Diabaté : « Je ne voulais pas quitter l’Afrique »

Décidément, BeINSport sait y faire pour ce qui est d’obtenir des confessions de la part des joeuurs de foot en interview… Après la poignante interview de Mamadou Sakho en direct sur le plateau du « Club du Dimanche », c’est du côté de l’attaquant bordelais Cheick Diabaté que la chaîne s’est tourné. L’interview vidéo a été publiée sur le site le 23 novembre dernier et présente un aspect méconnu du Cheick, au-delà de sa situation actuelle de titulaire et de buteur N°1 des Girondins, celui de ses débuts dans le football au Mali et de ses difficultés à franchir le cap vers le haut niveau, d’abord  en partant pour l’Europe, puis en s’imposant à Bordeaux :

« On ne finit jamais d’apprendre. A force de jouer au foot et de parler avec ceux qui ont joué avant moi j’ai appris beaucoup de choses. Je sais maintenant qu’un attaquant ne peut pas marquer à tous les matches, c’est impossible ça ne s’est jamais vu.  Déjà que ce n’est pas facile non plus d’être bon à tous les matches… Il y a toujours des matches où tout va bien : la réussite, la bonne condition pour jouer, les coéquipiers qui jouent bien aussi ; et d’autres où ça se passe moins bien. Je garde ça en tête et quand ça va mal je me remets en question en me demandant pourquoi ça c’est mal passé pour bien préparer le prochain match et ne pas baisser les bras. »

« Au Mali tout le monde joue au foot… Sinon il y a le basket le karaté.  Comme je suis grand et que dans ma famille on jouait plus au basket j’ai essayé moi aussi, mais c’est le foot qui m’a attiré et ma famille m’a aidé. J’ai commencé dans la rue, dans la cour derrière chez moi plutôt, avant que mes parents me disent d’aller jouer dehors avec les autres. Ensuite on m’a demandé d’intégrer le centre Salif Keita, là où tout est parti. J’ai évolué là-bas, puis j’ai joué la Coupe d’Afrique des moins de 17 ans avec le Mali, où j’ai terminé meilleur buteur, et je suis venu à Bordeaux. J’avais beaucoup de propositions, des gens qui venaient voir mes parents, qui m’appelaient moi… Mais je ne voulais pas quitter l’Afrique. A la base, le foot n’était pas pour moi un moyen d’aller ailleurs, je pensais rester jouer près de ma famille. Donc, au début, j’ai refusé certaines propositions de clubs, sans essais ni rien, pour venir en Europe.  J’avais un peu peur, je ne savais pas comment ça allait se passer, je me posais des questions sur comment vivre loin de ma famille… Puis j’ai fini par accepter de venir en France. Mais au début ça n’allait pas du tout, je pleurais tout le temps. J’ai été deux semaines à Lille puis je suis allé à Bordeaux. Je me sentais seul au monde, surtout car je ne parlais pas le Français et que je ne comprenais rien. »

« Il y a eu des moments difficiles à Bordeaux. Sous Tigana je ne jouais pas beaucoup et j’ai eu des offres pour partir, des entraîneurs qui disaient qu’ils allaient me faire jouer si je venais. Mais j’ai répondu que je voulais partir la tête haute de Bordeaux, pas comme ça… Aujourd’hui, je ne me pose plus de questions. Je me dis que cette année Bordeaux compte sur moi , que je n’ai pas le choix et que je suis obligé de me battre, d’être bon. Je ne pense qu’à Bordeaux et je me dis que si je suis bon les choses viendront. Mais je ne pense pas à tout ça. »

NB : Retranscription faite par nos soins.