Planus : « Sagnol m’avait toujours dit, que s’il passait à trois défenseurs, il comptait sur moi »

Toujours dans les colonnes de Sud Ouest, le défenseur bordelais Marc Planus est revenu sur son retour en forme lors des deux derniers matches du FCGB et sur les problèmes qu’il a rencontré dans sa carrière par rapport à son style atypique.

« A discuter avec le coach, je m’étais fait une raison. En fait, j’avais peur de la monotonie et de tomber dans la routine en allant en déplacement sans jouer. Et puis je suis allé voir Willy Sagnol pour lui dire que je ne servais à rien. Il m’avait toujours confié qu’à un moment ou un autre, il aurait besoin de moi. Mais je ne pouvais pas être prêt si j’allais en déplacement et que je ne travaillais pas.

Il m’avait toujours dit, que s’il passait à trois défenseurs, il comptait sur moi. C’est vrai que c’est un système taillé pour moi. Je lui ai alors demandé de ne plus me prendre en déplacement parce que je perdais du temps. À 32 ans, il faut que je travaille. Eric Bédouet m’établit un programme avec un footing d’une heure, une heure et demie. Le capteur montre bien que le programme a été fait. Cette compréhension de l’entraîneur m’a sauvé. J’aurais pu tomber sur un bourricot qui m’aurait dit : « Je ne veux pas savoir, tu viens aux matches tu es payé pour cela, point barre… »

(…) J’ai toujours souffert d’idées préconçues. Quand Laurent Blanc est arrivé, je devais quitter le club. Mais il m’a dessiné l’ossature d’une équipe dont j’étais l’un des défenseurs centraux. Il me dit : « Je vais te mettre quelqu’un qui va compenser tes lacunes. » Et l’on termine deuxième du championnat avec la meilleure défense. Avec Carlos Henrique, chacun compensait bien les faiblesses de l’autre. Lui était moins expérimenté, moins technique mais il apportait les qualités athlétiques que je n’avais pas. Moi, je le conseillais sur le placement. J’ai toujours pensé qu’il fallait une complémentarité importante. Car les défenseurs qui sont grands, très bons de la tête, vont très vite, sont très bons techniquement et tactiquement, ils jouent au Barça !

(…) Lors de ma première année en pro, j’avais marqué Dagui Bakari à Lens. C’était une montagne (1,95 m) ! Lors de mon troisième match, je me suis coltiné Didier Drogba qui jouait à Guingamp. Mais pas de chance pour lui, sur le premier duel aérien, je lui ouvre le pied en retombant ! Il est donc sorti. Je me suis toujours dit que je ne devais pas lutter avec eux dans le domaine aérien car j’étais sûr de perdre. En Ligue des champions, j’ai affronté Iaquinta, puis le match d’après Luca Toni au Bayern. À un moment, on s’est retrouvé au duel à la tête. Il a vu que je n’y allais pas, parce que j’étais trop petit. J’ai anticipé son amorti de la poitrine pour lui faire le tour et lui prendre le ballon ! Je connais mes limites et je sais que dans certaines situations, ça ne sert à rien d’y aller.

J’essaie de compenser mes manques par un peu de vice et un peu d’expérience. Je cherche toujours un moyen de contrer ça, je ne baisse pas les bras. Mais certains entraîneurs vont vous dire « vas-y, vas au duel, vas le gêner ». Moi, j’ai une philosophie différente. Certains affirment parfois qu’un défenseur à terre est un joueur mort mais regardez Gaby Heinze : il faisait 170 tacles par match. Il a joué à MU, au Real, à l’OM et au PSG. Rien n’est figé. On peut se servir de qualités différentes. »