Le passage bordelais de Cantona vu par…

Il est sans doute l’un des footballeurs français les plus talentueux de la période moderne, mais aussi l’un des plus incompris (et incompréhensibles) de sa génération… A l’heure où le livre de Philippe Auclair, « Cantona, le rebelle qui voulut être roi », paru en 2009 en langue anglaise et véritable succès outre-Manche, sort dans sa version française, son auteur est en interview sur le site de So Foot.

Au milieu d’explications passionnantes sur la personnalité à part et l’histoire singulière du bonhomme, ici traité uniquement en tant que footballeur, le court passage bordelais de celui qui n’était pas encore le « King » est évoqué comme bien plus important qu’on ne pourrait le penser :

« On lui a planté un couteau dans le dos à Marseille, Auxerre est devenu trop petit pour lui, il a fait ses six mois à Bordeaux, il a vécu tout ce qui était possible à Montpellier…

On n’en parle jamais. Pourtant, statistiquement parlant, c’est un succès. J’ai lu des compte-rendus de matchs, visionnés des bouts de matchs, et je me suis rendu compte qu’il n’avait pas été si mauvais que ça, ce que m’ont confirmé certains de ses coéquipiers de l’époque. Par contre, il avait la tête dans le sac parce qu’il était séparé de sa famille. Il s’est retrouvé là-bas parce que Tapie voulait l’évacuer. Entre les deux hommes, c’est de la haine. À tel point que quand j’ai voulu reproduire certaines propos de Cantona sur Tapie, les avocats anglais ont flippé. Canto a été un des seuls à se dresser contre Tapie. Ce n’est pas un tricheur. Mais beaucoup de Marseillais ont oublié qu’il a eu de très bons moments à l’OM avant d’être mis à l’écart par Goethals. »

Eric Cantona, alors prêté par Marseille, a joué quelques mois à Bordeaux, lors de la saison 88/89, marquant 6 buts en 12 rencontres. Ironie du sort, le geste que l’on retient le plus de la courte période girondine de « Canto » est cette panenka manquée lors d’une séance de tirs aux buts perdue et d’une élimination à Beauvais, alors entraîné par feu Bruno Metsu, en Coupe de France. L’histoire est parfois cruelle…