Rohr : « J’ai fait mon devoir »

Parmi les nombreux invités estampillés « FCGB » à être intervenus hier sur RMC lors de l’après midi spéciale étant dédiée à « Adieu Lescure », l’ex joueur emblématique et entraîneur par intermittence des Girondins de Bordeaux, Gernot Rohr, était de la partie. Le nouveau sélectionneur du Burkina Faso se rappelle du bon temps qu’il a passé au Parc Lescure et partage son vécu unique, du terrain et du banc de touche.

« Le Bordeaux versus Juventus Turin de 1985, c’est un match inoubliable, même si malheureusement nous ne sommes pas allés en finale. J’avais personnellement eu l’honneur d’avoir le grand Michel Platini au marquage. Le retour s’était mieux passé que l’aller, où on perd 3-0. On jouait en zone, c’est pour ça qu’Aimé Jacquet m’a demandé de faire de l’individuel sur Platini. Il a juste manqué le 3ème but, car Jeannot Tigana a perdu un face à face avec le gardien à 2 minutes de la fin. Nous sommes donc tombés la tête haute, sur un très beau succès 2 buts à 0. (…) Le drame du Heysel lors de la finale Juve – Liverpool a fait oublier la déception. On s’est dit que si on avait été là ce soir on aurait pu perdre de la famille, des amis, des supporters. Finalement, il valait donc peut-être mieux ne pas y aller…

(…) Moi, vous savez, j’ai été élevé à l’allemande, j’étais un défenseur très rigoureux. Que ce soit Maradona, Susic, Platini, Gigi (Alain Giresse) ou un autre, j’ai appliqué ça à la lettre. J’ai fait mon devoir, accomplissant toujours ce qu’on me disait. Je n’avais même pas besoin du tunnel de Lescure pour mettre la pression, je n’aimais pas trop les paroles. J’agissais sur le gazon. Certains y allaient à l’intox, mais ce n’était pas ça ma méthode, je préférais conquérir le ballon sur le terrain, du mieux possible.

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(…) Je me souviendrai toute ma vie de mon premier match au Parc Lescure. Un Bordeaux – Saint-Étienne, le 3 août 1977. Ça se termine à 2-2 alors qu’on menait 2 à 0 contre les grands Verts de Rocheteau. Après, en 21 ans, dont 12 comme joueur, il y a beaucoup de souvenirs. Mais la fois où le stade a failli s’écrouler, un certain 19 mars 1996, contre le grand Milan AC, elle est à part. J’étais alors entraîneur. On a eu des frissons du début à la fin lors de ce quart de finale retour où on a fait ce que tout le monde sait…

(…) Lors de la finale de la Coupe UEFA, la dernière en matches aller-retour, je me souviens que Kostadinov, du Bayern Munich, nous blesse d’entrée Lizarazu, notre meilleur joueur. On a perdu 2-0 puis 3-1. Zizou et Duga étaient blessé et suspendu, l’équipe n’était pas au complet et nous n’avions pas la force. Ça reste quand même une finale de Coupe d’Europe, bien que perdue… On aurait forcément préféré gagner, mais Lescure reste un des seuls stades français à avoir accueilli une finale de Coupe d’Europe.

(…) Pour l’anecdote, je me rappelle qu’en fêtant le 3ème but contre Milan, j’ai perdu ma perle porte bonheur, que j’avais bien dans ma poche depuis un repas à base d’huitres sur le Bassin d’Arcachon lors du stage de préparation. Peut-être que si je l’avais gardée, nous aurions battu le Bayern en finale. Mais elle est très bien là où elle est après tout, sur la pelouse du Parc Lescure. Je ne veux pas la retrouver. »