus, en tribune de face, puis en tribune d’honneur. Et aujourd’hui, je suis invité par le club. J’ai aussi fait pas mal de déplacements en voiture. J’allais voir les matchs à Nantes, à Niort ou à Montpellier. Maintenant, je vais les voir quand ils jouent à Paris, ou dans le Nord. Et je redescends à Bordeaux à chaque fois que je peux, pour voir des matchs.

(…) Mon meilleur souvenir, c’est un Bordeaux-Marseille, à l’époque où Tapie et Bez se haïssaient. Les deux équipes sont en tête du championnat, et Raymond Goethals est l’entraîneur des Girondins. Avant le match, je chauffe le stade comme jamais. Je hurle pendant un quart d’heure, je mets une ambiance de fou. Et Bordeaux gagne 3-0. Le lendemain, je reçois un coup de fil qui m’annonce que M. Goethals veut me voir. J’y vais tout penaud, pensant que j’avais dit une énorme connerie. Goethals me reçoit dans son bureau, et me dit : «  Monsieur, je tenais à vous dire qu’hier, j’étais en train de parler aux joueurs dans les vestiaires, et je leur disais : « Écoutez ce public ! Vous n’avez pas le droit de les décevoir ! » Donc c’est un peu grâce à vous qu’on a gagné.  » Et je suis reparti tout fier.  Un autre moment unique, c’est lorsque je suis descendu sur la pelouse pour animer avant Bordeaux-Milan, en 1996. Je croise le regard de Lizarazu, et il a des cernes, les traits tirés. Le masque, limite la bave aux lèvres. Et c’est pareil pour tous les autres Bordelais, qui ne s’adressent pas la parole, pas une tape amicale, rien. Et de l’autre côté, je vois les Italiens, chaussettes baissées, en train de se vanner. Là, j’ai senti qu’il allait se passer quelque chose. Et sur le deuxième but de «  Duga  » , j’ai cru que le stade allait s’effondrer. J’ai embrassé des types que je ne connaissais absolument pas, en pleurant de joie, comme si on venait d’annoncer la fin d’une guerre.

(…) Je ne comprends pas trop la stratégie, d’un point de vue sportif. Après, Bordeaux perd de l’argent, et Nicolas de Tavernost veut équilibrer les comptes. Donc ça, OK. Ce qui est plus difficile à comprendre, c’est qu’on a acheté trois joueurs, Pablo, Kiese Thelin et Gajić… qui ne jouent jamais. Ils ne sont même pas remplaçants, c’est le centre de formation qui alimente l’équipe. C’est là-dessus qu’il faut se poser des questions. Mais là, j’ai l’impression que Bordeaux est vraiment dans un mauvais cycle, avec une scoumoune extraordinaire. Les blessures, la suspension de Pallois… Pour repartir de l’avant, il va peut-être falloir passer par une ou deux saisons de disette, histoire de se débarrasser de certains contrats pour repartir à zéro. »