Carrasso : « C’est essentiel pour un gardien de ne pas interférer dans la tactique de l’équipe »

Ayant déjà expliqué comment il vivait un avant-match, Cédric Carrasso, le dernier rempart des Marine et Blanc, a également révélé, sur les ondes de GOLD FM, la manière dont il sentait les choses pendant une rencontre.

« Là encore, c’est assez spécial. Je ne pense à rien en fait. Je ne sais pas comment l’expliquer. Je peux avoir tous les ennuis du monde autour de moi, dans ma vie personnelle ; et même à des périodes où j’ai eu soucis, même des gros ; j’arrivais à faire en sorte que, dès que j’étais sur le terrain, je jouais comme si de rien n’était, en étant à fond dans mon match. Plein de personnes me demandent comment je faisais pour ne pas être perturbé. Mais en fait, non je ne sais pas… Il se passe quelque chose, l’engouement, l’ambiance, le bruit, le terrain, le jeu ; je ne sais pas ; mais j’arrive à faire une abstraction totale de tout ce qui peut se passer autour, et ça c’est ce qui m’aide à continuer aujourd’hui. Tout comme le fait de ne plus trop me poser de questions après les matches, à réfléchir à n’en plus dormir, à refaire 10 fois une action dans sa tête. Je le faisais un peu au début, mais plus maintenant, avec l’expérience. J’ai surtout appris que le plus important c’est de rebondir sur le terrain, et surtout pendant le match où on a pu commettre une erreur. Après le match, c’est inutile. Tout le monde fait des erreurs, c’est comme ça, tant pis, il faut repartir. Quelqu’un comme Gianluigi Buffon, peut-être le plus grand de nous tous en ce moment, il a fait une erreur incompréhensible récemment, en sélection contre l’Espagne, mais cela n’enlève rien à sa carrière, à sa longévité. L’exemple, il est là.

(…) Durant une rencontre, c’est vrai que je vois tout au niveau du jeu, j’entends des choses… Mais je pense que le gardien a toujours une vision différente, et j’ai toujours eu pour habitude de me préserver et de rester à ma place. Si l’entraineur me pose une question, je vais lui donner mon point de vue, mais ce n’est pas moi qui vais lever le doigt dans un vestiaire pour dire ‘Je pense qu’il faudrait faire ça’. J’ai une humilité par rapport à mon poste, je sais qu’il y a des joueurs et un entraineur qui pensent à la tactique tous les jours, et même si des fois j’ai mon avis, je veux rester à ma place. Ça me permet de garder toute mon énergie pour être bon dans mon rôle, donc c’est super important. Je ne suis pas quelqu’un qui vais aller dire quelque chose dans le vestiaire sur la tactique, à part si on me pose la question. Après, sur un terrain, c’est différent, je vais toujours essayer d’apporter ce que je vois, mais là on est dans l’efficacité sur le moment. C’est essentiel de ne pas interférer dans la tactique de l’équipe. Il y a déjà trop d’éléments, je pense, à prendre en compte quand tu es gardien, même dans un match où tu n’as rien à faire entre guillemets, pour t’éparpiller. On le voit en équipe de France, quand Hugo (Lloris) n’a parfois qu’un ballon à sortir… Donc je pense que si tu te disperses, à l’arrivée, ça te retombera toujours dessus. Après, le commandement de sa défense, la discussion pendant le match, c’est autre chose. Quand je regroupe les joueurs, comme je l’ai fait à Lyon dernièrement, je parle sur le plan de l’état d’esprit, sur la façon d’appréhender la chose qui vient de se passer et le match en général. C’est différent. On est dans le rappel à l’ordre au niveau de l’état d’esprit, mais pas dans la tactique. »