Alain Giresse : « Je ne suis pas un frustré »

Sur les ondes d’RMC, hier, Alain Giresse, après avoir réaffirmé qu’il n’entraînerait jamais les Girondins de Bordeaux mais qu’il était en contact avec « des clubs d’Europe de l’Ouest », a répondu à une question sur l’étiquette de ‘sélectionneur en Afrique’ qu’il pouvait avoir, notamment en France. L’ex joueur de légende des Girondins (âgé de 65 ans), qui a géré les équipes nationales de Géorgie mais surtout du Gabon, du Mali et du Sénégal, confie ainsi son affection pour le continent africain.

« Pour entraîner à nouveau en France, il faut déjà se positionner, et savoir si on a envie de se ‘recranter’ dans le bain national de nos entraîneurs français. Pourquoi Rennes ou Metz n’ont pas pensé à moi ? Je ne sais pas, je n’ai pas été contacté. Je n’ai pas cherché à avoir de contacts non plus. Si c’est une question de réseau ? Peut-être, mais avant d’avoir un réseau, je crois qu’il faut faire savoir qu’on est intéressé pour revenir. Mais je ne me suis pas posé la question. Je n’ai pas fait de démarche donc je ne suis pas surpris de ne pas avoir été contacté. Mais vous savez, je ne crois pas qu’entraîner en Afrique donne une étiquette définitive dans une carrière d’entraîneur. Regardez Sabri Lamouchi, qui arrive à Rennes après avoir été sélectionneur de la Côte d’Ivoire, ou Hervé Renard par le passé. En tout cas, moi, je ne suis pas un frustré car je n’ai pas l’obsession de revenir entraîner en France. j’ai trouvé un vrai plaisir à entraîner en Afrique, et rentrer dans le circuit actuel de la France ne me tente pas. Ça ne me manque pas. Je dirai même que je plans les entraîneurs actuels de Ligue 1, car quand on connaît ce métier, et ses composantes, et qu’on voit ce à quoi ils sont confrontés au quotidien, notamment au niveau des médias… Je ne regrette pas.

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Si j’en ai marre de l’Afrique ? Ah non, pas du tout, car je retiens surtout les bons côtés, et pas les côtés sombres, auxquels on donne parfois de l’ampleur qui ne correspond pas à la réalité. Au Mali, par exemple, le président de la fédération avait évoqué le risque que je sois chahuté, que ma vie soit menacée ; mais quand je suis allé à Bamako, les gens sont venus d’eux-mêmes me dire qu’ils n’étaient pas comme ça. Donc attention à qui et à quoi on donne une résonance médiatique. Il ne fallait pas déjà s’imaginer que j’allais avoir besoin d’un gilet pare-balles et d’une tenue de combattant (sourire).

Vous savez, je pars du postulat qu’ancien joueur ce n’est pas une fonction, mais un statut. Il ne faut pas avoir l’impression qu’on peut enchaîner une carrière facilement après, en restant dans le foot. Si on on veut être entraîneur, manager, dirigeant, il faut passer des diplômes. Nous, la génération de joueurs de 82-84-86, peut-être que nous n’avons pas assez bien su nous vendre en montrant qu’on pouvait faire des choses… Pourtant, entre Luis Fernandez, Jeannot Tigana, moi-même ou Michel Platini, qui avait un vrai instinct en plus pour sentir le foot et voir les choses avant tout le monde, avons fait de belles choses. Je trouve que Michel manque au football en général, et il me manque notamment à moi. mais pas que… Car il a avait une grande connaissance du football, et il l’a montré en dirigeant l’UEFA.

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Mais aujourd’hui, notre génération, on doit aussi être ‘présentables’ (rire) ! Et peut-être qu’on ne l’est plus assez… En tout cas, je pense que la DTN, par exemple, n’aurait pas souffert de nous introduire dans les instances, comme ça se fait à l’étranger, avec des anciens qui ont gagné des titres. Après, pourquoi pas, un jour, en partant de la base du football, c’est à dire au niveau amateur, laisser d’anciens grands joueurs du pays s’impliquer. Il y avait Jean-Michel Larqué dans le Sud Ouest, il y a encore Albert Gemmrich à l’Est – et c’est un ami, avec qui j’ai joué aux Girondins, et que je salue – ; mais ils sont un peu seuls, et ce sont eux qui ont dû faire les démarches. »