« Ne pas confondre la production défensive, qui n’a pas marché côté girondin, avec la production offensive, où là, par contre, Paris a été injouable »

En complément de son analyse détaillée sur le site Chroniques Tactiques, Florent Toniutti est revenu, pour GOLD FM, sur le match Paris S-G/Bordeaux (8ème journée de Ligue 1), perdu 2 à 0 la semaine dernière par les Girondins.

« La défaite ne vient pas forcément du système utilisé, car les problèmes vus contre Paris avaient déjà été vus, malgré la victoire, lors du match à Lyon. Le fait de jouer avec Toulalan en milieu défensif entre les lignes plutôt que d’avoir 2 attaquants a quand même causé une chose importante : la liberté de Thiago Motta pendant tout le début du match, ce qui a mis Paris sur des bons rails. Mais, au-delà de ça, même quand on a changé de système pour revenir en 4/2/3/1, vers le milieu de la première période, les problèmes n’ont pas été réglés, donc le système ne justifie pas la défaite, à lui seul.

L’organisation mise en place par Bordeaux depuis le début de la saison, c’est que les 4 milieux de terrain, dans un 4/4/2 comme dans le 4/1/4/1 mis à Paris, sont très orientés sur leur adversaire direct. En phase défensive, les deux ailiers surveillent beaucoup la position des latéraux, et les axiaux suivent les relayeurs en face. En l’occurrence, à Paris, Plasil devait sortir sur Verratti, tout en compensant au milieu car Sertic sortait, lui, sur Matuidi. Ces deux pistons, autour de Toulalan, devaient sortir puis se replacer et ainsi de suite. Voilà ce qui a fait dire : ‘Ils sont trop loin, ils sont en retard, ils sont pas dans le duel !’. Mais, tactiquement, ils ne pouvaient pas, à la fois, réduire les espaces autour de Toulalan et être dans le duel. Bordeaux n’a pas su régler ce souci tactique dans le match. Comme je l’ai dit, on avait déjà vu cela à Lyon, sauf que l’équipe lyonnaise n’avait pas eu la justesse technique pour le sanctionner.

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(…) La défaite est logiquement, surtout tactiquement. Il n’y a pas grand-chose à redire et ça ne doit surtout pas nous inciter à tout remettre en cause. Il y a des enseignements à tirer. Mais il ne faut pas confondre la production défensive, qui n’a pas marché côté girondin, avec la production offensive, où là, par contre, Paris a été injouable sur cette rencontre. Enfin, sur la première période. N’importe quelle autre équipe de Ligue 1 n’aurait fait mieux avec le ballon que Bordeaux, je peux quasiment le certifier. Paris a mis tellement d’impact et d’agressivité pour récupérer très vite la balle que, peu importe le système ou les joueurs, Bordeaux allait exploser tôt ou tard. Sans la ballon, Paris a mis vraiment beaucoup de pression et était injouable. A l’inverse, si Bordeaux avait été mieux organisé défensivement, vu que Paris jouait assez lentement avec le ballon, un peu à la Laurent Blanc, il y avait moyen je pense d’être plus efficace. Il aurait peut-être fallu moins s’orienter vers les adversaires et plus viser la réduction des espaces.

(…) Ménez ? Le problème n’est pas le système ou qu’il ait été seul en pointe, c’est surtout qu’il n’a pas fait plus d’efforts que d’habitude. Jusqu’ici, avec Rolan ou Laborde, dans une attaque à 2, c’est l’autre qui faisait les efforts défensifs, en pressant par exemple le récupérateur adverse ou en venant aider les milieux plus bas. Or, en jouant tout seul, Ménez doit faire le travail que faisait son coéquipier, en l’occurence s’occuper de Thiago Motta, et il ne l’a pas du tout fait, surtout sur le fameux premier quart d’heure. Mais on sait que les efforts défensifs, il ne les a jamais faits de sa carrière. Il faudrait un gros travail individuel pour cela. Avec le passage, ensuite, au 4/2/31, c’est Plasil qui a essayé de le faire… Donc on peut critiquer l’investissement défensif de Ménez, sur ce match. Après offensivement, c’était tellement dur pour Bordeaux de ressortir la balle face au pressing adverse, qu’il n’est pas à juger sur cet aspect.

(…) Au final, je comprends quand même pourquoi Gourvennec a choisi le passage au 4/1/4/1. Il avait peur que son milieu, très orienté sur les joueurs adverses, latéraux et relayeurs, se fasse ouvrir par des passes de Silva, Motta, Marquinhos ou Verratti… Donc il a mis Toulalan entre les 2 lignes de 4 pour tenter de limiter les dégâts. Mais il y a eu le but encaissé très vite, et une fois que l’équipe est passée en 4/2/3/1, vers la demi-heure de jeu, c’était trop tard je pense. Mentalement, en étant mené et avec un adversaire qui, contrairement à Lyon, ne vous laisse pas respirer et revenir dans le jeu, c’est très dur de ne pas sombrer. Le match était fini après le 2ème but de Cavani, il ne s’est ensuite quasiment rien passé sur la dernière heure. La tactique se comprenait, mais l’exécution n’a pas été bonne et le score a vite été fait. Il y a un problème de distance entre les lignes depuis le début de saison, avec une défense qui joue trop bas par rapport à un milieu orienté vers le pressing. Mettre Toulalan au milieu pouvait donc se comprendre, l’idée de base n’était pas mauvaise… »