La mort de Joachim Fernandez suscite toujours autant d’incompréhension

Neuf mois après sa disparition, à 43 ans, et en écho aux révélations de So Foot sur les conditions de sa fin de vie (il était devenu sans domicile fixe et a succombé au froid dans un entrepôt désaffecté de la région parisienne), L’Equipe a réalisé un reportage autour de la mort de Joachim Fernandez, ancien défenseur/milieu de terrain défensif des Girondins de Bordeaux.

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Si le témoignage fait par Gernot Rohr, son ex entraîneur au FCGB, reste secondaire, puisqu’il évoque seulement le joueur, l’analyse de Franck Fontan, ancien coéquipier au centre de formation du Haillan, permet déjà de cerner un peu plus la personnalité de Joachim Fernandez et de comprendre comment il s’est peu à peu isolé à l’issue d’une carrière stoppée tôt, à 29 ans, du fait d’échecs à l’étranger et de blessures ; mais aussi à cause de problèmes personnels dans sa vie privée.

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Rohr : « Lors de notre quart de finale retour de Coupe de l’UEFA 96, le Milan AC jetait tout devant pour tenter de revenir à 3/1 et d’arracher la qualification, avec de longs ballons. Son jeu aérien, dans cette situation où on subissait en fin de match, était précieux. J’ai dû sortir un joueur offensif (Didier Tholot, NDLR) pour mettre ce garçon et conserver le résultat, ce qu’il a très bien fait. C’était un grand gabarit, bon de la tête, avec une très bonne relance, une technique défensive parfaite. Il a été vraiment été, très tôt, très jeunes, dans les joueurs les plus doués du centre de formation. »

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Fontan : « Au début, quand il arrive du Sénégal au centre de formation, à 15 ans, il a fait partie de ce clan des nouveaux arrivants. On n’était pas nombreux à être encore scolarisé. Nous on était en seconde, au lycée Daguin, et lui il était encore en troisième, au collège Zola. Il y a alors une solidarité qui se crée entre les gars qui arrivent et qui lâchent leur famille, mais pour lui, pour Jok, c’est encore plus un choc culturel. (…) C’était un joueur super bien formé, le black longiligne, avec les mollets de pur-sang, déjà les tablettes bien dessinées, les épaules de basketteur. C’était un moteur pour le groupe car ; si nous on ne l’avait pas intégré ; lui avait cette longueur d’avance, il savait pourquoi il était là, il savait qu’il voulait déjà en faire son métier.

(…) Pour avoir été à Dakar, pour avoir vu sa famille, eux non plus ne savaient pas… (…) Sur la fin, je pense qu’il y a eu une grosse part d’esprit rasta chez lui. Je le sais. Vivre dans le dénuement le plus total, je pense que ça ne lui faisait clairement pas peur. Je comprends qu’à un moment il ait peut-être eu envie d’avoir (long silence)… de la vérité dans les relations qu’il avait avec les gens. »

Finalement, le récit le plus marquant est probablement celui de Dwen Correa, un ami, resté proche de Joachim le plus longtemps possible. Ils s’étaient rencontrés quand l’ex espoir sénégalais l’avait aidé à lancer une nouvelle marque d’habillement sportif, qui n’a malheureusement pas réussi à s’implanter.

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« Il vivait chez ma sœur. Elle était mariée, elle était avec son mari et ses enfants, et lui vivait avec eux. Ce n’était pas quelqu’un qui manquait d’argent, qui n’avait pas de quoi manger, pas de quoi s’habiller, se laver et tout. Il avait une chambre, une maison. Je ne sais pas pourquoi il est parti. Ce n’est même pas que je ne l’ai pas vu, c’est les gens qui me l’ont dit. Ils m’ont dit que Joachim passait ses journées dehors avec des personnes en marge de la société. Donc j’ai essayé de le joindre et comme je n’arrivais pas à l’appeler j’ai été le voir directement, je l’ai cherché. Et quand je l’ai trouvé je lui ai dit ‘Tu fais quoi ? Je comprends pas’. Il me répond ‘Non, t’inquiète pas, c’est rien, c’est juste comme ça’. Il essayait de me rassurer. »

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