Les Girondins et Gillot encore largement critiqués


Bordeaux 4ème de Ligue 1 après 18 journées, il fallait bien se résoudre à en parler…
Durant la première partie de « L’After Foot » d’hier soir, l’équipe présente dans le studio d’RMC s’en est chargée (podcast à écouter à partir de 30.33).


Mais, comme souvent (toujours ?) ces derniers mois, même quand les résultats reviennent et que certains chiffres et certaines attitudes semblent traduire une amélioration notable de la situation bordelaise et mériteraient de vraies analyses, ce sont les mêmes sous-entendus négatifs, les mêmes moqueries, la même mauvaise foi, la même mémoire très sélective, les mêmes remarques teintées de mauvais esprit, les mêmes clichés réducteurs que ceux ressortis à tout bout de champ depuis le début de l’ère Gillot qui ont constitué les arguments de chacun. Les différents intervenants se sont, en effet, livrés à un exercice pour le moins réussi (et pas forcément appliqué à toutes les équipes) : celui de minimiser les bonnes choses pour ne retenir que le pire et le prédire également pour la suite.


A partir de retranscriptions faites par nos soins des échanges verbaux prononcés à l’antenne, voici ce qui a été dit sur Bordeaux, dont le cas a été traité après un long débriefing du match Lyon – Marseille (2-2) de dimanche soir.

Daniel Riolo : « Lyon doit mieux faire que ça, ce n’est pas possible (…) Il y a des possibilités à Lyon qu’on ne voit pas ailleurs en dehors des 3 premiers vous ne trouvez pas ? Tu ne peux pas me dire aujourd’hui, dans cette Ligue 1, que Lyon doit être derrière Bordeaux. »
Gilbert Brisbois
: « Bordeaux n’a rien de plus que Lyon… »
Jean-François Pérès : « Lyon est plus fragile que Bordeaux quand même, la preuve avec le match de Marseille et contre Valenciennes l’autre fois… »
Riolo : « Plus fragile de quoi ? Tu as une équipe avec des joueurs de foot et une autre qui est là par hasard et qui ne va peut-être pas y rester. Soyons sérieux. Qui est meilleur que Lyon actuellement, à part les 3 premiers ? »
Eric Di Méco : « Rappelez-vous de ce qu’on disait sur Bordeaux il y a quelques semaines, avant qu’ils n’enchaînent les victoires. Ça peut aller vite avec des équipes comme ça, qui ont un potentiel pour aller en haut et qui sont capables de faire des choses. »
Riolo : « Je me méfie de la vérité du résultat d’aujourd’hui… »
Di Méco : « D’après moi, Lyon va finir dans les 5 premiers… »

(…)
Brisbois : « On va parler de Bordeaux après la pause… »
Pérès : « Aaahhh enfin du spectacle ! (rire collectif) »

(…)
Brisbois : « Bordeaux… Ah Bordeaux ! Mais finalement les gars, Bordeaux, n’est-ce pas la quintessence de la vraie bonne Ligue 1, celle où on s’emmerde mais où on est quand même 4ème ? Bordeaux est-il le reflet de cette Ligue 1 qui brille au firmament de l’Europe ? »
Riolo : « On devrait lancer un jeu concours. Qui, en dehors d’un supporter très assidu et passionné, peut regarder un match de Bordeaux en entier sans s’ennuyer ou sans aller chercher un truc au frigo et faire exprès de ne pas trouver son frigo ? »
Pérès : « J’ai vu Bordeaux une fois en intégralité cette saison, c’était un dimanche à 14 heures et c’était la plus petite affluence à Chaban-Delmas depuis 15 ou 20 ans… Ils en avaient planté 4 contre Ajaccio. C’est donc quand il n’y a personne au stade qu’ils nous font un match à peu près cohérent avec des buts sympas et un contenu plutôt agréable. Après, pour le reste… »
Brisbois : « Peut-être que Gillot nous a banané en fait. C’est lui qui passe les messages et qui rend Bordeaux rébarbatif par son discours… »
Riolo : « Mais c’est lui qui a été le plus dur avec ses joueurs. Plus que nous et que tous les observateurs. Lui et Triaud… »
Brisbois : « C’est peut-être un fin stratège finalement ? »
Riolo : « Non ce n’est pas un fin stratège. En ce moment, c’est une période où ça tourne, ça ne tournait pas au début de saison et ça ne tournera bientôt plus. Et ils peuvent même terminer 4èmes… Qu’est ce que ça peut faire ? On se posera la question du « à quoi bon ? », parce que l’Europe ne les intéresse pas. Donc pourquoi ils y retourneraient ? Ils ont gagné la Coupe de France, mais vous vous en souvenez ? (s’adressant à Jeff Pérès) Même en l’ayant commenté je suis sûr que c’était pas un souvenir très présent dans ta tête avant que je t’en parle… »
Pérès : « C’était un match sympa, mais je me souviens plus des Savoyards que des Bordelais à vrai dire… »

