Gillot, son avenir, les jeunes, les entraînements

Alors que son départ des Girondins semble plus que probable, Francis Gillot, durant sa conférence de presse d’avant la réception de Guingamp (5-1), a ironisé sur son avenir après avoir commenté une question d’un journaliste sur la longévité moyenne des entraîneurs sur les bancs de touches. Le toujours coach des Girondins, sous contrat jusqu’en juin 2015, a aussi répondu sur sa faible utilisation des jeunes de CFA depuis qu’il entraîne le FCGB et sur les attentes qui étaient les siennes concernant l’investissement des joueurs aux entraînements durant les séances en semaine et les mises en place :

« Quoi ? Les coaches durent 24 mois en moyenne ? C’est longtemps vous trouvez ? Alors, si 24 mois c’est long, 36 c’est exceptionnel… Vous imaginez… J’espère que vous durez plus longtemps vous… Mais Vous me dites ça pourquoi ? Vous voulez me voir partir, c’est ça ? Ne vous inquiétez-pas, Soyez patients…  Cela peut être dans un mois comme dans douze ou treize…

(…) Les jeunes, il ne faut pas les vendre trop vite non plus. Il y a des clubs qui ont fait de la formation et qui sont en difficulté aujourd’hui, comme Sochaux par exemple, qui a eu des bons jeunes à un moment donné. Des Martin, Boudebouz ont dû être vendus assez tôt, trop tôt peut-être, par rapport aux exigences d’un championnat qui réclame de l’expérience. Mettre des jeunes, c’est bien, mais attention, il ne faut pas mettre trop de jeunes en même temps. Sochaux est peut-être en difficulté aujourd’hui car ils n’ont pas réussi à conserver leurs cadres de 22-23 ans, qui avaient débuté très jeunes, et que la relève n‘était pas prête.

Certains jeunes ici à Bordeaux ne sont pas prêts. Souvent, quand on a des intuitions ou des ressentis à l’entraînement, ça se vérifie en match. Un garçon qui n’est pas bon la semaine aux entraînements, souvent, quand on le met, il n’est pas bon en match. Des fois, on est obligé de les mettre mais bon… Certains jeunes ici ne sont pas prêts encore pour aller au haut niveau je trouve. Mais il faut être patient. J’ai notamment dit à Younès Kaabouni de l’être. J’ai eu le même cas à Sochaux avec Edouard Butin, qui voyait des joueurs plus jeunes que lui jouer en pro avant lui, qui travaillait aux entraînements mais qui n’y arrivait pas immédiatement pendant les matches quand il rentrait. Il ne faut pas cramer les jeunes. Il y en a beaucoup qui font jouer les jeunes très tôt, pendant un match ou deux, et après ces joueurs disparaissent complètement car ils ont fait des matchs catastrophiques et que l’entraîneur ne veut plus s’en servir.

Il y a eu Henri Saivet qui a été comme ça au début. On parle de Krychowiak, qui explose aujourd’hui… Mais à l’époque, si vous regardiez les matchs de préparation qu’il faisait, ce n’était pas du tout du même niveau qu’aujourd’hui. Comme dans tous les métiers, il y a un apprentissage à faire. J’avais encore un agent au téléphone hier qui me disait que les joueurs sont trop impatients de jouer, veulent aller trop vite,  et ne parlent même plus de titres ou de clubs, mais de gagner de l’argent le plus vite possible. Ce n’est pas forcément la bonne solution, même si c’est compliqué car chaque cas est individuel. Je ne suis pas dans l’optique de faire des cadeaux de fin de saison en faisant jouer des jeunes comme ça. Si le joueur est prêt, il joue, sinon il ne joue pas. Ce n’est pas rendre service à un joueur que de le faire jouer s’il n’est pas prêt. Ça peut le desservir. (…) Après, Sochaux et Bordeaux, ce n’est pas le même club. Il y a plus de possibilité de faire jouer les jeunes là-bas car il y avait moins de monde et moins de joueurs confirmés. Quand on a seulement 20 joueurs confirmés dans son effectif on est obligé de puiser chez les jeunes pour compléter. Ça peut avoir du bon comme du mauvais.

(…) Des joueurs d’entraînements et des joueurs de matches ça existe… Mais je n’aime pas ça. Certains se réservent à l’entrainement, n’aiment pas courir pendant les séances – alors que c’est là où nous, entraîneurs, on doit juger -, mais se donnent à fond en match… Parfois, il y en qui ne courent ni aux entraînements ni en matches et c’est moins marrant pour nous. On connait les joueurs. Pour moi, un joueur qui se défonce en match peut calculer un peu à l’entraînement. Mais ce n’est pas vraiment ma philosophie, car je pense que calculer ses efforts c’est ne pas progresser. Ils font 1h30 par jour, ils n’ont pas de raison de calculer et d’être fatigués… Sauf s’il faut se gérer à cause d’une blessure, ne pas se donner à fond aux entraînement c’est stagner. »