Sagnol : « Quand on n’est pas décisionnaire, on subit toujours, mais aussi les bonnes choses »

Dans le dernier numéro de France Football, une très longue interview de Willy Sagnol est publiée. En plus de quelques analyses sur le jeu et la formation des joueurs, l’entraîneur des Girondins de Bordeaux parle en détails de son quotidien dans le club aquitain.

« Il y a un an, je n’avais pas une énorme connaissance des Girondins. Mais ce club fait partie du patrimoine national, du top 5 des grands clubs français depuis 30 ans. Je suis venu pour ce pédigrée. C’était une chance extraordinaire pour une première expérience. Un an plus tard, je découvre encore. Je suis confronté à certaines réalités. Des concurrents de Bordeaux il y a quelques années sont loin devant financièrement. Et je ne parle pas du PSG. L’écart avec l’OL, Monaco, Marseille et même Lille ou Saint-Étienne augmente et des formations comme Rennes et Montpellier nous talonnent. Au niveau du budget, on est plus près de Reims ou de Bastia que de l’OM.

(…) La politique d’investissement menée à l’arrivée de Laurent Blanc a sans doute refroidi les ardeurs des dirigeants. (…) Bordeaux doit vendre avant d’acheter, et même vendre et ne pas acheter à la hauteur des ventes, ou bien laisser partir et ne pas toujours remplacer, et puis ouvrir la porte aux jeunes. C’est un processus qui va prendre du temps. On ne peut pas vouloir former encore plus nos joueurs pour les revendre après, sans prendre le temps. On ne peut pas demander la même performance immédiate à un joueur qui sort de notre centre ou qui vient de Serbie ou de Suède, qu’à un joueur expérimenté de 28-29 ans. Nous sommes aussi obligés d’intégrer beaucoup de jeunes qui ne sont pas passés par la case post-formation, un passage très important avant de toucher au plus haut niveau. (…) Quand on n’est pas le décisionnaire, on subit toujours. Mais on subit aussi les bonnes choses, les belles surprises. Sur le fond, ça ne change pas mon travail. Car il se résume à tirer 100% de l’effectif mis à ma disposition. Après, ça peut nous changer les objectifs. Tirer 100% des Girondins n’aboutit pas à la même finalité que tirer 100% du PSG.

(…) En janvier dernier, les arrivées de Chantôme et de Kiese Thelin venaient combler un marché déjà déséquilibré, entre le nombre de départs et d’arrivées à l’été 2014. Il était convenu qu’avec la vente tardive de Sacko au Sporting Portugal, dans les dernières heures du mercato estival, alors qu’on ne pouvait plus se retourner, on ferait un effort en janvier. Les arrivées de Thelin et de Chantôme ont déjà été remboursées avec la qualification en Ligue Europa. Sans ces renforts, nous n’aurions jamais atteint cet objectif en fin de saison. »