Triaud : « Oui, la L1 s’appauvrit. Les talents s’en vont mais ce n’est pas nouveau »

En complément d’un article sur les grosses difficultés économiques du football français dans sa globalité, particulièrement visibles lors de ce dernier marché des transferts par rapport aux grands voisins européens, Eurosport a réalisé une interview du président des Girondins Jean-Louis Triaud dans laquelle un certain fatalisme domine assez nettement.

 » C’est la même chose tous les ans, rien ne change. Oui, la L1 s’appauvrit. Les talents s’en vont mais ce n’est pas nouveau. Souvenez-vous de Kakuta, Varane, Pogba etc. Si on peut remplacer les joueurs qui partent par des jeunes du centre de formation tout en faisant du profit, pourquoi se priver ? Ce sont les lois du marché.

(…) Pour Hadi Sacko, les clubs français voulaient des prêts et il n’en était pas question. Nous pensions le garder mais le Sporting est venu nous voir et on a été étonné par l’offre que les Portugais nous ont soumise. Nous avons une solution pour le remplacer avec un jeune du centre de formation donc nous l’avons laissé partir.

(…) Oui, nous ne dépensons pas des millions mais, en terme de gestion, c’est bien et nos actionnaires sont heureux. Le challenge est sportif ET aussi économique. Nous, clubs français, ne vivons pas avec des millions d’euros de crédit sur le dos et nos droits télé ne sont pas les mêmes que ceux de l’Angleterre.

(…) On voit le bout du tunnel mais on continue d’éponger après les prolongations de 2009. Nous avons fait signer des contrats de 4 ans qui arrivent à échéance. On arrive désormais à un niveau plus satisfaisant de la masse salariale.

(…) La concurrence est de plus en plus rude. Il y a toujours un milliardaire qui traîne dans des pays exotiques comme à Chypre par exemple et qui investit. Dans certains petits pays d’Europe, il existe toujours un club qui profite du système qu’a instauré Michel Platini, participe à la Ligue des champions et a de quoi investir. Ce genre de clubs viennent se servir en Ligue 1.

(…) Les pays plus riches nous devancent et nous ne rattraperons pas l’Italie, l’Angleterre, l’Espagne et l’Allemagne. Ça se joue entre le Portugal, la Russie et nous. Mais en Russie, il suffit qu’un milliardaire se prenne d’amour pour un club pour mettre des moyens colossaux. Le Portugal a des accords de travail avec le Brésil et les clubs portugais ont le droit à plus de joueurs extracommunautaires. Ils utilisent des fonds d’investissement pour attirer des cadors, ce qui est interdit chez nous. Lorsqu’on a joué le Maritimo Funchal, on a constaté qu’il possédait une flopée de joueurs brésiliens de 17-18 ans. Ils ne coutent rien et peuvent rapporter gros. Nous ne pouvons pas lutter. « 

Les propos alarmants de JLT sont corroborés par ceux de Stéphane Courbis agent professionnel (Chantôme, Aurier, Digard, mais aussi Carrasso, Sertic ou encore Sagnol) qui explique : « Je suis inquiet pour la Ligue 1. La France devient un marché de seconde zone et si deux ou trois investisseurs ne se décident pas à prendre en main des clubs de L1, on est mort ! On limitera la casse lors des 3 ou 4 prochaines années avec les droits TV ou l’Euro mais, ensuite, on aura le même championnat qu’en Belgique ou aux Pays-Bas avec une ou deux têtes de gondoles et plus rien derrière. (…) La pression fiscale est telle sur les joueurs et les clubs en France qu’ils préfèrent partir à l’étranger dans des clubs peut-être moins ambitieux.  »