Bernardoni : « J’assume totalement mon choix, j’ai énormément grandi en quelques mois à Bordeaux »

Encore sur les ondes de GOLD FM, Paul Bernardoni a longuement commenté, non sans une certaine philosophie, sa situation compliquée aux Girondins de Bordeaux. Le jeune portier, recruté à la fin du mercato de janvier dernier en provenance de Troyes, fait contre mauvaise fortune bon cœur et croit en son travail pour réussir à faire tourner la roue à l’avenir.

« Oui, c’est compliqué pour moi à Bordeaux, et je le reconnais sans problèmes. Dans une carrière de footballeur on passe tous par des moments plus compliqués, des périodes négatives, mais avec le travail, le fait de ne jamais rien lâcher, les choses finiront par aller mieux. Quand je suis arrivé, c’était délicat pour moi, je ne pouvais pas refuser. Déjà parce que c’est Bordeaux, c’est un grand club, une progression, et il y avait des paramètres extérieurs, vis-à-vis de l’ESTAC qui était en difficulté financière… Mais j’assume totalement ce choix, j’ai énormément grandi en 6 mois ici. Avec mes prestations qui n’étaient pas bonnes et mon vécu à Bordeaux je sens que j’ai mûri. J’ai dû faire un grand saut en quittant Troyes, même si j’avais déjà dû quitter ma famille très jeune, donc il y a eu du bon et du moins bon. Je ne dois pas avoir de regrets, continuer à travailler, et ça reviendra. Il n’y a aucune raison que ça ne revienne pas. Bien sûr, dans ces cas là, on peut se dire qu’on n’aurait pas dû venir, car à Troyes tout était bien pour moi et qu’à Bordeaux les choses se déroulent moins bien, mais après on réfléchit… On se dit que ça servira forcément et que c’est préférable de vivre ma situation à 19 ans qu’à 30. Depuis mon arrivée aux Girondins, je suis moins timide, plus ouvert, je n’hésite plus. Le fait, aussi, d’être seul chez soi, sans ses proches, c’est enrichissant pour grandir et être autonome. En tant qu’homme, et également en tant que joueur.

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(…) A Troyes, je pense avoir fait de très bons premiers mois en pro, mais l’équipe n’était pas bien du tout donc j’arrivais à me mettre en valeur plus facilement car j’avais beaucoup de travail. A Bordeaux, c’est plus difficile, c’est sûr… Il y a plus de pression, d’autant plus que j’ai joué tout de suite après mon arrivée, avec des objectifs élevés. A Troyes, on avait pour but de se maintenir, mais vu comment la saison se déroulait, au bout d’un moment, on voulait juste gagner des matches, alors qu’à Bordeaux la quête de résultats va au-delà. Sans banaliser le club de Troyes, c’est mieux pour vivre une grande carrière d’avoir cette pression.  Après, à Troyes, à Bordeaux, et comme partout ailleurs, il y a toujours une certaine pression de performance et de résultats, sinon on ne joue plus, mais c’est différent…

En arrivant à Bordeaux, je voulais être dans la continuité de mes débuts à Troyes, mais je me suis probablement plus concentré sur ce que les gens allaient pense que sur moi. Avec le recul, je me rends compte que j’aurais dû plus me concentrer sur mon intégration et mes performances, mais c’est un tout… Il y a aussi le fait que l’équipe n’allait pas bien. Et c’était pareil pour moi. Donc j’ai vite perdu ma place de titulaire ainsi que ma ligne directrice. Heureusement, l’équipe de France m’a permis d’avoir un autre objectif auquel me rattacher, avec le championnat d’Europe des U19 à préparer, dans l’idée de regagner une place aux Girondins, de pouvoir accompagner Jérôme Prior ; qui a fait des bons matches ; et qu’on progresse ensemble aux entraînement sur la fin de saison et à l’avenir. Quand j’ai rejoint le groupe France pour préparer l’Euro, j’ai été voir le coach, Ludovic Batelli, pour lui dire que Bordeaux c’était mis de côté et que j’étais concentré à fond sur l’équipe de France. Je crois qu’on l’a bien vu car j’ai fait un très bon championnat d’Europe je trouve. Je suis fier de ça, d’avoir su rebondir dans le contexte de la sélection, avec des joueurs de mon âge. Au final, je ne peux pas dire que ma première saison chez les professionnels a été ratée, car j’ai joué en étant très bon à Troyes et puis pas bon à Bordeaux et car on a gagné l’Euro. Ce titre a fait un bien fou. C’est énorme d’avoir un tel trophée. »