Ménès : « Si mon boulot consistait uniquement à analyser les résultats, il y a longtemps que je ferais de la poterie »

Nouvelle indignation de Pierre Ménès sur son accrochage avec Willy Sagnol, cette fois dans sa chronique pour Direct Matin au sein d’un texte intitulé « Le Foot n’est pas « Charlie » » dénonçant la liberté d’expression pas assez présente selon lui en L1 et un repli du foot français dans ses propres difficultés.

« Les années passent, les saisons s’égrènent et le niveau baisse, inexorablement. On sait pourquoi. Écrasée par les règlements, les contraintes, les impôts, la Ligue 1 fait de son mieux. Ou plutôt elle pense le faire. Mais il y a aussi des choses importantes qui ne coûtent rien. Avoir du recul sur soi-même, un minimum d’ouverture d’esprit, et de l’humour. Ça fait une semaine que la France s’est mise debout pour défendre le droit de rire et de pouvoir user de la liberté d’expression. Mais pas dans le foot. Vous plaisantez ou quoi ? Le foot, c’est sérieux. Il faut être bien en place, se réjouir de ne pas avoir encaissé de but, sans jamais regretter de ne pas en avoir marqué un. Et surtout, surtout, on n’accepte aucune remarque.

La «passe d’arme» qui m’a opposé à Willy Sagnol (l’entraîneur des Girondins de Bordeaux), ce dimanche soir, sans avoir la moindre importance, est tellement symbolique. Après un nul blanc contre Monaco, en clôture de la 20e journée de championnat (0-0), au terme d’un match parfaitement sinistre, l’entraîneur des Girondins a peu goûté, c’est le moins que l’on puisse dire, l’expression de mon ennui. Parce que dans le monde idyllique de notre chère L1, tous les matchs sont intéressants, sérieux et tactiquement maîtrisés. Tout ça veut dire qu’on s’emmerde sec.

Mais chut, il ne faut pas le dire. Du coup, Sagnol a envoyé l’argument massue : les gens assis sur une chaise ne peuvent pas comprendre. Ben non, vous pensez, on est bien trop cons et pas assez compétents pour s’endormir devant un non-match. Et puis, parmi les gens qui sont assis sur une chaise, il n’y a pas que les méchants consultants.

Il y a aussi les partenaires, les spectateurs et les abonnés de chaînes à péage, auxquelles on réclame chaque fois plus d’argent pour toujours moins de spectacle. Ce droit à l’ennui, je le revendique. Et si mon boulot consistait uniquement à analyser les résultats, il y a longtemps que je ferais de la poterie. »