Planus : « Mon grand frère Pierre m’a ouvert la voie »

Retraçant avec lucidité le long fil de sa carrière, et même de sa formation, aux Girondins de Bordeaux, le défenseur Marc Planus, sur le point de – probablement – jouer samedi son dernier match (le 300ème en L1) avec le FCGB, le 1er dans le Nouveau Stade, se livre dans dans L’Équipe.

« Mon grand frère Pierre m’a ouvert la voie et montré la violence du monde du football. Pierre a été capitaine de la réserve pendant deux ans. Il a longtemps été le grand espoir du club, le petit protégé tellement il était poli. Sauf qu’au haut niveau, il faut accepter de prendre la place de quelqu’un. Si ce n’est pas toi, c’est un autre. Ou alors, t’es un génie. Et lui, il n’avait pas cette mentalité de tueur. Comme beaucoup, il a galéré après le CFA pour retrouver un club. Après avoir bourlingué pendant dix ans en National, il est revenu vivre chez nos parents. Sans rien ou presque. Il a eu une force de caractère monumentale pour s’inscrire à l’école d’ostéopathie. On parle de courage quand on joue dans un stade de soixante mille personnes. Mais il faut aussi en avoir pour entrer dans un amphithéâtre à trente et un ans.

(…) Mes années les plus dures, ce n’est pas quand j’ai été blessé. C’est quand j’étais au centre. La veille du match de la montée contre La Rochelle [avec l’équipe réserve bordelaise], Jean-Louis [Garcia, le coach] distribue les programmes de reprise pour les pros. Il ne me le donne pas. Dès le lendemain, je vais dans son bureau, je vois mon nom avec un point d’interrogation sur un calendrier. Ne sachant pas quoi me dire, il téléphone à Camporo [alors directeur sportif]. Qui me demande de venir le voir. Là, il appelle Elie [Baup, l’entraîneur des pros], en vacances à Bali. Il lui répond : ‘’Bah, t’as qu’à lui dire de venir’’. Un mois et demi après, je signe pro. »