Cédric Carrasso – « Dans les périodes de rééducation, je me fais mal, vraiment mal »

Victime d’une rupture des ligaments croisés la saison dernière, Cédric Carrasso est revenu de loin. Relégué sur le banc lors des premières journées de championnat, l’emblématique gardien des Girondins est de nouveau sur le devant de la scène, enchaînant les prestations de haute volée. 
L’ancien marseillais est revenu sur cette période blanche qui a suivi sa blessure, dans les colonnes du journal L’Equipe. Le gardien girondin s’est imposé une remise en forme très stricte pour revenir à son meilleur niveau. Il raconte.
« La dernière image que vous avez de moi, c’était ma sortie contre Nantes. Je suis en train de pleurer sur le terrain. Et vous m’avez retrouvé 7 mois après, contre Nantes.  J’étais très, très, très triste pendant un quart d’heure. Je savais ce que c’était. (…)
A partir de ce moment-là, je suis capable de m’isoler avec mes proches. Car je m’enferme dans une bulle et je ne veux plus exister. Pendant une blessure, vous ne me verrez jamais à la télé. (..) Je me le dis à moi-même : Aujourd’hui, tu ne sers à rien, tu es un moins que rien dans ton métier, tu ne comptes plus. Mais que veux-tu faire de ça ? Veux-tu revenir et, ce jour-là, voir les gens dire ah oui quand même, ou te laisser aller ?’. Moi, j’ai toujours trouvé cette force d’aller au bout de moi-même. (…) Dans les périodes de rééducation, je me fais mal. Vraiment mal.« 
Cédric Carrasso détaille ensuite son programme de rééducation et comment « il se fait mal » pour revenir au top : 
« Je ne souhaite à personne de faire ce que je fais. En fin de rééducation, pendant dix jours, quand j’étais en capacité de le faire, en plus des séances, j’allais courir le matin et le soir, en ayant à côté de ça, une alimentation minimale. En plus du travail, je peux courir dix, douze kilomètres. (…) Je me forçais à ne pas manger, je me faisais mal. Deux carottes râpées sans rien et une galette de soja. La nuit, je me levais avec le mal de tête, la faim, mais je ne mangeais rien. (…) Pendant six mois, ça a été la guerre. »
Le gardien bordelais se souvient également de sa première blessure au genou, en 2003, lors d’un match de charité OM-France 98. Carrasso n’a rien oublié :
« On est venu me voir (après la blessure) et on m’a dit : ‘Tu viens de te blesser, tu en as pour six mois. Tu as vu physiquement où tu en es… ? Tu n’y arriveras jamais.’. Aujourd’hui, c’est une des personnes que je remercie le plus. Elle m’a fait découvrir une facette de moi que je ne me connaissais pas : ma capacité à aller loin dans la douleur. « 
Enfin, Cédric Carrasso explique comment il a eu le déclic pour perdre du poids après sa blessure de 2003 : 
« Du jour au lendemain. Je suis passé devant une pharmacie, ces trucs à la con de régime. Je me dis : « Bon allez, je vais essayer ». J’ai perdu 19 kgs en trois mois. En parallèle, je faisais ma rééducation et tous les après-midi j’allais nager jusqu’à trois kilomètres par jour, tous les jours. C’est là que j’ai appris à souffrir.«