Gourvennec raconte comment il est devenu coach et évoque ses objectifs sur un banc

Invité de GOLD FM lundi, le nouveau coach des Marine et Blanc, Jocelyn Gourvennec, interrogé pendant une heure par Alain Bauderon, a d’abord commencé par expliquer longuement la naissance et le développement de sa vocation de coach :

« Devenir entraîneur, c’est quelque chose que j’ai toujours voulu faire. Quand j’ai démarré ma carrière de joueur, j’étais aussi étudiant en STAPS, à Rennes. Je suis allé jusqu’à la Maitrise mais j’ai vite arrêté après car je venais de signer à Nantes, avec la Ligue des Champions à jouer, donc ce n’était plus possible de tout concilier. Alors j’ai tout mis sur le foot, mais je savais au fond de moi qu’après ma carrière de joueur, et seulement après, j’allais vouloir entraîner. Ça a toujours été ancré en moi, je suis fils d’enseignants, mes deux parents étaient enseignants en lycée, donc disons qu’il y a certainement un virus de la pédagogie, de l’envie de transmettre. Bon, je ne suis pas devenu prof comme eux, car ma spécialité c’était le foot, où j’ai fait une carrière pro longue de 18 ans, mais j’ai énormément observé et appris, faisant que c’était naturel pour moi de continuer sur une carrière d’entraîneur. Alors j’ai repris ma formation après ma carrière de joueur pour prendre en charge une équipe.

Je voulais prendre le temps d’apprendre mon métier, même si j’avais des choses claires en tête sur ce que je voulais mettre en place et de quelle manière. Simplement, j’ai choisi d’apprendre sans passer par les jeunes. J’avais envie de gérer directement des adultes, de prendre un club, de gérer un groupe. C’est pour cela que j’ai commencé en amateurs. Pour finir ma formation à la fédé et passer les diplômes, j’avais besoin d’une première expérience, de mettre en pratique ce que j’apprenais, de gérer un groupe pour m’exercer. Cela s’est fait en 6ème division, en DH, à La Roche-sur-Yon, où le président m’a sollicité pour me proposer le poste dans ce très bon club amateur, bien organisé, notamment dans la formation des jeunes. Pendant 2 ans, j’ai pu m’aguerrir, toucher tous les secteurs d’activité de la vie d’un club et ça m’a énormément plu, cette gestion sportive d’un groupe, à préparer les matches, et cette gestion humaine aussi, ce rapport aux bénévoles, aux salariés, aux éducateurs. Je crois avoir appris énormément de choses en faisant ce choix, avant que Mr Le Graët ne vienne me proposer le poste à Guingamp, dont il était président, et qui descendait de Ligue 2 en National.

Le club voulait, pour la première fois de son histoire, prendre un entraîneur débutant. Cela a été une bonne étape pour moi, afin de franchir le cap et d’entraîner des professionnels. Voilà comment j’ai gravi les échelons. Mais s’il avait fallu rester à La Roche-sur-Yon j’y serai resté sans souci, j’étais très heureux là-bas. Mais la logique voulait qu’après avoir eu tous mes diplômes, je réponde à une sollicitation, de Guingamp ou d’ailleurs, pour aller plus haut. A l’EAG, on est passé du National à la Coupe d’Europe en 6 ans. Cela donne une impression de vitesse depuis l’extérieur, mais moi, de l’intérieur, je sens qu’on a construit les choses et j’ai le sentiment d’avoir avancé étape par étape. Quand on construit dans le temps, on se sent forcément plus solide. Désormais, je suis à Bordeaux, c’était aussi dans la logique de ma progression car quand on est un vrai compétiteur on veut toujours aller le plus haut possible.

Comme joueur, j’ai connu le haut niveau et la Ligue des Champions, en étant dans des grands clubs français comme Nantes et Marseille. J’ai aussi connu la Coupe d’Europe à Rennes ou à Montpellier. Donc maintenant, en tant qu’entraineur, j’ai envie de revivre avec un autre costume ce que j’ai connu quand j’étais joueur. C’est le niveau supérieur. Jouer l’Europa Ligue c’est déjà quelque chose d’important, c’est par ces compétitions que vous progressez. J’espère avoir la chance de coacher en Champion’s League un jour. C’est une motivation, un objectif, et pour essayer de l’atteindre c’était dans la logique des choses d’aller dans un club plus huppé, plus solide, de plus grande envergure que Guingamp. Ça s’est super bien passé à Guingamp, où je pense avoir apporté ce que je devais apporter, mais j’avais le sentiment qu’il fallait changer, alors que ça se passait très bien, et que c’était mieux de partir en bons termes avec tout le monde, pour aller vers un challenge supérieur. »