Sahnoun : « Fier d’avoir porté les couleurs de mon club formateur »

Bonjour Nicolas et merci encore une fois d’avoir accepté cette demande d’interview. Première question, toute bête, pour commencer tranquillement, comment vas-tu ?

Bonjour. Ça va plutôt bien, à part une petite blessure au genou contractée en fin d’année. Mais dans l’ensemble ça va.

Comment se passe ta saison de CFA 2 avec l’US Lège-Cap-Ferret, sur le terrain, individuellement et collectivement, mais aussi dans tes nouvelles fonctions de dirigeant ?

La saison a très bien débuté avec des résultats très satisfaisants lors des 6 premières journées. On est un peu plus dans le dur depuis novembre, mais le groupe est jeune et découvre le niveau national. Sur le plan perso, l’envie de jouer est encore là, mais l’envie d’entraîner est grandissante…

L’USLCF a connu pas mal de promotions successives et même remporté des trophées dans le monde amateur ces dernières années, quelles sont ses ambitions pour l’avenir ?

Le club a gravi les échelons très rapidement depuis 4 saisons puisque nous sommes montés tous les ans et avons remporté la Coupe d’Aquitaine pour la 1ère fois la saison dernière. Il faut maintenant pérenniser le club à ce niveau tout en restant ambitieux. Ce ne pas simple car notre éloignement ne facilite pas les choses, mais c’est aussi une valeur ajoutée car il y a une identité locale. On s’était fixé un objectif il y a 2 saisons qui était d’atteindre l’élite régionale et de figurer dans les 10 meilleurs clubs de la région, pour l’instant on est en avance sur nos prévisions mais on reste prudent et motivé pour se maintenir à ce niveau et continuer à nous structurer.

En plus de toi, l’équipe compte beaucoup d’anciens jeunes du centre de formation des Girondins (Jordan Mignon, Alexandre Martin-Cantero, Jordan Galtier, Corentin Galbardi). Simples coïncidences ou c’était voulu ?

Non ce n’est pas une coïncidence. Il y a aussi Léo Lopez, Raph Camacho et Gérald Cid qui sont investis dans le projet. Il y a, tout d’abord, des liens d’amitiés avec eux qui font qu’on prend beaucoup de plaisir à être ensemble mais aussi à essayer d’apporter notre vécu au groupe. Du côté des joueurs il me paraît évident qu’eux, comme nous (le club), peuvent être bénéficiaires de ce challenge. Ils ne sont pas passés pro aux Girondins mais ont tous des qualités et sont encore très perfectibles. Ils ont tous, en tout cas, un état d’esprit irréprochable et la soif de prouver qu’ils peuvent évoluer à un niveau supérieur.

Quand tu as décidé de stopper ta carrière pro, en 2010, ce choix a-t-il été facile à faire ?

Ce n’était pas un choix au départ. Ma dernière expérience à Montpellier n’était pas une réussite, aussi bien sur le plan sportif que sur le plan humain, j’ai donc décidé de rompre mon contrat pour repartir sur un nouveau challenge. Malheureusement, je n’ai pas trouvé ce que je cherchais et ce dont j’avais envie à ce moment la. Je regrette de ne pas avoir pu rejoindre un club de MLS (La Major League Soccer, le championnat nord-américain NDLR). J’étais proche de signer à Montréal mais ça ne s’est finalement pas fait. Aujourd’hui je vois toujours certains joueurs de ma génération qui joue encore mais je ne suis pas aigri pour autant. Je suis passé à autre chose et je suis très satisfait du travail accompli ici avec les gens que je côtoie. J’ai pu passer mes diplômes d’entraineur, je me sens prêt et j’ai hâte de commencer…

Après ta carrière en pro, pourquoi as-tu eu envie de poursuivre dans le monde amateur ?

Le monde amateur m’a permis de voir les choses différemment et surtout d’adapter mon niveau d’exigence. Depuis 4 ans, j’ai rencontré des personnes attachantes et très investies. J’ai un regard différent sur les attentes que peuvent avoir les personnes qui gravitent autour d’un club : spectateurs, supporters, dirigeants… C’est enrichissant.

Pour en revenir à ta carrière dans le monde des pros, quel regard tu portes dessus ? As-tu des regrets ?

Ma carrière pro m’a permis d’assouvir le rêve qu’on peut avoir quand on est enfant et qu’on aime le foot. C’est ça l’essentiel. J’ai bien gagné ma vie, j’ai voyagé, j’ai rencontré des personnes intéressantes, des cons aussi. Je suis fier d’avoir porté les couleurs de mon club formateur, mais aussi du club ou mon père est décédé. (Omar Sahnoun, père de Nicolas, ex joueur de Nantes, Bordeaux et des Bleus, est décédé en 1980 d’un arrêt cardiaque pendant un entraînement avec les Girondins, quelques mois seulement avant la naissance de son fils. NDLR) Je regrette un peu d’avoir quitté bordeaux à 24 ans car j’aurais bien aimé y passer un peu plus de temps. Mais, malheureusement, le club n’avait pas souhaité prolonger mon contrat à l’époque.

