Christophe Lepetit : « De nombreux investisseurs étrangers cherchent à racheter des clubs européens »

Interviewé longuement par le site EcoFoot, Christophe Lepetit, responsable des études du Centre de Droit et d’Économie du Sport de Limoges (et spécialiste des questions économiques liées au football), donne son expertise sur la question des nouveaux investisseurs, étrangers, qui affluent en Ligue 1 dernièrement (Nice, Marseille, Lyon, Paris, Monaco), mais aussi en L2 (Sochaux, Auxerre, Le Havre). Et bientôt à Bordeaux ?

« Cela s’explique tout simplement par une rencontre entre l’offre et la demande. D’un côté, de nombreux investisseurs étrangers cherchent actuellement à racheter des clubs européens, et ce pour différentes raisons. Et, parallèlement, l’offre est très abondante en France. La plupart des clubs français étaient en vente au cours des dernières années. Et certains le sont toujours actuellement. Cette offre abondante s’explique par l’évolution du secteur et la structure actionnariale des clubs français. Un grand nombre de clubs de L1 étaient traditionnellement détenus par de « petits » actionnaires, possédant une surface financière limitée. Ces derniers, qui ont pendant longtemps soutenu les déficits structurels (ce dont il faut leur rendre hommage), ne peuvent plus faire face aux investissements qui sont nécessaires pour poursuivre le développement de leur club. Face à la nécessité d’injecter toujours plus de moyens pour assurer un certain niveau de compétitivité, ils sont obligés de dénicher de nouveaux investisseurs. Il est vrai que certains gros actionnaires ont également profité de la période pour se désengager. C’est notamment le cas de la famille Louis-Dreyfus à l’OM, de Peugeot à Sochaux ou encore de Michel Seydoux à Lille. Différentes raisons expliquent ces désengagements.

(…) L’arrivée d’investisseurs étrangers prouve que nos clubs restent attractifs. C’est donc plutôt un élément positif. Après, il faudra attendre un peu pour pouvoir se prononcer réellement sur cette question. Il faut notamment espérer que tous ces nouveaux investisseurs vont bien s’inscrire dans la durée. Car, parfois, la gestion opérationnelle d’un club de football peut s’avérer plus compliqué que prévu ! Et cela peut provoquer quelques contrariétés par rapport au plan initial de développement. Le principal risque est l’arrêt soudain des investissements. Cela crée une situation catastrophique, très difficilement gérable sur le plan financier. C’est notamment la situation vécue par Grenoble il y a quelques années. Lens a également failli connaître un tel scénario catastrophe avant le sauvetage du club par le groupe Solferino et par l’Atletico de Madrid. »