Gernot Rohr commente l’actu bordelaise

Sélectionneur du Burkina Faso depuis quelques mois, Gernot Rohr accordait une interview à Corse Matin, lui qui a été entraîneur d’Ajaccio. L’ancien des Girondins juge la Ligue 1, qu’il suit depuis l’Afrique et parle de l’actu du FCGB, pour qui il n’a malheureusement pas pu se libérer de ses obligations lors des festivités pour « Adieu Lescure » et de l’inauguration du nouveau stade.

« Le Sporting Club de Bastia a enfin un vrai stade à la hauteur de ce qu’il mérite. Je me souviens du vieux Furiani que j’ai découvert en 1977 avec Bordeaux. J’y ai d’ailleurs disputé mon premier match à l’extérieur avec les Girondins et on avait gagné, après que Claude Papi avait marqué un but en s’aidant de la main. En ce temps-là, ce n’était vraiment pas évident de s’imposer à Bastia et quand tel était le cas, les sorties étaient plutôt houleuses. Moi qui passais pour un bagarreur, j’ai même pris quelques bonnes châtaignes en fendant la foule au moment de rejoindre le bus. Maintenant quand j’y pense, je rigole, mais sur le coup c’était chaud…

(…) Avec le satellite, on a toutes les chaînes de foot, comme Canal et beIN. J’ai trouvé la saison de L1 plutôt intéressante, avec bien sûr la domination logique des riches. Si on jette un œil sur le classement, on s’aperçoit bien que les six premières places sont occupées par des grands clubs. Je suis heureux de voir Bordeaux, où j’ai passé 21 ans comme joueur puis entraîneur, jouer l’Europa Ligue la saison prochaine, à la faveur du succès de Paris sur Auxerre en Coupe de France.

(…) Mon meilleur souvenir d’entraîneur est sans doute l’épopée européenne de 1996 avec Bordeaux. L’équipe jouait la Coupe de l’UEFA après s’être qualifiée en Intertoto et elle avait beaucoup de mal en championnat. Ce qui avait coûté sa place à Slavo Muslin au mois de février. A l’arrivée, on a réussi à se sauver grâce à la montée en puissance des futurs champions du monde, Zidane bien sûr, mais aussi Dugarry et Lizarazu que j’avais eus en formation et sur lesquels j’ai pu m’appuyer. Au bout, il y a eu cette fabuleuse épopée… J’ai d’ailleurs revu les images dernièrement à l’occasion de l’inauguration du nouveau stade de Bordeaux et notamment ce quart de finale contre le Milan AC. On avait perdu 2-0 à l’aller et tout le monde nous avait enterrés face à ce grand Milan de Capello, champion d’Italie en titre. Les Italiens ont eu le tort de nous prendre de haut. Moi j’étais convaincu qu’on pouvait faire l’exploit.

A la causerie, j’ai insisté sur le cœur, la foi qu’il fallait mettre. Je leur ai dit que tout le monde nous croyait dehors, mais que si on avait la chance de marquer le premier but, tout serait possible. C’est ce qu’on a fait et derrière, Lescure s’est embrasé. Le public bordelais, d’habitude plutôt froid, a été exceptionnel en jouant à fond son rôle de douzième homme.

(…) Je trouve le Nouveau Stade de Bordeaux formidable. Un écrin tout blanc, aéré, chaleureux et très bien situé, à Bordeaux Lac. C’est l’outil qui manquait aux Girondins pour franchir un palier. Avec le Haillan, ils avaient déjà un centre d’entraînement au top, au milieu de son château qui incarnait l’histoire. Avec ce nouveau stade, ils peuvent penser au futur. Ils ont tout pour bien travailler.

(…) J’ai un petit peu parlé avec Zidane de sa nouvelle carrière sur un banc. Il ne se sentait pas de prendre des pros tout de suite et c’est pour ça qu’il a commencé par les jeunes du Real. Mais on voit déjà qu’il apprend vite. Ce qui n’a rien d’étonnant. C’est un garçon très intelligent. Si j’étais à sa place, j’attendrais encore quelques années avant de m’asseoir sur le banc du grand Real. Et selon moi, un passage par la Ligue 1 serait le meilleur des tremplins. Je suis également persuadé que Zizou sera un jour le sélectionneur de l’équipe de France. »