Gautreau : « Si le bon choix sportif fait avec Gourvennec peut amener plus derrière… »

Au fil des semaines, Florent Gautreau ne cesse d’encenser Jocelyn Gourvennec, qu’il a découvert, suivi et apprécié à Guingamp et dont il est convaincu qu’il peut remettre Bordeaux sur le devant de la scène nationale… et même plus, en étant, à terme, la source d’un FCGB plus vendable dans lequel il continuerait de s’inscrire avec des nouveaux investisseurs, plus ambitieux qu’M6. C’est là l’avis qu’il a longuement détaillé, hier soir dans « L’After Foot » d’RMC, avant d’en parler avec… votre serviteur himself.

« Je voulais parler de Bordeaux et de mon chouchou, Gourvennec, parce que, évidemment, ils ont gagné à Lyon et font un bon début de saison, mais je voulais plus généralement reparler de Gourvennec et élargir sur le club de Bordeaux. Car ma thèse c’est de dire que les dirigeants bordelais ont fait un bon choix, enfin, avec cet entraîneur, mais qu’il faudrait maintenant qu’ils laissent la place à d’autres, ce qu’ils souhaitent eux-mêmes. Je le dis surtout pour M6, les patrons financiers, plus que pour Triaud, qui lui est habitué et a l’air de bien se sentir, mais à un moment donné il faut peut-être changer de stratégie et je me demande si  le fait d’avoir une avancée sportive avec Gourvennec ne va pas permettre de faire un changement plus global. Déjà, le changement de mettre Gourvennec il est bien car c’est un coach que j’aime beaucoup, pour des raisons footballistiques et également extra footballistiques. Il a énormément de recul, c’est un des rares, comme je l’ai déjà dit, qui ose parler en conférence de presse de ce qui se passe ailleurs que dans le foot, qui a conscience de ce qu’est le foot par rapport au reste. C’est quelqu’un d’ouvert au monde, et ce n’est pas si courant que ça.

Aussi, en termes de foot, ce qu’il a construit avec Guingamp, en les menant jusqu’en Europa League, où ils avaient atteint les seizièmes de finale,  en mettant ce club sur la carte du foot européen, c’est typiquement ce que doit faire, je le crois profondément, un entraîneur. Vous savez, il y a une thèse qui a circulé, parfois, disant qu’avec une bonne autogestion entre les joueurs ça pouvait aller,  que l’entraîneur ne servait pas forcément à grand-chose… Mais l’entraîneur c’est, en plus de celui qui fait progresser les joueurs individuellement et collectivement, celui qui fait passer les messages. Dans la tactique, l’attitude, le discours, il leur a fait passer, à l’époque, à Guingamp, l’idée que l’Europa League c’était jouable, qu’il fallait la jouer car c’était important. Et on a eu un spectacle formidable.

Avec Bordeaux, Gourvennec continue de faire ce qu’il sait faire, bien qu’il ait récupéré un effectif pléthorique, dont Sagnol, avant lui, n’avait pas su s’occuper car il n’avait pas fait les bons choix. Sagnol n’avait aucune stabilité tactique, lui en a une. Sur les jeunes, il saura prendre les bons, car il a l’œil, il sait voir. A Guingamp, il a déjà dû rebâtir des équipes entières après avoir perdu les meilleurs joueurs, et même en étant mal classé, même dernier, il gardait un sang-froid total à tel point qu’à aucun moment on n’a jamais été inquiet pour l’EAG. Il fait partie de ces entraîneurs qui prônent la sortie par le jeu, par le haut, et qui ne dévient pas de cette idée. A Bordeaux, il y a eu des recrutements bien vus, comme Toulalan, bien qu’on ne l’ait pas encore trop vu. Sur le cas Ménez, il est typiquement le genre de coach à pouvoir le gérer, sauf si Ménez pète complètement les plombs… Mais au niveau technique il saura comment lui dire d’épurer son jeu pour réussir, comme ça semble se faire en ce moment,  pour faire quelque chose de bien au final. Bref, il a la mesure pour amener tout ça.

Donc, si j’élargis sur l’avenir, je me dis que, comme l’Allemagne l’a fait dans son foot, en partant du sportif pour révolutionner son système, Bordeaux peut développer sa marque ainsi. Car, à l’instar de Marseille, Paris ou Nice, cette ville est une marque, et on ne comprend pas pourquoi il n’y a pas d’investisseurs vu que Bordeaux a une renommée internationale, par le vin, et peut se situer facilement sur une carte… Il faut donc passer à autre chose maintenant, et le club souhaite qu’il y ait des investisseurs. Je me demande même si ce n’est pas le meilleur cheminement, à l’inverse de ce qui a été fait ailleurs et notamment à Marseille, de commencer par faire du jeu pour remplir son stade et donner du spectacle afin d’intéresser les investisseurs. Si on explique aux investisseurs qu’il y a un bon coach, des jeunes, un nouveau stade qui est rempli, ça vaudra sans doute plus le coup pour eux d’investir, surtout quand on sait ce que représente le nom de Bordeaux. Bref, si le bon choix sportif fait avec Gourvennec peut amener plus derrière, un changement d’histoire, pour ramener Bordeaux en haut, car c’est un club important du foot français, dans une ville importante en France, il faut y réfléchir. »