Thicot : « Ce n’est pas ce qu’Hatem et Jérémy souhaitaient quand on a commencé »

Aujourd’hui joueur de Tondela (D1 portugaise), après des passages en Roumanie et en Écosse, le défenseur central Steven Thicot, formé au FC Nantes, était le capitaine de l’équipe de France U17 championne d’Europe en 2004. Pour RMC Sport, il est donc revenu sur la trajectoire de cette fameuse « génération 87 », dont Samir Nasri, Hatem Ben Arfa et, bien sûr, l’actuel attaquant bordelais, Jérémy Ménez, sont des « symboles ». Un témoignage plein de mesure et d’intelligence :

« Je ne sais pas si c’est la pression, mais on a tellement parlé de nous, parce qu’il y avait beaucoup de joueurs de talent au niveau offensif, qu’il y avait beaucoup, beaucoup d’attentes. Mais il ne faut pas oublier que ces jeunes-là, qui étaient mes camarades, n’avaient que 17-18 ans. Je pense qu’on aurait dû être un peu plus indulgent. Si on avait réussi à trouver la complémentarité entre les joueurs, les coachs, les clubs et les sélections, on aurait vraiment régné sur le football européen et mondial. J’en suis persuadé, ce n’est que mon avis personnel. On ne fait pas une équipe qu’avec des joueurs offensifs, mais je pense qu’on était vraiment bien servi avec tous ces joueurs offensifs.

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Pour moi, Hatem et Jérémy, c’est du gâchis parce qu’ils ont tout. Ce sont des mecs qui vivent, pensent, mangent football. Je qualifie leur carrière de gâchis. Je sais que ce sont de vrais amoureux de football. Et je sais qu’eux-mêmes, intérieurement, même s’ils ont une très belle vie et ont joué dans de grands clubs, ce n’est pas ce qu’ils souhaitaient quand on a commencé. Ils avaient des attentes énormes, beaucoup de projets pour marquer l’histoire du football. Après, ils ont des carrières que la quasi-totalité des joueurs aimeraient avoir. Mais il y a quand même ce petit hic par rapport à leurs carrières respectives. Enfin, tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir. A 30 ans, on est dans ses meilleures années de football. Il y a de la maturité sur et en dehors du terrain.

Il y a des éléments que je n’ai pas en ma possession mais, comme dans tout métier, il y a des tournants cruciaux dans une carrière. Je pense que pour eux, ces tournants ne se sont pas bien passés. Il y en a comme Fabregas ou Piqué qui ont tout gagné au niveau international. Et d’autres comme Jérémy et Hatem, qui n’ont pas donné tout ce qu’ils pouvaient à leur sélection. Pour les connaître, la plupart des choses que je lis sur eux, je n’y prête pas attention car je sais que ce n’est pas vrai, notamment au niveau de la mentalité. En quatre ans de sélection, je n’ai jamais eu de problèmes avec eux, notre sélectionneur n’a jamais eu de problèmes avec eux. On ne change pas du tout au tout. Peut-être que dans notre pays, on a un peu plus de problèmes avec certains types de joueurs, à gros caractère. Peut-être qu’on n’accepte pas que des joueurs très jeunes puissent avoir des avis. Peut-être qu’à certains moments, ils ont fauté aussi. »