« Permettre aux supporters de choisir un nom pour leur nouveau stade »

« Ce choix symbolise le combat pour un football populaire : on veut un nom qui dure »

 

« Adieu Lescure nous a occupé pendant des mois, mais on avait gardé cette histoire du naming dans  un coin de la tête et on a réagi vite quand c’est tombé pour la Matmut. On s’est tout de suite mis d’accord sur un principe de consultation populaire, car il était évident pour nous que le peuple devait choisir. Mais ensuite il y a eu des débats idéologiques profonds.  Car ce choix, ce n’est pas rien. Il symbolise le combat des Ultramarines pour un foot populaire, que certains mènent depuis très longtemps. On touche là de très près le fond même de tout notre engagement. Aussi, le but étant que le nom populaire de notre stade dure pendant de très longues années, l’enjeu dépasse là le simple fait d’être ultra ou non, comme pour Adieu Lescure. C’est donc très important et il fallait s’adresser encore à tous les supporters. »
 

« On respecte la Matmut qui met de l’argent, mais le naming n’est pas naturel »

« Pour nous, le directoire des Ultramarines, avec des anciens et des nouveaux dirigeants, il a fallu beaucoup discuter sur chaque nom qu’on recevait et sur le nombre de propositions à soumettre aux supporters. On a parlé de 10, puis de 3, avant finalement d’arriver à 5. Pour obtenir l’avis des gens, on a dû passer par les réseaux sociaux, où on a vu certaines choses assez dures à encaisser parfois. Il y a eu une incompréhension dans le fond. Certains pensaient que nous voulions imposer un nom de remplacement ou que c’était de l’opposition au foot business. Mais nous ne sommes pas fous. On sait que le naming c’est 20 millions d’euros sur 10 ans et on avait bien noté, dès le départ, que ce procédé allait ainsi être utilisé pour le nouveau stade. Donc bon, on l’accepte, contraints et forcés, mais on veut être fins et efficaces pour le contrer car il n’est pas naturel. Nous voulons installer un nom durable, pas comme celui d’une marque qui peut changer dans 10 ans selon les contrats, et qui entre dans le langage courant des Bordelais. Après, on a du respect pour la Matmut car il faut de l’argent dans le foot, et merci à eux d’en mettre à Bordeaux pour être partenaire de ce stade. Sauf que nous on veut utiliser un nom populaire et qui résiste au temps. »

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« On ne pensait pas trouver un nom aussi fort que celui de René Gallice »

« On s’est vraiment tous demandés quels étaient les critères nécessaires qui nous permettraient de trouver le nom idéal pour nous. On en a retenu deux principaux : que ça rentre verbalement dans le langage courant et que ça ait du sens, une valeur symbolique durable, par rapport aux Girondins et à la ville de Bordeaux. Le non-respect d’un de ces deux critères était éliminatoire. On a, par exemple, reçu beaucoup de noms avec Atlantique, mais dire « Je vais à l’Atlantique », ça veut dire quoi à long terme ? L’Atlantique c’est la plage, c’est le FC Nantes aussi… On dirait même un nom d’aéroport ! Donc on a analysé tous les noms proposés, et là on tombe sur Gallice. Bien entendu, on le connaissait ce nom, car on connait notre club, mais quand on s’est renseigné après sur l’histoire de la personne on a tous adorés, à l’unanimité. Le parcours de René Gallice, c’est une vraie légende ! On ne pensait pas trouver quelque chose d’aussi fort. Je mets d’ailleurs au défi une tribune de supporters d’une autre équipe de trouver un tel parcours dans l’histoire de son club.

(…) Rencontrer André et Jean Gallice, ses enfants, qui ont aussi joué à Bordeaux, ça nous a conforté dans notre envie d’appeler ce stade du nom de René Gallice. Ce sont des gens très humbles, qui aiment Bordeaux, qui aimaient Lescure, qui incarnent l’âme de notre club et de notre ville à travers leur fidélité. (…) Avec Lescure, on a vu qu’à la fin on avait gagné le combat du nom, grâce au peuple. On avait fait le boulot pendant des années en refusant de dire Chaban, et pour le dernier match tout le monde ne parlait d’ailleurs que de Lescure. Alors soyons patients pour ce nouveau combat sur le nom du stade. A terme, il y aura des tifos, des t-shirts, des écharpes, des chansons avec le nom qui sera choisi… On l’utilisera à fond, pour qu’il soit adopté et reste dans les mémoires des supporters. »

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« Cela nous gêne de prendre position, mais on se mouille et on fait confiance à l’intégrité du public »

« Au niveau de la prise de position des Ultramarines et de l’organisation du vote, tout comme pour les choix des propositions, il y a eu de grands débats de fond. Dans l’absolu, on aurait aimé que tout le monde se renseigne sur chaque proposition comme nous on l’a fait. Mais bon, avec tout le respect que j’ai pour l’ensemble du public, on sait bien que chacun ne va pas faire l’effort. Alors, vu que Gallice faisait l’unanimité chez nous et qu’on savait bien qu’il n’était pas si connu du grand public, même si ça nous gêne de prendre position, on a décidé de le faire en expliquant pourquoi nous on voulait ce nom. On est conscient qu’on se mouille, car on peut perdre, c’est là un grand risque pour nous… Et on insiste sur le fait que malgré notre prise de position pour Gallice, tout le monde peut voter ce qu’il veut.

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Au sein de l’asso, quelques uns, dont Laurent (Perpigna NDLR), était très attachés à l’idée qu’on ne prenne pas position et qu’on laisse chacun libre de se renseigner… ou non. Mais on a tranché entre nous, à la majorité. On se dit qu’on a quand même un rôle de guide à jouer, on devait montrer la voie qu’on trouvait la meilleure à tous nos membres, à nos sympathisants, et aux supporters. Ils restent cependant libres de leur vote. On fera les choses bien pour organiser ce vote et je vous assure qu’il n’y aura pas de bourrage d’urnes (rires). Vu que le vote est ouvert à chacun, par correspondance postale – cette possibilité est terminée – ou au stade ce samedi contre Lyon, on sait bien qu’il peut en théorie y avoir de la fraude. Nous sommes une association qui organisons une consultation populaire, ce n’est pas l’état qui organise un vote politique… Mais on fait confiance à l’intégrité du public. On se dit qu’il y a tout de même une certaine démarche à faire et que les gens seraient fous de frauder sur ce sujet, en votant s’ils ne sont pas supporters des Girondins par exemple. »

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« Des urnes dans les coursives, un dépouillement public au local après la rencontre »

« Demain (aujourd’hui), autour de la table de vente des Ultramarines, il y aura des urnes. Tout le stade pourra aussi venir voter grâce à deux urnes situées dans les coursives, de chaque côté du Virage Sud, avec l’accord du club. Nous invitons vraiment tous les supporters à venir le plus tôt possible, à prendre le temps de voter, et même à venir, aussi, assister au dépouillement après la rencontre, qui sera fait dans notre local (rue Edouard Faure, non loin du nouveau stade). D’autres associations de supporters seront représentées : Handi Fan Club, Irréductibles, Marine et Blanc Ile de France. C’est important qu’ils soient là pour appuyer notre démarche et crédibiliser ce vote. Après, j’ai peur qu’il n’y ait pas un engouement de tout le stade, mais on verra bien. On donnera le nombre de votants. Le résultat sera rendu public dans la soirée ou dimanche matin. Nous tâcherons ensuite d’utiliser et de faire vivre ce nom, qui sera la fierté des supporters bordelais et que nous utiliserons pour parler de notre stade, de notre maison. »

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