A part la France, tu as évolué aussi en Angleterre et en Espagne, quels souvenirs tu gardes de ces expériences à l’étranger ?

L’étranger c’est différent. La culture pour le foot permet au footballeur de s’épanouir énormément. J’ai connu l’Angleterre et l’Espagne qui sont, peut être, les deux meilleurs championnats au monde mais je garde quand même une préférence pour le championnat anglais car c’est le paradis pour un footballeur. Hormis la bouffe c’est un régal !

Lors de ton prêt à Fulham, tu as connu Jean Tigana comme entraîneur. A Bordeaux, il a été en échec quand il est revenu sur le banc. Qu’as-tu pensé de lui en Angleterre ?

Tigana est le genre d’entraîneur que je n’aimerais pas être ! Il était distant, égoïste et ne m’a pas aidé durant mon passage à Fulham. J’ai compris, plus tard, que j’aurais du signer un contrat avec son ami agent pour avoir un temps de jeu plus élevé… À 20 ans, j’ai été sûrement trop naïf. Il est cependant un bon manager qui, grâce à son vécu, à réussi car il a su choisir ses joueurs dans le club où il était. Quand vous entraînez Monaco et que vous comptez dans votre groupe Henry, Trézeguet, Gallardo, Barthez, Collins etc Je pense qu’il est plus facile d’avoir des bons résultats, à partir du moment où vous vous appuyez sur des joueurs qui gèrent votre vestiaire. À Fulham, quand nous avons gagnés le titre de Championship, il y avait 27 joueurs dans le groupe pro dont 20 internationaux. Quand il venu à bordeaux, ce n’était pas le cas je crois…

A travers les cas de Marc Planus et de Matthieu Chalmé (pour prendre des exemples bordelais et des joueurs que tu as connu dans ta formation) on voit que les « vieux » sont souvent critiqués, surtout en France. Tu vois les choses comment sur ce point ?

C’est vrai, en France on juge souvent un joueur en fonction de son âge. Penser que Planus ou Chalmé vont devenir meilleurs en vieillissant je n’y crois pas, mais, par contre, je sais que Marc a donné pour le club depuis qu’il est en débutant et que Matthieu a passé également plus de 20 ans avec le scapulaire, même si il y a eu un passage à Lille. Je comprends qu’ils puissent, des fois, ne pas être aussi performants qu’a 25 ans, mais je pense qu’on n’est pas assez reconnaissant en France par rapport au passé d’un joueur dans son club. Je ne sais pas si Carragher à Liverpool à toujours été l’homme du match lors de ses 3 ou 4 dernières saisons mais son apport dans le groupe et dans le club savait être reconnu.

Aujourd’hui, tu suis toujours le foot pro ? Et les Girondins ?

Oui bien sûr que je suis ça de près ! Je vois beaucoup de matches de niveaux différents d’ailleurs. En France, mais aussi à l’étranger quand je peux. J’ai côtoyé Rudi Garcia et Fred Bompard à Dijon et je suis resté en contact avec eux depuis. Je vais souvent les voir bosser depuis 2 ou 3 ans. J’apprécie beaucoup leur façon de travailler. A Bordeaux, je viens au stade de temps en temps et au Haillan aussi. J’ai gardé des contacts avec pas mal de personnes au club, aussi bien entraîneurs que staff médical et ceux qui travaillent dans les bureaux. J’ai passé 17 ans aux Girondins, je connais encore un peu la maison. J’y reviendrai peut être un jour…

Que peut-on te souhaiter pour cette année 2014 ?

De continuer à prendre du plaisir dans mon rôle de directeur sportif et de joueur et que le club de Lège-Cap-Ferret fasse une bonne deuxième partie de saison.

Pour finir, un mot pour les supporters bordelais ?

Je vous invite tous à venir voir un match de championnat à Lège, sur le Bassin, avant la fin de saison, vous y verrez d’anciens jeunes et moins jeunes du club des Girondins de Bordeaux. J’ai passé de très bon moments avec le maillot des Girondins et je suis sûr qu’on se reverra. 😉

Merci beaucoup à Nicolas Sahnoun pour sa gentillesse, sa franchise et sa disponibilité. Nous lui souhaitons beaucoup de joie et de réussite dans ses projets futurs et espérons le revoir bientôt.