Pérès, Riolo et Di Méco font ensuite mention des propos de Bernard Bosquier tenus dans L’Équipe ce weekend et dans lesquels l’ex défenseur international se montre très critique vis-à-vis de Francis Gillot (mais aussi d’Elie Baup et de l’Olympique de Marseille, où il a joué). La discussion rebondit là-dessus, après une petite réflexion comique sur la théorie connue, selon laquelle un entraîneur ressemblerait à son équipe (et l’inverse) comme un maître à son chien et vice-versa…

Pérès : « Pour en revenir à Bordeaux, ce que dit Bosquier sur Gillot est évident. Ca coule de source. Gillot participe à l’ennui qu’on a avec Bordeaux et au fait qu’on ne regarde plus cette équipe… »
Riolo : « Effectivement, l’attitude de Gillot est très ennuyeuse. L’entendre, le lire, l’écouter c’est chiant à crever… Mais ce qui fait la particularité de Bordeaux, c’est juste qu’on s’ennuie car le jeu est chiant. Il y a des joueurs qui sont très moyens. Gillot est arrivé avec l’image d’un entraîneur qui faisait bien jouer ses équipes, rappelez-vous. Peut-être qu’à l’époque on y croyait… En Ligue 1 on aime les entraîneurs « à projet ». C’est la mode. Quand ça ne joue pas bien, mais que tu as un « projet », ça va…  Tu peux continuer, un peu. »
Brisbois : « Le problème au fond c’est que… Vous les regardez du début à la fin les matches de Bordeaux vous ? »
Pérès : « Ben non, je te l’ai dit… »
Riolo : « J’en ai vu plusieurs quand même… »
Brisbois : « Donc peut-être qu’on a un espèce de présupposé concernant Bordeaux, mais que ça ne correspond pas complètement à la réalité des choses en fait… »

Riolo : « On a, au moins, vu les derniers matches et ceux en Ligue Europa où c’était nul. J’ai vu Bordeaux – Lille, ils ont gagné mais bon on s’est bien fait chier quand même… »
Pérès : « Et ben voilà, on a vu un but ! »
Riolo : « Il y a bien Obraniak comme joueur au dessus du lot…. »

La conversation est coupée par l’annonce d’un but dijonnais face à Clermont lors du match de Ligue 2 se jouant pendant l’émission, puis Frédéric, un supporter bordelais, auditeur de l’émission, se joint au débat par téléphone. Devant le « Salut l’After » très peu enjoué qu’il balance en introduction, Daniel Riolo, Eric Di Méco, Julien Cazarre (venu en cours d’émission) et Jeff Pérès s’empressent de le chambrer et de faire un parallèle avec la situation du FCGB. Une petite pique de bonne guerre à laquelle Frédéric répond… en tendant l’autre joue bien évidemment, ne faisant que compléter (et même amplifier) le discours de sinistrose déjà énoncé en long et en travers par les membres de « L’After »:

