Le 4-3-3 comme seule solution ?

Huit journées de championnat, quinze buts marqués. Bordeaux est aujourd’hui la troisième attaque de Ligue 1 sur le papier derrière Paris (27 buts pour) et Monaco (22). Une place que les hommes de Gourvennec partagent avec l’Olympique de Marseille qui compte également 15 buts inscrits depuis la première journée de championnat.

À première vue, et sur le papier, ces statistiques ont naturellement de quoi séduire. En détails, le meilleur buteur des Marine et Blanc n’est pas seul puisque Malcom et Younousse Sankharé comptent 4 réalisations, représentant donc plus de 50% des buts marqués par les Girondins en championnat.

Derrière, deux bordelais sont à 2 unités chacun : François Kamano et Alexandre Mendy. Première apparition d’un avant-centre dans ce classement donc avec la présence de l’ancien guingampais.

Valentin Vada, Jonathan Cafu et Lukas Lerager complètent ce classement côté girondin avec une réalisation chacun.

Sur les 15 buts bordelais recensés en championnat, deux seulement viennent donc d’un « pur avant centre » nommé Alexandre Mendy. Arrivé en provenance de Guingamp pour une somme inférieure à 1M€, le natif de Toulon se place donc aujourd’hui devant Nicolas De Préville arrivé à la toute fin du mercato et qui n’a pas encore scoré avec le FCGB*, ou encore devant Gaëtan Laborde, relégué au rang de troisième attaquant depuis le début de ce nouvel exercice.

*2 buts en 4 matches avec Lille, cependant.

Avec Malcom et Sankharé, Bordeaux a donc trouvé la faille grâce à des solutions externes au seul avant-centre aligné. La liberté de Malcom et la présence de Sankharé, qui évolue parfois comme second attaquant, se retrouvant dans la surface au bon moment, portent pour l’instant Bordeaux. Un Bordeaux qui se classe aujourd’hui 6ème de Ligue 1 après son match perdu à Paris sur un score de set de tennis (2-6).

Nicolas de Préville, toujours en rodage


En plaçant près ou plus de 10M€ sur Nicolas de Préville, Jocelyn Gourvennec et les Girondins ont choisi de mettre les moyens pour signer un coup sur le front de l’attaque. Si les qualités de l’ancien lillois sont bien connues de la Ligue 1, celui-ci ne compte pas encore de but sous les couleurs du FCGB et surtout de match référence. Pire, lorsqu’il a voulu forcer le destin en tirant un pénalty face à Guingamp, c’est François Kamano qui a dû terminer le travail (1-0, 31ème). Cependant, les repères et les mouvements affichés avec l’international guinéen ou encore Malcom, Cafu ou Sankharé ont de quoi présager un déblocage prochain. Face à Nantes le week-end prochain cela pourrait d’ailleurs être quitte ou double : l’attaquant français sera-t-il en souffrance face au physique des défenseurs canaris ou parviendra-t-il à les faire souffrir en misant sur les remises et (dé)placements malins ?

Alexandre Mendy, la planche utile


Transféré de Guingamp cet été, Alexandre Mendy a un profil atypique. Du haut de son mètre quatre-vingt six, le bordelais a montré en début de saison qu’il était toujours en phase d’apprentissage et qu’il y avait encore beaucoup de travail pour être le « tueur » tant attendu devant – si toutefois Jocelyn Gourvennec le voyait dans ce registre -. Pour autant, son travail de sape et ses entrées en jeu se sont montrés intéressantes, surtout et bien sûr face à Guingamp, où il a permis aux Bordelais de pouvoir repasser devant au score (2-1, 75ème). Un profil toujours utile dans une saison, pour pas cher en plus.

Gaëtan Laborde, l’oublié


Meilleur buteur des Girondins la saison passée toutes compétitions confondues (13 buts), Gaëtan Laborde compte deux titularisations seulement en ce début de saison. Deux titularisations connues en Europa League, face à Videoton, qui font donc très léger avec ces 112 minutes jouées en 5 bouts de matchs de Ligue 1 depuis le début de saison. Difficile de trop savoir ce qu’il se passe du côté du Haillan concernant ce joueur. Une digestion de la saison dernière qui ne passe pas pour le natif de Mont-de-Marsan ? Un transfert refusé à Nice dans les dernières minutes du mercato qui lui reste en travers de la gorge ? Ou tout simplement une baisse de niveau observée aux entraînements ? Quoiqu’il en soit, Gaëtan Laborde ronge aujourd’hui son frein sur le banc.

Un schéma tactique adapté pour les avants-centres ?

Avec son désormais traditionnel 4-3-3, Jocelyn Gourvennec a joué la continuité cette saison : la « pieuvre » aperçue avec Toulalan lors de la seconde partie de saison dernière est aujourd’hui jouée par Otávio et Bordeaux travaille au milieu avant de lancer toutes ses offensives. Si les statistiques offensives sont plus que correctes, comme vu précédemment, la question sur le nom à cocher en attaquant de pointe se pose toutefois : aujourd’hui, ni Gaëtan Laborde, ni Alexandre Mendy, et ni Nicolas de Préville n’ont trouvé leur bonheur à ce poste, se contentant de matchs poussifs ou dans l’ombre de leurs coéquipiers des ailes ou du milieu.

Alors, voilà : Jocelyn Gourvennec doit-il revoir son organisation offensive pour jouir pleinement du potentiel qu’il a à disposition ? La première réponse serait un ‘Non’. Non, Bordeaux marque des buts en 4-3-3 et un schéma ne doit pas être revu pour un joueur ou deux en particulier.

La seconde possibilité de réponse amène à une réflexion plus poussée : changer de système, ok, mais quand et comment ?

Comment ? Cela reste à définir : une attaque à deux dans un éventuel 4-4-2 avec deux meneurs excentrés ? Un schéma en 4-4-2 losange avec un Malcom en électron libre, soutenu par un système de milieux se rapprochant des dispositions du 4-3-3 et laissant alors penser à un 4-3-1-2 ?

Quoiqu’il en soit, les profils offensifs pourraient afficher une belle complémentarité sur le papier : Nicolas de Préville et Gaëtan Laborde pourraient alterner leurs courses et placements pour s’entre-aider et se partager les rôles de 9 et 9,5 ; l’un des deux hommes pourrait également bénéficier du travail de sape d’Alexandre Mendy devant la défense adverse… Les combinaisons et possibilités tactiques existent bien. Des combinaisons qui engendreront bien sûr des contraintes : enlever un ailier, un milieu ?

Mais quand ? Il faudrait en réalité regarder du côté de l’adversaire à jouer et du contexte : match à domicile, à l’extérieur ? L’idée de passer dans un nouveau schéma en cours de match est également monnaie courante chez les entraîneurs. Alors, pourquoi pas ?

S’il ne s’agit pas de jeter aux oubliettes un schéma en 4-3-3 qui fonctionne, ces pistes de réflexion, qui permettraient de (re)lancer des joueurs dans une équipe qui tourne, peuvent être évoquées aujourd’hui. Le tout restant à voir tant la saison sera longue.

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