Lescure, une renaissance pour Trésor, un tombeau pour Juninho

« Lors de ma première sélection en Bleu, à Rotterdam face à la Hollande,
j’avais derrière moi Mr Marius Trésor. J’étais rassuré, car jouer avec
Marius c’était énorme !
». C’est par ces mots élogieux que Luis Fernandez a introduit le passage de Marius Trésor, hier sur RMC. L’animateur radio, nouveau sélectionneur de la Guinée d’un certain Pascal Feindouno, a laissé ensuite à l’ancien défenseur international le soin de raconter ses souvenirs du Parc Lescure, à quelques heures du dernier match des Girondins de Bordeaux dans cette enceinte

« Ce stade, qu’on appelait uniquement Parc Lescure à l’époque, a été pour moi comme une seconde vie. J’arrivais de Marseille, qui descendait en D2, et le président Claude Bez m’avait fait confiance en me faisant venir avec Aimé Jacquet, alors nouvel entraîneur. J’ai vraiment retrouvé l’envie de jouer au foot à Bordeaux, avec tous les garçons qui m’entouraient : Giresse, Lacombe – pas Jean Tigana car il est arrivé après -, René Girard, Jean Fernandez que je connaissais de Marseille, François Bracci aussi… J’ai été vite intégré dans une très belle ambiance, et dans un beau stade Lescure, en plein centre ville, que je découvrais, même si j’y avais déjà joué. Je n ‘avais pas eu le temps de tout inspecter en tant qu’adversaire, et avec Bordeaux j’ai passé des moments extraordinaires dans ce stade. (…) Mon meilleur souvenir à Lescure ? Contre la Juve en 85, j’avais arrêté, j’étais spectateur. En tant qu’acteur, je citerais le match contre Split, après avoir perdu 4 à 1 chez eux. Tout le monde nous disait éliminé, mais grâce à la magie du sport, nous avions gagné 4 à 0 lors du retour. Je ne l’oublierai jamais. Je me souviens aussi d’un match de championnat contre Nantes, où on mène 2-0 tranquillement avant de se retrouver à 2-2 à la 88ème minute. Et sur la dernière action, je décale Alain Giresse sur le côté et il me la dépose – avec la main j’aurais presque cru – sur la tête, nous permettant de gagner 3-2. »

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Fernandez a ensuite enchaîné : « Chaban-Delmas, je me souviens que je n’y ai pratiquement jamais
gagné.
C’était dur. Et puis il y avait ce tunnel, ce fameux tunnel qui
n’en finit pas !
Tu as envie d’aller sur le terrain, mais tu tournes, tu
tournes… Avant d’y arriver. Mais c’est un endroit qui sent le football,
dans une très belle région et une ville qui aime le football. »

Pour sa part, l’ancien milieu offensif de l’Olympique Lyonnais Juninho, désormais consultant sur la radio RMC, livre aussi des souvenirs contrastés, mais respectueux, d’un stade qu’il redoutait : « J’ai beaucoup d’admiration moi aussi pour Marius. A Bordeaux, j’y ai déjà gagné avec Lyon, mais je n’ai jamais marqué contre eux. C’était toujours très très difficile à Lescure, la réussite ne venait pas souvent, surtout au début quand Lyon n’était pas encore trop respecté par les adversaires. Je me rappelle qu’on arrivait sous les insultes des supporters, mais ça fait partie du foot… C’était un adversaire difficile les Girondins de Bordeaux. Le 19 avril 2009 reste dans ma tête. On allait à Bordeaux avec 60 points, Marseille était devant avec 61 et Bordeaux derrière avec 59. Ce match, on le perd 1-0 avec deux penaltys qui nous sont refusés. Le raté du 8ème titre de suite pour l’OL s’est joué là… »

Enfin, l’écrivain, auteur et homme de médias Eric Naulleau, qui était l’invité hors foot de l’émission « Luis Attaque » a conclu les échanges en prenant un peu de distance et en rendant hommage à Marius Trésor plutôt qu’à Lescure : « Je n’ai jamais eu la chance d’aller au stade Chaban-Delmas,
mais je suis tout ému d’entendre Marius Trésor car c’est une idole de
mon enfance
et de mon adolescence, une légende vivante, un des plus grands
défenseurs que la France ait connue. Donc grand respect et totale
admiration. »