« J’ai vu un match de Bordeaux hier donc vous comprenez… Vous avez raison sur pas mal de choses donc je ne vais pas aller contre ce que vous dites. Oui, c’est dur de ne pas s’emmerder devant un match de Bordeaux depuis 2-3 ans. L’équipe a baissé de niveau, comme le club qui a perdu en standing. Aujourd’hui, à Bordeaux, le résultat compte, malheureusement, plus que la manière et être 4ème c’est déjà bien, surtout vu le classement et le jeu atroce du début de saison. Après, c’est consternant pour la Ligue 1 qu’une équipe comme Bordeaux soit 4ème après 18 journées sans fond de jeu et avec une pauvreté technique hallucinante. On devrait être 8 ou 9ème…

Sur les forums qui parlent des Girondins on sait très bien et on est tous consterné. Ceux qui ont 30-40 ans, ou plus, ou moins, et qui suivent depuis longtemps savent que ça devient n’importe quoi à cause d’M6, du manque d’investissement. Le pire, c’est ce qui est très pervers, c’est qu’avec une saison pas trop dégueulasse niveau résultats, même si on a été horrible sur toute la ligne, ça justifiera le non recrutement de Triaud et d’M6 qui vont dire qu’on se plaint pour rien. Mais ensuite on va faire une saison pourrie. »

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S’engouffrant dans la brèche face à un supporter si pessimiste, correspondant parfaitement à ce dont « L’After » avait besoin pour conclure ces 5 minutes de débats passées à enfiler les critiques faites et refaites sans faire aucune analyse de fond ni parler vraiment de jeu (et même en reconnaissant ne pas voir les matches !), le trublion Julien Cazarre vient terminer la démolition et achève le bal avec un trait d’humour :

« Mais pourquoi tu déprimes déjà sur l’année prochaine ?!? Profite de la déprime de cette année… Chaque déprime en son temps ! Là, ce qui est dommage, c’est que tu as une vraie déprime à vivre, mais sous prétexte qu’il y a 2-3 bons résultats tu te projettes sur l’année prochaine. Ne t’inquiète surtout pas, ça va aller beaucoup moins bien très vite ! Bon, je pense qu’on a assez parlé de Bordeaux donc merci Frédéric.Au revoir et à bientôt ! »

Effectivement, en parlant à peine plus de 5 minutes, « L’After Foot » en a sans doute trop dit sur Bordeaux ce lundi soir… Ou plutôt pas assez. A la fois en volume de temps (surtout en comparaison de la demie heure passée sur Marseille-Lyon, déjà décortiqué à chaud la veille) et, plus grave encore, en valeur dans l’analyse… Mais des fois, il vaut mieux ne rien dire du tout que parler pour ne rien dire ou dire du mal gratuitement car c’est la mode de taper sur telle ou telle équipe. Surtout quand on ne voit pas les matches.

Car malgré la présence d’une part indéniable (et parfois grande) de vérité
dans les critiques adressées, le problème de fond est plus vaste que de savoir dans quelle mesure une critique ou un compliment est juste, car chacun aura son avis. Le souci majeur c’est que les débats, même s’ils sont faits par des anciens joueurs et/ou entraîneurs pros, ainsi que par des spécialistes reconnus, ne nous apportent pas forcément grand-chose de plus que la plupart des discussions de comptoir du weekend entre supporters.

Aucune analyse, aucune explication, juste des clichés dits et
redits depuis des mois, le tout avec, en plein milieu, un bel aveu comme
quoi ils ne regardent pas les matches ou alors pas souvent et pas en
entier. De quoi donner beaucoup de crédit à leurs brillantes
argumentations.

