Planus : « Je laisse faire mon destin »

Depuis le début du mois, entre « Adieu Lescure » et l’entrée dans le Nouveau Stade, il est celui qui s’est le plus livré aux médias. Cette fois-ci, pour France Football, c’est très probablement la toute dernière fois que Marc Planus s’exprime publiquement en tant que joueur des Girondins de Bordeaux. Et pour cause, le défenseur de 33 ans qui va quitter son club formateur et de cœur, le seul qu’il ait connu, raconte la façon dont il a vécu le soir de Bordeaux – Montpellier, son ultime match avec le maillot marine et blanc sur les épaules.

« Lorsque l’arbitre a sifflé la fin du match, je me suis dit : « Ça y est, c’est vraiment terminé, tu passes à autre chose et cette tunique-là, tu ne la porteras plus ». Le maillot de ce dernier match, je l’ai gardé précieusement pour ma fille. En plus, il est floqué match inaugural du nouveau stade. Depuis que je suis passé pro, chaque saison, j’essaie d’en garder un de chaque couleur en souvenir. Ensuite, quand on a fait le tour d’honneur, j’ai essayé de ne pas me mettre en avant. J’avais déjà eu mon ovation contre Nantes et je n’avais pas envie d’accaparer les supporters une nouvelle fois. Je le répète : ils ont tous été magnifiques avec moi. C’était encore très fort samedi soir. Au niveau émotionnel, je n’ai pas été épargné.

(…) Dans le vestiaire, il y avait beaucoup d’agitation, tout le monde était pressé de partir en vacances mais c’est normal. J’ai pu dire au revoir au staff médical et au coach (Willy Sagnol), qui a eu des mots très sympathiques. Il m’a dit : « Je t’ai proposé de venir travailler avec nous (NDLR : intégrer le staff pro pour s’occuper des défenseurs), ça tient toujours, ne l’oublie pas parce que moi je ne l’oublierai pas. J’espère que tu me tiendras au courant de ce que tu vas faire. » C’est toujours compliqué de travailler avec des joueurs avec qui on a joué, en termes d’autorité et de crédibilité. Je me vois plus m’occuper d’un groupe de 4-5 joueurs qui seraient amenés à passer du CFA au groupe pro, les superviser, les suivre, leur donner des conseils, et déterminer le plus rapidement possible s’ils sont capables de passer professionnels. C’est peut-être un rôle que je pourrais avoir. Pour ce que le coach m’a proposé, je n’ai pas dit non, je n’ai pas dit oui parce que je voudrais jouer encore un peu. Pour l’instant, les contacts les plus concrets viennent du Golfe. Mais je prends mon temps et si les propositions ne sont pas intéressantes et que je décide de rester dans le milieu du football, peut-être que je reviendrai ici. Il arrivera ce qu’il arrivera, je laisse faire mon destin. J’en ai aussi profité pour lui souhaiter bonnes vacances parce que la saison a été riche en émotions, surtout pour un jeune entraîneur.

(…) J’avais laissé ma voiture devant l’hôtel, à deux kilomètres du stade, et je suis rentré à pied. Sur le chemin, j’ai pu lire tous les messages de sympathie que l’on m’avait envoyés, j’ai pris des photos avec des gens qui m’ont souhaité beaucoup de belles choses pour la suite et, dans les embouteillages à côté de moi, les gens klaxonnaient. Voilà, c’était hyper agréable, ça aussi c’était beau à vivre. Et c’est sûr que ces deux kilomètres-là, je m’en souviendrai.

Cette nuit-là, j’ai fait en sorte de ne pas dormir. Je suis allé passer la soirée dans le centre de Bordeaux, avec mes deux meilleurs amis. On est allés manger, boire un verre et on a fait en sorte de rentrer en même temps que le soleil se levait. Mais comme ma fille était debout à 7h30, au moment même où j’arrivais, je n’ai finalement pas dormi. C’était encore mieux, comme ça je n’ai pas eu à faire de rêves, ni de cauchemars. J’ai passé un bon dimanche avec ma fille pour contrer le pseudo-blues qui aurait pu s’installer. Disons que j’ai su prendre mes précautions pour que tout aille bien (rires). »