Le vibrant hommage de Gaëtan Huard à Jean-Louis Triaud

Sur GOLD FM, Gaëtan Huard, ancien gardien de but des Girondins de Bordeaux et consultant régulier de la radio officielle du club, où il livre ses analyses, a rendu un hommage très appuyé à Jean-Louis Triaud, le désormais ancien président du FCGB.

« Le départ de Jean-Louis Triaud, c’est une vraie surprise, car on ne s’y attendait pas, surtout à cette période-là de la saison. A l’intersaison, encore, ça pouvait s’imaginer, mais là… C’est le président qui part, quand même…. Le but de ce timing est peut-être aussi de se donner un petit coup d’avance pour travailler rapidement sur tout ce qui est recrutement et avancement du club dans un projet futur. Un futur proche, on l’espère… En tout cas, je tire mon chapeau à Jean-Louis Triaud. C’est un homme que j’apprécie beaucoup, un homme de cœur, un vrai affectif, avec sa personnalité, ses manières. Mais quand on le connait, on voit qu’il cache beaucoup de timidité, aussi, quelque part, derrière la façade. J’aime beaucoup le personnage, et je lui dis ‘Bravo ! Félicitations !’. Il a fait 21 ans aux Girondins de Bordeaux, c’est énorme. Je ne l’ai pas connu quand j’étais joueur, mais seulement en tant que consultant,  car je suis parti jouer en Espagne au moment où lui arrivait, en 96. C’était le moment pour tous de partir, on avait fini un cycle, donc j’ai seulement discuté avec lui, et cela s’était très bien passé. Je l’aime beaucoup, je l’aimais déjà beaucoup et je l’aimerai toujours. Il le sait, je le lui dis dès que j’ai le plaisir de le croiser. Je n’ai jamais eu de problème avec lui, sur aucune interview. Il fait partie de la grande histoire des Girondins de Bordeaux. Jean-Louis en aura été un personnage marquant, et il aura grandement contribué au palmarès du club.

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(…) Claude Bez ? C’était un style totalement différent, une période des Girondins différente et une époque du football différente également. A l’époque de Claude Bez, Bordeaux était alors arrivé à son sommet, avec toute la France, voire l’Europe entière, qui enviait le fonctionnement de ce club-là. Après, tous les clubs se sont vite mis au diapason, à l’image de Bordeaux, en imitant certaines des méthodes du Bordeaux des années 80 de Bez et d’Aimé Jacquet. Bordeaux avait été le premier club avec tout le monde habillé pareil, des chaussettes jusqu’au costume, et jusqu’au survêtement. L’uniformité complète au niveau vestimentaire, elle est venue d’abord dans ce club, l’identité club. Je qu’ils ont inculqué cette idée à beaucoup par la suite. C’est aussi à partir de cela, et on ne pourra pas lui enlever non plus, à Claude Bez, qu’il a été le premier à négocier les droits télé en France. Il les a même presque mis en place ! Il y a donc eu de très belles choses aux Girondins depuis de très longues années, mais autant de la part de Claude Bez que de Jean-Louis Triaud. Jean-Louis, lui, il a toujours été un proche des joueurs, un affectif. Cela a peut-être été, par moments, un peu son point faible, parce que les joueurs ne font pas forcément de cadeaux… et puis les clubs non plus. Mais Jean-Louis a toujours essayé d’arranger les choses proprement, sur tous les dossiers, avec généralement beaucoup de succès, et ça c’était très rare. Avec lui, on avait parfois l’impression d’avoir un papa, une personne forte, qui est là pour vous protéger, et aussi capable de rugir parfois, et de s’énerver. Après, moi, je n’ai pas vraiment connu le cœur du vestiaire sous sa présidence, parce que je n’étais plus joueur. Mais on sait bien comment il est Jean-Louis. Je l’ai vu dire certaines choses à mon micro, sur des joueurs, et on sentait qu’il était très peiné, affecté, parce qu’il ne comprenait pas certaines choses dans leurs attitudes, qu’il aurait voulues meilleures. Mais il a bien su s’adapter avec le temps. Et aujourd’hui, je lui souhaite plein de bonnes choses pour la suite : déjà, d’être heureux, d’avoir la santé, et puis qu’on se revoit, aussi. Je crois qu’il a dit qu’il ferait au moins les déplacements européens, si Bordeaux revenait en Coupe d’Europe

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(…) Sa sortie finale avec le fumigène, au Virage Sud ? J’ai rigolé quand j’ai vu ça (rire) ! C’est formidable comme image ! Quand on se souvient de certaines des banderoles qu’on a vues dans le stade, lors de certaines années, et qu’aujourd’hui le public des supporters, sans avoir bêtement retourné sa veste, puisse être devenu solidaire et généreux dans ses encouragements et ses chants, c’est une réponse très positive aux 21 années passées par Jean-Louis Triaud à la tête du club… Je trouve ça fabuleux. On a voulu et on a essayé de s’en séparer, à un moment, parce qu’on n’était plus trop satisfait de lui, mais l’amour de ce président était bien là et il est revenu. Le respect de Jean-Louis a toujours été là, et on ne peut, encore une fois, que le féliciter de tout ce qu’il a donné aux Girondins de Bordeaux. Il y avait beaucoup d’émotion quand il est parti, ce weekend, on la voyait sur son visage. Jean-Louis, c’est un affectif, quelqu’un de sensible, et c’est justement là sa corde sensible, ce rapport humain… Ça lui a joué des tours, parce qu’il a fait confiance à beaucoup de joueurs, et il n’a pas toujours eu le retour escompté derrière. C’est très difficilement palpable dans le football ce genre de relation, cette qualité humaine. J’ai connu d’autres présidents de clubs, notamment à Paris, de très grands dirigeants dans leurs domaines, les médias, qui étaient aussi des affectifs, certains plus que d’autres ; mais moins que Jean-Louis quand même ; et à un moment les joueurs te punissent toujours… Ils te déçoivent car ils ne rendent pas ce que tu leur donnes. Mais je pense vraiment que Jean-Louis a toujours eu les mots justes avec ‘ses’ joueurs, et quand il dit les choses, il les fait derrière, il tient parole. Il a un côté papa, une âme grande, et ça lui a réussi d’avoir cette approche.

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(…) Du côté de l’actionnaire, d’M6, s’ils ont fait ce choix de remplacer Jean-Louis, et si Jean-Louis a décidé d’arrêter, c’est car il y avait une usure vers la fin. Il était critiqué, moins concerné, affecté par tout ce qu’il entendait, tout ce qui se disait sur lui, sur le club. A un moment donné, ça pèse, c’est normal. Et je pense que sa femme aussi a bien envie de l’avoir plus souvent avec elle. A un moment donné, il ne faut pas aller plus loin qu’on ne le peut, savoir s’arrêter plutôt que d’en faire trop. C’est comme pour un joueur, quand il persiste trop dans un club, toujours dans le même élan, à un moment donné, il fait partie des meubles et on ne l’écoute plus, on ne lui fait plus confiance, il y a plein de choses qui s’étiolent, et il ne faut pas en arriver là. Et tant mieux que Jean-Louis parte en évitant cette situation. Par la grande porte. »