Brégerie : « Je ne suis même pas sûr de revenir en France un jour »

Promu surprise en Bundesliga avec Darmstadt mais pourtant transféré cet été à Ingolstadt, également promu en « Buli », le défenseur central formé aux Girondins de Bordeaux Romain Brégerie (28 ans) était mis à l’honneur sur le site de France Football avec une longue et détonante interview que nous vous recommandons chaudement. Celui qui avait failli signer à Nantes en 2011, de son propre aveu, et qui a finalement atterri en D3 Allemande presque par défaut, nous présente son parcours très atypique, sportivement et humainement, et explique comment il s’est bien adapté puis imposé en Allemagne jusqu’à s’apprêter à découvrir donc l’élite d’Outre-Rhin dans quelques semaines. Brégerie compare aussi sans tabou les footballs français et allemand, et ça pique pour la Ligue 1…

« Dans le jeu, il y a une énorme différence : ici, ça n’arrête jamais d’attaquer. En quatre saisons en Allemagne, je n’ai jamais entendu un entraîneur dire : « Aujourd’hui, on ne prend pas de but ». Lorsque ça va à l’attaque, ça attaque systématiquement à six ou sept. Alors qu’en L2, avec Metz, il y avait des matches… (il soupire) J’avais ma ligne de quatre devant moi et ça ne bougeait pas. Derrière, on n’avait rien à craindre. Parfois, je rentrais sur le terrain en me disant qu’il y avait beaucoup de chances pour qu’on ne prenne pas de but… Ici, ce n’est pas du tout dans leur mentalité. Tous les coaches préfèrent un 4-4 qu’un 0-0. L’Allemagne offre plus de liberté au joueur qui a le ballon.

(…) La grande différence, c’est l’intensité dans les entraînements. Au début, tellement ça jouait fort, je pensais que c’était mon « comité d’accueil ». Mais non, c’est vraiment comme ça tout le temps ! Tout le monde donne tout aux entraînements, c’est ça la différence la plus notable. Après, on travaille moins dur physiquement qu’en France, et pourtant il y a plus de rythme dans les matches. C’est compliqué à expliquer…

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(…) Je mesure bien la chance que j’ai d’être là. Je sais que j’ai le niveau pour évoluer en L1. Je ne veux pas paraître prétentieux en disant ça, mais c’est pour faire comprendre qu’une carrière en L1 ne se joue pas forcément sur le niveau. Il y a des mecs qui sont lancés en L1 à vingt ans, qui ne sont pas meilleurs, mais ils arrivent à 100 matches de L1 à vingt-trois ans et du coup font leur carrière là-dessus. Ils vont toujours rester en L1, quoi qu’il arrive. Ils ont l’étiquette. Mais moi je n’ai pas du tout de regret par rapport à ça. J’ai galéré et j’ai gravi les échelons au fur et à mesure. La Bundesliga, c’est ma récompense. Je sais que je suis anoyme en France. Mais ce n’est pas du tout important pour moi. J’adorais déjà mon métier en National lorsque j’étais prêté par Bordeaux à Sète. Alors en Bundesliga… J’en tire de la fierté car j’ai vraiment pu faire mon trou en montrant que j’avais le niveau. Ici, entre un Allemand et un étranger du même niveau, ils font jouer l’Allemand, sans discussion. Et c’est normal. Il a fallu que je m’impose, que je sois meilleur que les autres. Maintenant, il va falloir que je prouve à l’étage supérieur. Et ça ne fait que commencer. Quand je suis arrivé, je n’avais pas un mot d’allemand. Aujourd’hui, je parle couramment. Ma copine, que j’ai rencontrée peu après mon arrivée, est allemande. Je ne suis même pas sûr de revenir en France un jour… Je suis vraiment bien adapté à ce pays. »