Bedouet : « Quand on parle de fatigue physique, souvent c’est lié au mental »

Qui a dit qu’il n’y avait pas de Bordelais à l’Euro 2016 en France ? Pas nous en tout cas, car on n’oublie pas Eric Bedouet, le préparateur physique des Girondins et, donc, des Bleus. A quelques jours du début de la compétition, il a expliqué à BeINSport quels étaient ses axes de travail.

« Globalement, dans le football européen, on voit au travers de toutes les blessures qu’il y a quand même beaucoup de fatigue. On se rend vite compte de ça. On ne peut pas dire sur un test particulier qu’on ressent de la fatigue mais globalement, il suffit de voir tous les blessés qu’il y a dans pas mal d’équipes nationales, de clubs… J’ai l’impression que dans les clubs, on a moins de régénération. Avant, on faisait de la régénération pour les joueurs, on faisait attention à ça, à les protéger aussi. La régénération, ce n’est pas de les empêcher de jouer, c’est, à un moment donné, faire un cycle de travail particulier qui va permettre aux joueurs, non pas de couler tout doucement, mais de repartir sur de bonnes bases. On va au bout du bout, à l’extrême limite et après le joueur il va se régénérer normalement, soit parce qu’il a été blessé et il doit se régénèrer, soit parce qu’il a eu une grosse méforme. C’est personnel cet avis-là mais j’ai l’impression que c’est un petit peu comme ça un peu partout, dans tous les clubs.

Quand on parle de fatigue physique, souvent c’est lié au mental, à l’aspect psychologique, sur lequel on demande vraiment énormément aux joueurs, nerveusement, même dans les sélections, mais surtout dans les clubs. Quand on s’aperçoit que l’équipe est vraiment fatiguée, on a tendance à dire ‘tiens, ils sont cramés, ils n’avancent plus…’, et puis on voit, en les testant, qu’ils sont très bien. Là, ils arrivent à un moment de la saison où, psychologiquement, il y a tellement une demande de résultat, une demande d’implication, de choses comme ça, que la tête, qui est l’ordinateur du corps, commence à bugger un petit peu. C’est normal, mais alors ça agit directement sur la physiologie. Donc, ce n’est pas la physiologie qui est en cause, c’est l’aspect mental.

Après quelques jours de collectif, on avait déjà anticipé pour individualiser, mais on va le faire de plus en plus car les résultats des tests on les a tout de suite. (…) Un joueur comme Antoine Griezmann, qui a terminé sa saison très tard avec l’Atlético Madrid, va être compliqué à gérer car il a été énormément sollicité en club. Il va falloir faire bien attention, l’écouter, déjà, savoir ce qu’il ressent. Il aura, comme tous les autres, une petite période de régénération. La plus courte possible. Ensuite, il devra repartir sur un cycle de travail, pour qu’il ne perde pas, qu’il ne plonge pas physiquement, qu’il s’oxygène le corps et l’esprit. Mais le connaissant, il va arriver pour retrouver ses copains dans une bonne ambiance, ce qui est très positif. »