Heureusement qu’ils ne sont pas payés pour dire
ça et écoutés par des centaines de milliers de gens qui attendent d’eux
une certaine expertise…


A partir du
moment où un émission comme « L’After Foot » décide de consacrer une partie de son programme à un
club (Bordeaux comme un autre), il est tout de même regrettable que les intervenants se contentent de redire
bêtement les mêmes clichés comme s’ils étaient des faits
établis et immuables…

Si on en vient à parler de de Bordeaux c’est car
Bordeaux est 4ème. Et la moindre des choses, pour une émission de grande écoute comme celle ci,
c’est bien de poser le débat en se demandant pourquoi les Girondins sont à cette place.
Or, à aucun
moment il n’est fait mention du fait que Bordeaux soit la 4ème meilleure
attaque de Ligue 1 ex aequo, que les Girondins restent sur 26 points en
13 matches, que Gillot – qui a eu des résultats partout où il est passé
– essaye de jouer avec deux attaquants à chaque match ou presque, que
le plantage plus ou moins volontaire en Coupe d’Europe (aussi critiquable soit-il) n’est pas une habitude maison – cf 2012/2013 déjà – ni une
exclusivité bordelaise, que le milieu Sertic – Nguemo – Maurice-Belay –
Obraniak n’est pas le plus défensif ni le moins bon du championnat dans la
qualité technique, que gagner 2 fois de suite à 10 contre 11, à Guingamp
et contre Lille, ce n’est pas donné à tout le monde. Bref, rien n’est dit pour tenter d’émettre la folle idée que la bonne dynamique révèle sans
doute un peu plus que de la simple chance…

Encore une fois, que chacun puisse penser que l’embellie bordelaise ne durera pas pour X ou Y raisons est un avis tout à fait recevable et
il y a bien des arguments pour le dire. Mais, à partir du moment où les membres de « L’After »
décident de parler de Bordeaux car Bordeaux est 4ème de L1, ils n’ont
pas le droit de balayer d’entrée les faits d’un argument massue du type
« Ils sont là par hasard » ou « On se fait chier » balancé sans réfléchir…

et sans avoir vu de matches surtout. En lisant le débat retranscrit ci dessus, avez-vous l’impression que Bordeaux est 4ème, ou 14ème ? Pourquoi personne ne cherche à dire
autre chose que du mal d’une équipe qui est 4ème ?


Quand on
entend ce qu’ils disent sur Lyon (10ème avec 6 points de moins que
Bordeaux) juste avant, le contraste est saisissant. Idem quand Daniel Riolo envoie une fleur à Lorient en affirmant que leurs 5 victoires de rang ne sont
pas du hasard car il les obtiennent par le jeu… A quoi sont dues les 4 de Bordeaux
alors ?

Mais comme il est toujours de bon ton de
dire du bien de Lorient et du mal de Bordeaux (depuis 2 ans au moins),
pourquoi essayer de remettre en doute les a priori ? Même si le
classement après quasiment la moitié du championnat y incite…
C’est si facile de ne pas faire l’effort de
se remettre en cause.

Le but n’est pas, ici, de reprocher aux médias d’être
partial à la base vis à vis de Bordeaux, cela serait avoir la mémoire bien courte et oublier les analyses dithyrambiques (et pas forcément mieux argumentées) sur le FCGB de la période Blanc (un homme largement plus impliqué dans le milieu médiatique que ne l’est le taiseux Francis Gillot). L’idée n’est pas non plus de défendre une « théorie du complot » contre Bordeaux.
Mais on est tout de même en droit de se demander si le travail est bien fait. Quand il y a si peu de nuance et de recul dans
les analyses, ni de volonté d’aller contre les idées reçues, qu’elles soient
en bien ou en mal, on serait plus tenté de répondre non.

NB : Le pire dans l’histoire, c’est que ce raisonnement, illustré par un exemple concret avec « L’After Foot » de ce lundi 16 décembre, peut se faire avec (presque) toutes les émissions généralistes sur le foot… Le Canal Footballl Club en tête. Et qu’il ne s’applique pas qu’à Bordeaux bien évidemment.